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Démarrage de l'enquête sur un empoisonnement spectaculaire

Jan 27, 2015
Démarrage de l'enquête sur un empoisonnement spectaculaire

L'enquête publique sur le décès de l'opposant russe Alexandre Litvinenko, victime d'un spectaculaire empoisonnement au polonium en 2006 à Londres, est entrée dans le vif du sujet mardi avec le début d'auditions centrées sur l'implication de l'État russe.

Cette enquête -qui permet d'examiner à huis clos des documents sensibles- a été ouverte le 31 juillet. Elle prend le relais de l'enquête judiciaire qui était bloquée par l'impossibilité d'examiner l'éventuelle responsabilité de Moscou.

«Les questions soulevées par sa mort sont d'une extrême gravité», a déclaré en début d'audience le magistrat instructeur Robert Owen.

Dès l'ouverture de l'enquête, M. Owen, avait affirmé que l'implication de l'État russe serait «d'une importance centrale dans (son) investigation».

Il avait par ailleurs déclaré «valider» la thèse basée sur des documents du gouvernement britannique «établissant au premier examen la responsabilité de l'État russe dans la mort» de l'opposant.

La mort d'Alexandre Litvinenko, un transfuge des services de renseignements russes, est digne d'un roman d'espionnage.

Le 1er novembre 2006, l'ex-agent du FSB, 43 ans, a rendez-vous avec deux ex-agents russes dans un hôtel londonien. Il s'agit d'Andreï Lougovoï, aujourd'hui député, et de l'homme d'affaires Dmitri Kovtoun, avec lesquels il prend le thé.

Le soir même, il commence à se sentir mal avant de succomber trois semaines plus tard d'un empoisonnement au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique, devenant ainsi la première victime connue d'un «assassinat radioactif».

Dans une lettre rédigée sur son lit de mort, il avait accusé le président Vladimir Poutine d'avoir commandité son meurtre, une accusation que le Kremlin a toujours niée.

«Vous pouvez réussir à faire taire un homme, mais le grondement des protestations du monde entier retentira dans vos oreilles pendant le reste de votre vie, M. Poutine», avait-il notamment dicté.

Mardi, Robin Tam, un conseiller juridique du magistrat instructeur, a révélé que Litvinenko avait probablement été la cible «non pas d'un, mais de deux empoisonnements». Selon lui, la première tentative s'était déroulée lors d'une rencontre avec les deux mêmes protagonistes, dans les locaux d'une entreprise de sécurité où des traces de polonium ont été relevées.

Toutefois la théorie selon laquelle Moscou aurait été derrière sa mort n'est pas la seule qui circule, le travail de Litvinenko consistant à enquêter sur le crime organisé, y compris dans d'autres pays européens comme l'Italie ou l'Espagne.

Huis clos

La plupart des audiences de l'enquête publique se dérouleront au cours des deux prochains mois à huis clos pour permettre le témoignage de membres des services secrets et l'examen de documents confidentiels.

Citant une source proche de l'enquête, le quotidien The Daily Telegraph a affirmé samedi que l'agence de sécurité américaine (NSA) avait intercepté des communications entre les personnes soupçonnées d'être impliquées dans l'empoisonnement de M. Litvinenko et leur chef à Moscou, peu de temps après le décès.

Le journal avance que l'existence de ces communications constitue «une preuve centrale» qu'il s'agit d'une exécution fomentée par Moscou.

«L'important est que les preuves rassemblées par la police vont être présentées et que tout le monde pourra les voir», a estimé de son côté la veuve d'Alexandre Litvinenko, Marina, dans un entretien.

«C'est la dernière chose que je peux faire pour lui(...). Je dois défendre son nom et sa mémoire», a-t-elle souligné, évoquant son «devoir» vis-à-vis de celui qu'elle appelle affectueusement «Sasha».

«Pour moi, c'est vraiment important d'avoir enfin une explication officielle à la mort de Sasha», a-t-elle ajouté.

Quelle que soit l'issue de l'enquête publique -qui sert à établir des faits sans pour autant prononcer de condamnations-, la veuve de Litvinenko dit avoir peu d'espoir d'un changement d'attitude de Moscou, qui n'a jamais accepté d'extrader les principaux suspects.

M. Litvinenko avait reçu l'asile politique en Grande-Bretagne en 2001 après avoir déjoué un complot présumé du FSB contre l'oligarque russe Boris Berezovski, mort dans des circonstances non élucidées à Londres en mars 2013.

Il était par la suite devenu citoyen britannique et collaborait en tant que consultant avec les services des renseignements extérieurs, le MI6. – AfricaLog avec agence

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