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Après avoir mis en doute les rapports d’audits, Kiridi se ravise

Jul 15, 2014
Après avoir mis en doute les rapports d’audits, Kiridi se ravise

«Si Kiridi, Ministre n’a pas reconnu les rapports d’audits, qui va les croire?» Cette interrogation est du Chargé de Communication du PEDN de Lansana Kouyaté. François Bourouno a tenu ces propos suite à la sortie médiatique de Naby Youssouf Kiridi Bangoura, pourtant, Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République, mais qui mettait en doute l'authenticité du document et parlait de stigmatisation.

C’est d’ailleurs, la position de nombre d’observateurs aujourd’hui en Guinée. En effet, on ne comprend pas, qu’un proche du Président Alpha Condé mette en doute les résultats des audits dont le Chef de l’Etat est fier et dont il n’a qu’hérité des autorités de la transition qui les avaient commandités. Une fragilisation qui ne dit pas son nom ! Pour ces gens, Kiridi Bangoura ne fait que conforter la position de l’opposition à Alpha Condé et "affûter", peut-être par inadvertance, le sabre de combat pour le camp adverse face à son bienfaiteur de Président.

Qualifié par des durs du régime de "militant de la 25ème heure du RPG" devenu "RPG Arc-en-ciel", Kiridi Bangoura, au lendemain de la publication des dossiers audités et qui font ressortir son nom, avait réagi: «L'Inspection générale d'Etat est à la présidence. Je ne suis pas concerné par ces audits. J'ai été appelé comme simple témoin. Attendez que l'Inspection générale d'Etat publie les audits. Le rapport que vous avez reçu est illégal. Il n'a été publié par aucun organe officiel. Aucun rapport n'a été publié à la date d'aujourd'hui. C'est moi qui publie les rapports. C'est moi qui suis à l'Inspection générale de l'Etat. Comment vous avez su qu'on a publié le rapport? Tu sais les manipulations, le racisme, la stigmatisation, tout cela fait partie de la politique, mais c'est malheureux!»
Ces allégations de Kiridi ont, ainsi qu’on le voit, surpris plus d’un. Sinon, comment, mettre en doute les déclarations de l’Inspecteur d’Etat, Massoud Thiam, faites à la radio et à la télévision publiques ou encore les commentaires diffusés sur ces mêmes supports?

Suivra la précision du Porte-parole du Gouvernement dans laquelle Albert Damantang Camara a déclaré: «Le Président [de la République ; NDLR] a été clair par rapport à l’éventuelle implication de ses proches ou de ses collaborateurs : si jamais, il est démontré qu’un proche ou collaborateur est impliqué dans cette affaire, il répondra. Le Président a dit qu’il ne protégera personne».

Kiridi de poursuivre sa dénégation de la validité de ces résultats, mais sous un autre angle. Il optera ainsi pour l’approche explicative et de s’inscrire dans l’axe de la position du Chef de l’Etat: «Il est tout à fait normal que les hauts fonctionnaires que nous sommes soient interrogés sur leur gestion. Et je reste à la disposition de toute institution administrative ou judiciaire qui a besoin de mon témoignage pour la manifestation de la vérité» et de poursuivre «qu’il est important, pour améliorer la gouvernance, que la reddition de comptes soit au cœur de la gestion des biens publics. La publication de ces rapports permet de situer les faits et d’établir les responsabilités».

Le Ministre Albert Damantang Camara s’était d’ailleurs empressé de souligner à juste raison que «Ces audits sont l’occasion pour les Guinéens de savoir ce qui s’est passé dans leur pays et qui nous a amenés dans la situation catastrophique que nous connaissons. Comment nos actifs ont été dilapidés, comment nos réserves de change, les aides au développement, le budget national [de développement ; NDLR] ont été détournés, comment notre patrimoine industriel a été bradé. Tout ceci au profit de quelques individus».

François Bourouno du PEDN d’accuser toutefois: «J'ai l'impression que ce soi-disant Comité d'audit est un comité chargé de la censure des candidatures à la présidentielle de 2015. Nous trouvons son travail purement politique voire politicien».

Le Chargé de Communication du parti de personnaliser: «Au PEDN, nous sommes sereins. Nous sommes sûrs que si un bon audit est mené sur sa gestion de quinze mois à la Primature, c'est le Trésor public qui va rembourser M. Lansana Kouyaté».

En sa qualité de Ministre de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, et Porte-parole du gouvernement, Albert Damantang Camara a tenu à rassurer: «Comme toujours, vous trouverez des personnes de mauvaise foi, parler de chasse aux sorcières contre des leaders de l’opposition. C’est comme si en Guinée, il suffirait de devenir opposant pour acquérir automatiquement une immunité statutaire contre tout délit ou crime passé, présent ou futur !» Et il a conclu: «Si nous sommes tous d’accord pour dire que la Guinée a subi pendant des années la mal gouvernance, la corruption et les détournements, il faut bien que l’on nous dise qui est coupable ou responsable de tous ces maux. On voudrait faire croire que, comme par enchantement, seuls les anciens Premiers ministres sont innocents de tous ces maux? Tant mieux ! Les audits permettront de faire la lumière sur cela».
A la réponse de la question: «Pensez-vous que quelqu’un a un intérêt à ce que votre nom soit cité dans cette affaire?», Kiridi Bangoura a répondu: «Je ne crois pas».

Et récemment, à la faveur de l’inauguration d’une des maisons des jeunes dans la Commune de Ratoma, le Président Alpha Condé a pris le contre-pied de ceux qui estiment qu’il viserait l’échéance de 2015, date de la prochaine élection présidentielle: «Moi je ne fais pas de politique électoraliste. Je ne suis pas fixé sur 2015. Je vois la Guinée dans 40 ans. Je fais des routes qui seront pour les Guinéens dans 40 ans. Je ne suis pas préoccupé par l’élection. Je suis préoccupé par qu’est-ce qui va être la Guinée dans 40 ans. Mais pour cela, il faut qu’on ait une gestion au service du peuple».

Parlant des anciens gestionnaires, le Chef de l’Etat de soutenir: «La gestion de ces gens [les anciens Premiers ministres et Cie ; NDLR] a été un véritable crime économique contre le peuple de Guinée. Tout ce que la première République a laissé comme usines ont disparu. On n’a fait des contrats pour faire des routes à quatre couches, ils ont magouillé pour mettre seulement deux couches. Moi je ne fais pas de politique électoraliste. Je préféré 10 km de routes en béton bitumé qu’à 100 km de route à deux couches. Je ne suis pas fixé sur 2015».

Il a regretté que «80% des cadres de l’Administration ne veulent pas le changement. Ils veulent qu’on gère comme avant. Mais le changement que nous avons décidé, se fera. Personne ne peut empêcher ce changement. Moi Je ne protège personne. Tous ceux qui ont mal géré hier, comme aujourd’hui, devront rendre compte au peuple», a-t-il martelé.

Président Alpha Condé de préciser, d’autre part, par rapport aux résultats des audits: «Nous ne sommes pas encore au niveau pénal pour dire qu’on va mettre les gens en prison. On est à la phase administrative. Chacun doit s’expliquer sur sa gestion. Voilà concrètement. Donc, il faut que vous sachiez que nous ne reculerons pas».

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