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Algérie: la campagne pour la présidentielle du 9 avril s'achève dans l'indifférence

Apr 06, 2009

La campagne en vue de l'élection présidentielle algérienne du 9 avril, entamée le 19 mars, s'achevait lundi soir selon les exigences de la loi électorale mais dans l'indifférence.

Pendant les 19 jours de campagne, les six candidats -Abdelaziz Bouteflika, président sortant, Louisa Hanoun (trotskiste) Mohamed Saïd, Djahid Younsi (islamistes), Fawzi Rebaine et Moussa Touati- ont sillonné de long en large le vaste territoire algérien pour convaincre les citoyens de "voter massivement".

Les pouvoirs publics redoutent une large abstention, compte tenu du manque de réactivité des citoyens qui se sont montrés peu concernés, en dépit d'une débauche de moyens logistiques.

Ce manque d'emballement des Algériens transparaît à travers les commentaires de la presse algérienne, à l'instar de l'éditorial du quotidien "Liberté", pour qui la campagne "aura manqué cruellement de relief et de profondeur".

Une appréciation partagée par le quotidien francophone "El Watan", qui sous le titre "la récolte d'une campagne indigente" note que "les six n'ont pas pu arracher la majorité des Algériens à la monotonie quotidienne".

Rachid Ait Kaci, enseignant à "sciences-po" abonde dans le même sens en pointant "la rupture entre le pouvoir politique qui vit dans une bulle virtuelle et la majorité du peule qui vit dans la précarité".

"Est-il raisonnable, selon vous, que les citoyens puisse avoir un intérêt pour la campagne électorale, quand la pomme de terre et la sardine, le menu quotidien de l'Algérien lambda, deviennent un luxe", confie-t-il à l'Associated Press.

Plus nuancé, l'universitaire Nacer Djabi, déplore surtout "l'absence de débat contradictoire" pendant cette campagne où "les candidats se sont répandus en discours-fleuves, sans chiffres, ni vérités concrètes en rapport avec le vécu des citoyens".

Cet universitaire spécialiste des questions syndicales se félicite néanmoins des conditions sécuritaires dans lesquelles s'est déroulée la campagne.

"C'est une campagne propre, il n'y a pas eu de dérapages de la part des candidats, mais il n'y a pas eu surtout d'attentats terroristes. Les candidats ont pu se déplacer en toute sécurité dans tout le pays et c'est une excellente chose", dit-il.

Le quotidien gouvernemental "El Moudjahid" prend un angle diamétralement opposé, considérant que "la campagne électorale aura été l'occasion pour tout un chacun de revaloriser les acquis inscrits sur le registre des réalisations et des réformes engagées sous la conduite du président Abdelaziz Bouteflika, candidat indépendant".

Si les six candidats ont eu droit à une large couverture médiatique, notamment dans les médias publics, avec un parti pris pour Abdelaziz Bouteflika, l'opposition hostile à cette élection aura été quasiment inaudible en raison de contraintes imposées par le ministère de l'Intérieur à son expression.

En dépit de cet "embargo", selon l'expression de son premier secrétaire Karim Tabou, le Front des forces socialistes (FFS) a pu organiser jeudi une marche populaire à Tizi-Ouzou (100km à l'est d'Alger) qui avait draîné plus de 5.000 personnes pour appeler au boycottage de l'élection".

De son côté, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a préféré se mettre "en vacances politique, en signe de deuil, pour la démocratie en Algérie" jusqu'au lendemain du 9 avril.

Son président, Saïd Saadi, a organisé samedi une conférence de presse au cours de laquelle il eu des mots très durs, à l'égard du président Bouteflika. Il lui a notamment demandé de "rentrer chez lui" s'il a "encore un peu de dignité". AP

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