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Jean-Marie Doré: où sont passés les Guinéens de l’étranger?

Feb 18, 2010

D’une dĂ©claration du nouveau premier Ministre GuinĂ©en, M. Jean-Marie DorĂ©, l’on a cru comprendre que le temps Ă©tait venu pour crĂ©er une atmosphère oĂą le terme “ unitĂ© nationale” cessait d’être un mot vulgaire, prĂ©sent dans le vocable politique pour user et utiliser une catĂ©gorie de GuinĂ©ens Ă   volontĂ© et par circonstance, puis la rejeter quand le besoin est assouvi. En d’autres termes, quand il y a Ă  attirer l’attention de la communautĂ© internationale sur un fait politique Ă  l’avantage du combat…; quand il y a Ă  mettre les ressources financières ensemble pour une cause politique quelle qu’elle soit..; quand il y a Ă  crier fort pour l’unitĂ© contre une exaction du pouvoir..., les GuinĂ©ens de l’étranger existent en tant qu’entitĂ© nationale Ă©gale en droit et en devoir avec les frères et sĹ“urs de l’intĂ©rieur.

Apres cette phase, attention…!!!, il y a lieu de  mettre en place une nouvelle “constitution” qu’il faut dĂ©fendre avec la plus grande vĂ©hĂ©mence: ne sont Ă  prĂ©sent GuinĂ©ens de souche que ceux qui y sont nĂ©s, y ont grandi et doivent y mourir... Pour ceux qui sont nĂ©s en GuinĂ©e, y ont grandi, mais sont sortis par après, Bonnet blanc et blanc Bonnet avec les GuinĂ©ens nĂ©s dehors. Plus d’importance.  La formule sous cette table transparente d’en face est connue et sans Ă©quivoque: le droit, et tous les droits appartiennent aux GuinĂ©ens de l’intĂ©rieur. Les devoirs et tous les devoirs appartiennent aux deux catĂ©gories de GuinĂ©ens. Point et tiret.  De lĂ , il devient encore plus apparent que la question d’unitĂ© nationale est viciĂ©e, par rapport au traitement de la nouvelle classe dirigeante dont l’approche en la matière semble plus riche en thĂ©orie qu’en pratique.

 C’est pourquoi, après trois semaines de “consultation”, le PM exhibe son identitĂ© qui n’est point diffĂ©rente de la plupart de ses devanciers.  Or, une nation, pour rĂ©ussir doit se fonder sur des notions essentielles comme l’égalitĂ© de traitement des nationaux, oĂą  qu’ils se trouvent, car la dĂ©fense de l’intĂ©rĂŞt et de l’intĂ©gritĂ© territoriale, incombe Ă  tous les nationaux dignes de ce nom. 

 Il est de ce point de vue surprenant de voir un ancien fonctionnaire international, ayant passĂ© un temps plus que respectable de sa vie Ă  l’étranger, perdre le combat de l’insertion et du traitement Ă©quitable de ses “compatriotes”, comparĂ© Ă  un GĂ©nĂ©ral paysan qui, malgrĂ© ses tares de gestion des hommes et du matĂ©riel a pu aligner, Ă  un certain moment, une Ă©quipe qui a pu contenir des personnes d’expĂ©rience et de volontĂ© comme Jean Claude Diallo (P.A.S.A), Kerfala YansanĂ©, Bana SidibĂ©, Sidya TourĂ©, Facinet Fofana dont pour l’essentiel le souvenir donne encore l’envie du jugement et de la gestion des hommes et de la chose publique.

 A entendre parler des statistiques sur les questions migratoires GuinĂ©ennes  dont les chiffres exacts n’existent que dans l’imagination, le bon sens au moins situerait le taux de la diaspora au tiers, au quart ou en se distançant de l’exactitude, au cinquième de l’effectif total des GuinĂ©ens.  Ce dernier chiffre, vraisemblablement, comporterait une large manĹ“uvre d’erreur. Rien que sur cette base, pour le pouvoir public, en tant que reprĂ©sentation de tous les GuinĂ©ens, l’on doit ĂŞtre tentĂ© de crĂ©er un semblant d’équilibre dans la constitution d’une Ă©quipe gouvernementale, pour des soucis d’équilibre national. Ce qui revient Ă  dire que le “chahut” de cinquième rĂ©gion naturelle attribuĂ© aux GuinĂ©ens de l’étranger est vraisemblablement Ă  accueillir au moins avec un semblant de volontĂ© d’unitĂ© nationale. 

 M. DorĂ©, en composant son Ă©quipe qui a pour prĂ©rogative de prĂ©parer le pays pour son vrai salut rĂ©publicain, met au trottoir de la gestion des affaires du pays et de la considĂ©ration nationale, toute cette catĂ©gorie de femmes et hommes qui, comme ceux de l’intĂ©rieur, ne jurent qu’au drapeau national, Ă  la cohĂ©sion et au traitement juste et Ă©quitable, en droits et en devoirs, de toutes les filles et de tous les fils du pays.   Dans une Ă©quipe de trente et quatre membres, pas un seul national de dehors, cela semble vraiment ĂŞtre un signal fort de disproportion et de sentiment dans la continuitĂ© des mĂŞmes normes d’exclusion,  dans la discontinuitĂ© gouvernementale: un constat pas seulement accablant, mais injustifiable et immensĂ©ment maladroit pour une Ă©quipe qui « jure Â» de ne confĂ©rer que la droiture Ă  la transition. 

 Pour combien de temps doit durer cette tradition d’attroupement et de tapotement qui ne sont forcement pas signe d’efficacitĂ©?

 Le PM est peut-ĂŞtre porteur d’un message plus tangible de sa non candidature aux Ă©preuves « imminentes Â» et de toutes celles Ă  venir : pas besoin des GuinĂ©ens de l’étranger. Sur cette question et sur tant d’autres, les GuinĂ©ens, contrairement Ă  leur passĂ©, doivent au moins pour une fois, connaitre la non division et le traitement juste et Ă©quitable pour et par tous. 

 La gĂ©nĂ©ration du leadership pragmatique, Ă©galitaire et progressiste doit prendre note de toutes ces attitudes qui contribuent Ă  basculer un pays, espoir de millions d’âmes Ă  la fois dĂ©vouĂ©es et innocentes, sur un terrain que personne n’est plus en position d’amorcer le moindre sourire.

 

Lamine Sununu Kaba
Lskaba@consultant.com
Washington, DC-USA

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