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Guinée : Avec ou sans Camara, rien ne va

Jan 01, 2010

 Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Cela fait un peu plus d'un an que les militaires ont pris le pouvoir avec à leur tête Dadis Camara. Ce dernier, victime d'un attentat début décembre, est hospitalisé au Maroc. Depuis, l'incertitude règne et plonge le pays dans une situation de plus en plus compliquée.

Il était dit que Dadis Camara ne fêterait pas son premier anniversaire à la tête de la Guinée. Lointain déjà, le soir du 23 décembre 2008, où les Guinéens et le monde entier découvraient ce capitaine de l’armée autoproclamé président faisant sa première déclaration sur la RTG, la télévision guinéenne. Depuis le 3 décembre 2009, le chef du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), la junte au pouvoir, est perclus à l’hôpital Mohamed V de Rabat, recevant des soins, car victime d’une balle tirée par son aide de camp.

Depuis, tout est suspendu à la santé du volubile Dadis, même si, avec l’intérimaire, Sékouba Konaté, d’autres perspectives se dégagent. C’est que la Guinée a touché le fond avec les massacres et les viols à grande échelle du 28 septembre 2009 ! Mandaté par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Blaise Compaoré, le chef de l’Etat burkinabè, est à sa énième médiation. Après avoir atterri à Conakry le 5 octobre 2009, il avait, les jours qui ont suivi, entamé des pourparlers qui ont regroupé le CNDD et les Forces vives guinéennes.

Entre le 4 et le 24 novembre 2009, de véritables chassés- croisés diplomatiques ont eu lieu à Ouagadougou et se sont soldés par un blocage. En effet, le facilitateur avait proposé un plan de sortie de crise, que les Forces vives ont rejeté, et il s’en était fallu de peu que le médiateur soit récusé : le nœud gordien à trancher était le maintien de la candidature de Dadis à la présidentielle. Blaise Compaoré proposait que non seulement Dadis conduise cette transition, mais aussi qu’il puisse être candidat.

Les mandataires du Forum des forces vives guinéennes exigeaient ce préalable, et ceux du CNDD répétaient invariablement que "ce ne sont pas les Forces vives qui ont installé Dadis, ce n’est pas à eux de demander son départ". Puis, le 3 décembre 2009, survint l’attentat contre le président guinéen au camp militaire Kundara. Pain bénit pour le facilitateur ou complication ? Depuis lors, à coups de guerre de communiqués, on spécule sur la santé du pensionnaire de l’hôpital Mohamed V de Rabat. Reviendra-t-il prendre sa chose ? Sera-t-il en état de gouverner ? Quand est-ce qu’il reviendra ? Nul ne le sait, et peut-être qu’à l’heure où cet article sera lu, les choses se seront éclaircies à ce sujet.

Du reste, la gestion de la crise sans Dadis a plané sur la 9e session du Groupe international de contact sur la Guinée (GIC-G), qui s’est tenue le 13 décembre 2009 à Ouagadougou, sous l’égide de la CEDEAO et de l’Union africaine. Fallait-il attendre le retour du patron de la junte pour reprendre les pourparlers ou les poursuivre ? En tout cas, ce fut une réunion au cours de laquelle le président de la commission de la CEDEAO, Mohamed Ibn Chambas, a été très acerbe envers la junte. Il l’a mise devant ses prérogatives régaliennes en matière de sécurité, et lui a signifié que les fautifs en répondraient devant les juridictions compétentes.

En rencontrant le facilitateur ce jour-là, les experts avaient proposé aussi leur vision pour sortir ce pays de la tourmente. Y aura-t-il des élections ? Sans la junte ? Quand ? Grands points d’interrogation. En tout cas, on aura constaté que, le 23 décembre dernier à l’An I du CNDD, le ministre de la Défense et intérimaire de Dadis a commémoré l’évènement dans le recueillement et dans les ...casernes, notamment au camp Alpha-Yaya, le siège de la junte. Tout en se disant partisan d’une élection rapide, Sékouba Konaté dit le "Tigre" ne s’est pas départi de la position officielle qui veut qu’on attende le retour de Dadis pour en fixer définitivement les échéances.

En attendant, Bernard Kouchner donne de la voix et souhaite que l’illustre blessé reste au Maroc, car son retour pourrait "déclencher une guerre civile". Fadaises, réplique-t-on du côté de Conakry. Pire, on reparle de la Cour pénale internationale à propos de Dadis. 2010 constitue toujours une équation pour la Guinée. - L'Observateur Paalga 

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