AfricaLog.com – Le portail de l’actualité sur l’Afrique et le Monde
home

William Fitzgerald : « J’ai dit à Moussa Dadis Camara qu’il est le premier responsable des massacres »

Nov 10, 2009

M. William Fitzgerald, le sous-secrétaire d’État américain aux affaires africaines, avait été dépêché en Guinée par l’administration Obama peu après les événements du 28 Septembre pour rencontrer le capitaine Moussa Dadis Camara, le chef de la junte au pouvoir à Conakry. Il a réitérét lors d’une conférence de presse à Washington que la secrétaire d’État, Mme Hillary Clinton et le peuple américain étaient horrifiés. Dans cette interview accordée à AfricaLog, M. Fitzgerald fait le point sur la position des Etats-Unis dans cette crise.

AfricaLog: Le DĂ©partement d'Etat a imposĂ© des sanctions et des restrictions de voyage aux États–Unis Ă  certains membres de la junte militaire guinĂ©enne. Comment le numĂ©ro deux de la junte, le GĂ©nĂ©ral Mamandouba Toto Camara est-il entrĂ© aux États-Unis? Avez-vous pris l’initiative d’informer le FBI ou chercher Ă  savoir pourquoi il Ă©tait ici? 

William Fitzgerald : En parlant de sa prĂ©sence aux Etats-Unis, je n’étais pas informĂ©. Comme je l’ai dit il y a quelques temps, Toto Camara est bien respectĂ©, il a servi comme attachĂ© militaire de la GuinĂ©e aux Etats-Unis pendant un certain nombre d'annĂ©es et il est bien connu aux États-Unis. Il reprĂ©sente la nouvelle gĂ©nĂ©ration de jeunes officiers ayant du soutien au sein de l'armĂ©e. Il est possible que Toto Camara joue un rĂ´le pour pacifier l’armĂ©e. 

AfricaLog: Vous avez dit que vous privilĂ©giez la diplomatie. Ă€ la fin qu’est ce que la communautĂ© internationale peut faire si Moussa Dadis Camara dĂ©cide de rester au pouvoir?

William Fitzgerald : Comme je l'ai dĂ©jĂ  dit, nous travaillons de très près avec la CommunautĂ© Ă©conomique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui est la mieux placĂ©e pour aider les GuinĂ©ens et qui pourra dĂ©cider si Camara devrait dĂ©missionner pour qu’il y ait la paix. Aussi, il est très clair que personne ne contrĂ´le les militaires en GuinĂ©e et il est Ă©vident qu’il faut un leader puissant qui pourra contrĂ´ler les forces armĂ©es et travailler avec le gouvernement de transition civile, afin que les militaires restent dans les casernes. 

AfricaLog: Le gĂ©nocide rwandais s’est produit pendant l’administration de Clinton ; un dĂ©mocrate. Charles Taylor a Ă©tĂ© chassĂ© du pouvoir par le rĂ©publicain George Bush pour sauver le LibĂ©ria du chaos. Qu’est ce que les observateurs peuvent attendre de l’administration Obama en GuinĂ©e ? 

William Fitzgerald : Bien, les États-Unis ne peuvent pas agir unilatĂ©ralement, ce que les Etats-Unis essaient de faire s’est d'assurer la coordination avec nos partenaires afin de maintenir la pression. La CEDEAO a nommĂ© un mĂ©diateur en la personne du PrĂ©sident CompaorĂ©, nous soutenons les efforts de CompaorĂ© qui tente une mĂ©diation, en cette pĂ©riode difficile. Il a Ă©tĂ© très actif et l'Union africaine a rĂ©cemment adoptĂ© des sanctions contre la junte. C’est une Ă©tape majeure. Le dĂ©partement d'Etat amĂ©ricain en coordination avec le DĂ©partement du TrĂ©sor envisagent des sanctions financières ou autres pour maintenir la pression. Les Etats-Unis veulent que Camara tienne ses promesses et facilite une transition qui aboutir a des Ă©lections ouvertes et transparentes comme il avait promis. 

AfricaLog: Après le massacre du 28 septembre il y a eu d’autres meurtres et des arrestations. Combien de GuinĂ©ens doivent mourir et combien de femmes doivent ĂŞtre violĂ©es avant l'intervention de la communautĂ© internationale? 

William Fitzgerald : Nous dĂ©couvrons que le nombre de femmes agressĂ©es, que nous avions d'abord cru Ă  30 Ă©tait en fait supĂ©rieur Ă  50. Ce que nous entendons actuellement, qui est très troublant, c'est que la majoritĂ© des femmes ont Ă©tĂ© emmenĂ©es dans des maisons privĂ©es, et dans les camps militaires et ont Ă©tĂ© maltraitĂ© pendant plusieurs jours et un grand nombre sont mortes de traumatisme.

Je pense que la communauté internationale a pris conscience des événements du 28 septembre, et la transition a perdu son objectif et on se demande qui est responsable de l'armée. D'habitude, quand il y a un coup d'Etat dans un pays nous coupons les ponds et limitons les contacts avec ce pays. Après les événements du 28 Septembre, le Département d'Etat m'a envoyé parler face à face avec Camara pour expliquer la politique américaine, comment nous sommes écœurés par les évènements et je lui ai dit qu’il est le premier responsable des massacres.

Nous avons soutenu et coordonnĂ© Ă©troitement avec la CEDEAO Ă  Abuja, travaillĂ© de près avec le comitĂ© de sĂ©curitĂ© et de paix de l'Union africaine, nous sommes très heureux. L’Organisation des Nations Unies travaillent avec la CEDEAO et doivent mettre en place une commission d'enquĂŞte. Nous devons garantir que le travail de la commission d’enquĂŞte commence des que possible. 


Propos recueillis par Williams Ekanem

Liens Sponsorisés