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Génocide rwandais: «les faits sont têtus»

Apr 07, 2014
Génocide rwandais: «les faits sont têtus»

Vingt ans après le génocide de 1994, qui fit près de 800 000 morts en cent jours, le président rwandais Paul Kagame a célébré lundi le «renouveau» de son pays, pointant au passage les responsabilités de la France dans la tragédie.

«Les faits sont têtus»

M. Kagame s'en est par ailleurs pris de façon à peine voilée à la France, accusée de refuser de reconnaître sa responsabilité dans les massacres.

«Aucun pays n'est assez puissant - même s'il pense l'être - pour changer les faits» et l'histoire, a déclaré en anglais le président rwandais avant de lancer, en français, «après tout les faits sont têtus».

Paris avait initialement annulé sa participation aux cérémonies, après des propos de M. Kagame accusant la France, alliée en 1994 du régime Habyarimana et dont le rôle reste controversé, d'avoir pris une part active au génocide.

Finalement chargé de représenter le gouvernement français, l'ambassadeur de France à Kigali, Michel Flesch, s'était vu retirer dimanche soir l'accréditation lui permettant d'assister aux cérémonies officielles.

L'opération «Turquoise»

Un ex-officier français engagé en 1994 au Rwanda a affirmé lundi que l'opération militaire française «Turquoise» lancée alors par la France sous mandat de l'ONU pour tenter de mettre fin aux massacres dans le pays n'avait eu que tardivement un caractère humanitaire.

«Nous ne sommes pas partis pour une mission humanitaire, nous sommes partis pour une mission d'intervention militaire très classique en Afrique de l'époque où la France cherchait à imposer sa solution de paix», a jugé Guillaume Ancel, à l'époque capitaine de 28 ans, interrogé par la radio France Culture.

Ces déclarations interviennent le jour de la commémoration du 20e anniversaire du génocide de 1994, marquée par une nouvelle crise entre la France et le Rwanda, le président Paul Kagame ayant à nouveau accusé Paris d'avoir pris une part active dans les massacres.

«Je suis parti avec l'ordre d'opération de préparer un raid terrestre sur Kigali (...). Quand on fait un raid sur Kigali, c'est pour remettre au pouvoir le gouvernement qu'on soutient», a poursuivi Guillaume Ancel, qui était spécialisé dans le guidage des frappes aériennes.
L'ex-militaire affirme avoir ensuite reçu, entre le 29 juin et le 1er juillet, un autre ordre, qui «était d'arrêter par la force l'avancée des soldats du FPR», le Front patriotique rwandais, l'ex-rebellion tutsie aujourd'hui au pouvoir au Rwanda.

Suivi vite d'un contre-ordre : «On nous a annoncé qu'en fait on avait trouvé un accord avec le FPR et que nous allions protéger une zone humanitaire», affirme Guillaume Ancel, qui a quitté l'armée en 2005 avec le grade de lieutenant-colonel.

Selon lui, la France aurait ensuite continué à soutenir le gouvernement génocidaire rwandais et son armée en rendant vers la mi-juillet 1994 «à ce qui restait des forces armées rwandaises, les dizaines de milliers d'armes» confisquées par les militaires français dans la zone humanitaire.

«On a clairement été à l'origine d'une continuation des combats qui a duré pendant des années», a-t-il aussi affirmé en référence aux activités des soldats et miliciens hutus réfugiés dans la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre l'époque) voisine.

Lancée le 22 juin 1994, «Turquoise» avait comme objectif officiel de protéger les populations menacées par le génocide et le conflit entre les forces du gouvernement rwandais, essentiellement hutu, et FPR, majoritairement tutsi.

En 2010, un ancien sous-officier de gendarmerie, membre des forces spéciales déployées au Rwanda en 1994, avait témoigné dans la presse sur «Turquoise» et exprimé son trouble sur cette opération. – AfricaLog avec agence

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