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Dos Santos fête en toute discrétion ses 30 ans à la tête de l'Angola

Sep 20, 2009

Son portrait orne les panneaux d'affichage dans tout l'Angola mais les habitants n'ont pas besoin de les regarder: ils connaissent depuis bien longtemps le visage de leur président, Jose Eduardo dos Santos, qui fête lundi en toute discrétion ses trente ans à la tête de l'Etat.

Après la mort du doyen gabonais Omar Bongo Ondimba en juin, M. dos Santos est devenu le deuxième chef d'Etat d'Afrique par sa longévité à la tête du pays, juste après le leader libyen Mouammar Kadhafi.

Contrairement aux fastes déployés pour les 40 ans au pouvoir de M. Kadhafi, le discret dos Santos ne devait pas fêter publiquement cet événement, un mois après avoir célébré son soixante-septième anniversaire.

"Il n'y a rien de prévu au sein du parti", a indiqué Kwata Kanawa, porte-parole du parti présidentiel, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA).

Ces trente années ont été marquées par une longue guerre civile ouverte dès l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise en 1975, le cessez-le-feu en 2002, deux élections dont un scrutin avorté en 1992, et l'ouverture du pays à l'économie de marché.

Et l'anniversaire de son accession à la tête de l'Etat en 1979, investi par le MPLA à la mort de son mentor Agostinho Neto, intervient alors que les pressions internationales montent pour que soit organisé un scrutin présidentiel.

La rédaction d'une nouvelle Constitution en a retardé la tenue au moins jusqu'à l'année prochaine, voire jusqu'aux prochaines élections parlementaires en 2012, en dépit de la victoire sans appel du MPLA aux législatives de septembre 2008.

Selon l'opposition, il s'agit d'une manoeuvre dilatoire permettant à M. dos Santos de s'accrocher au pouvoir en imposant un scrutin présidentiel indirect.

L'analyste politique Nelson Pestana, membre d'un petit parti d'opposition, le Front pour la démocratie (FpD), taxe d'"inconstitutionnel" le système de têtes de listes proposé par le MPLA qui, avec 81% des sièges au Parlement, a toute latitude pour changer la Loi fondamentale.

Pour les investisseurs étrangers, cette longévité est toutefois synonyme de stabilité dans ce pays en reconstruction, riche en pétrole et diamants.

Un avis partagé par de nombreux Angolais. "C'est mieux pour notre pays qu'il soit au pouvoir si longtemps. S'il y avait un nouveau président, il ne saurait pas comment organiser le pays", affirme ainsi Isabel Marcelino, une infirmière de 30 ans.

Le président dirige le pays d'une main de fer, de l'armée aux médias en passant par les institutions publiques. Très peu d'Angolais osent le critiquer publiquement et les journalistes indépendants risquent la prison.

Certaines voix au sein de l'opposition et des intellectuels tentent cependant de dénoncer les dérives et mettent en cause ce qu'ils appellent l'"Eduardisme", soit l'implication systématique des proches du président dans l'économie du pays.

"Ce que nous voyons aujourd'hui en Angola, c'est qu'une poignée de gens s'enrichissent alors que la majorité devient de plus en plus pauvre", déclare à l'AFP Alcides Sakala, porte-parole du principal mouvement d'opposition et ancienne rébellion, l'Unita (Union pour l'indépendance totale de l'Angola).

Alors que l'Angola, premier producteur de pétrole d'Afrique, connaît une croissance record, les deux tiers de ses citoyens vivent dans une extrême pauvreté. Plus de la moitié des 17 millions d'Angolais n'a pas accès à de l'eau propre et un enfant sur six meurt avant son cinquième anniversaire. - AFP 

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