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Ebola en Guinée: Macky Sall revoit son discours

Sep 18, 2014
Ebola en Guinée: Macky Sall revoit son discours

Après avoir suscité une véritable levée de boucliers en Guinée à la suite de ses propos à l’encontre de l’étudiant guinéen qui avait introduit le virus d’Ebola au Sénégal, le Président Macky Sall se ravise et tient un discours que les analystes trouvent "responsable et de tolérance".

En témoigne l’interview qu’il a récemment accordée à un groupe de journalistes qui couvraient le séjour de la secrétaire d’Etat française chargée du développement et de la Francophonie, Annick Girardin.

Ainsi, peu avant le départ de son hôte français de Dakar pour Conakry, le président Sall s’est prêté aux sollicitations de la presse. Il commence par situer sur le cas du vacancier guinéen qui a heureusement recouvré la santé après des soins intensifs qui lui ont été administrés. Ce jeune guinéen était aussi sous le coup d’une menace de rapatriement.
Macky Sall: «Je n'ai aucune envie que l'on se précipite pour le renvoyer chez lui [en Guinée ; NDLR]. Notamment, du fait de la stigmatisation que suscite Ebola. Se pose aussi la question de sa sécurité et de son acheminement. Voilà pourquoi, en concertation avec les autorités de Conakry, nous étudions les voies et moyens d'un retour correct. Cela posé, il ne sera pas rapatrié dans l'immédiat».

Relativisant la mise à l’abri de son pays face au virus Ebola, le Président Sall rappelle «Je l'ai dit voilà trois semaines : aucun pays n'est à l'abri dans un contexte de migrations et de voyages transfrontaliers. Reste que nous avons mis en œuvre un dispositif de riposte, fondé sur une prise en charge immédiate de tout cas suspect. De même, le Sénégal s'attache à renforcer son dispositif sanitaire et à faire bon usage des moyens de communication».

Il fait une autre lecture de ce que certains qualifient de retard mis par l’Union Africaine à convoquer la récente "réunion d'urgence" qui a eu lieu le 8 septembre, soit plus de cinq mois après l’apparition de l'épidémie de la fièvre Ebola dans la sous-région ouest-africaine: «Cinq mois, c'est beaucoup trop, même si l'UA avait d'emblée engagé une réflexion sur le sujet. A l'échelon régional, la CEDEAO (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) a réuni un sommet à Accra (Ghana) dès juin-juillet. Pour notre part, nous avons accepté l'établissement de couloirs humanitaires afin que les médecins, les agents de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) et du PAM (Programme alimentaire mondial) puissent accéder aux pays affectés, dont il faut reconnaître qu'ils sont difficiles d'accès».

Selon lui, ces "couloirs humanitaires" «devraient déjà être» opérationnels et «Leur mise en œuvre est imminente».

Autre sujet abordé par le chef de l’Etat sénégalais, c’est le fait que des commerçants guinéens soient la cible d'une forme d'ostracisme au pays de la teranga. Macky Sall tente de rassurer à travers une forme de fermeté: «Je condamne fermement tout comportement visant à ostraciser une communauté. Ce n'est pas parce que le cas détecté chez nous vient de ce pays que tous les Guinéens doivent être considérés comme porteurs potentiels du virus. J'en appelle donc au respect du prochain».

Sur la fermeture des frontières de certains pays avec ceux qui sont en proie à l’épidémie de la fièvre Ebola et que des observateurs qualifient de "chacun pour soi" national, preuve d’un manque de solidarité, le Numéro un sénégalais justifie: «Ebola a été terrifiant. Comme le choléra voilà un demi-siècle. Il n'existe pas de remède ; le taux de mortalité peut avoisiner les 80%». Pour lui, «Les gens ont peur de l'inconnu» et c’est ce qui explique que «Certains pays se sont donc barricadés. Nous-mêmes [au Sénégal; NDLR] avons, par mesure de précaution, bouclé nos frontières. Le Cap-Vert, le Rwanda ou le Cameroun ont fermé les leurs aux citoyens sénégalais. Ebola a déclenché une panique planétaire, plus que de raison d'ailleurs. Mais une fois le vent de panique passé, nous devons tous reprendre nos esprits et développer un système de résilience. Je lance donc un appel en faveur d'une véritable solidarité internationale. Il faut notamment parvenir à décloisonner les régions touchées».

Sur la contribution des autorités traditionnelles sénégalaises, comme les confréries, dans la sensibilisation afin d’éviter de contracter le virus d’Ebola, Macky Sall souligne: «Nous avons déjà mobilisé ces autorités religieuses et coutumières, afin de diffuser les messages de prévention. Et de dissiper les phobies. Car il est vrai qu'aujourd'hui, il suffit que quelqu'un tousse pour que l'on entende "C'est Ebola !" Une certitude : le Sénégal est prêt».

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