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Kabila s'engage à quitter le pouvoir, le vent souffle

Aug 08, 2018
Kabila s'engage à quitter le pouvoir, le vent souffle

Le président congolais Joseph Kabila a désigné mercredi un candidat à sa succession à l'élection présidentielle prévue en décembre en République démocratique du Congo, une première dans ce pays qui n'a jamais connu de transition pacifique.

Le choix de M. Kabila s'est porté sur un fidèle, le patron du parti présidentiel PPRD et ex-ministre de l'Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadary, originaire comme lui de l'est du pays swahilophone.

M. Ramazani Shadary, 57 ans, figure parmi les personnalités congolaises sanctionnées par l'Union européenne (UE) en 2017 pour violations des droits de l'homme. L'UE le considérait alors responsable d'un "recours disproportionné à la force et à la répression".

"Le peuple a besoin de la paix, le peuple a besoin de la reconstruction, il a besoin du social, c'est ce que nous allons faire", a-t-il déclaré dans ses premières déclarations de candidat.

M. Ramazani avait été nommé en février "secrétaire permanent" du PPRD au terme d'une réforme des statuts qui prévoit la création d'un poste de président devant revenir à M. Kabila.

"Ramazani Shadary a très peu, voire aucun soutien au niveau national. Sa base politique se trouve dans la province du Maniema (...) qui représente moins de 5% de l'électorat congolais", analyse la société d'études des risques pour investisseurs Verisk Maplecroft.

Les adversaires de M. Kabila ont qualifié de "victoire" le fait que M. Kabila s'engage finalement "à quitter le pouvoir".

"Pour la première fois, un peuple d’Afrique centrale est parvenu à empêcher un chef d’Etat puissamment soutenu par les forces armées de modifier la Constitution et l’a forcé à quitter le pouvoir", avance Christophe Lutundula, porte-parole d'Ensemble, la coalition de l'opposant Moïse Katumbi.

"Nous avons gagné une bataille importante mais la lutte continue: celle pour une vraie alternance", a réagi le mouvement citoyen pro-démocratie Lutte pour le changement (Lucha).

La décision de Kabila "doit être suivie par des avancées concrètes en matière des droits de l'homme", a réagi Amnesty International, qui cite l'autorisation des "manifestations pacifiques" et la libération de militants des droits de l'homme.

"Nous sommes encore très loin d'un processus électoral crédible, et beaucoup de choses peuvent se passe d'ici décembre, y compris des délais supplémentaires", a commenté l'ONG Human ritgh watch, en invitant au maintien des pressions sur Kinshasa.

L'organisation rappelle que l'opposant Moïse Katumbi n'a pas pu rentrer pour déposer sa propre candidature.

L'opposition dénonce aussi la volonté de la commission électorale d'utiliser des "machines à voter" pour l'élection du 23 décembre - des "machines à tricher" pour ses détracteurs.

Des polémiques portent également sur la validité du fichier électoral et ses quelque 40 millions d’inscrits.

Les "partenaires" étrangers suivent de près la situation dans l'immense RDC, que les diplomates perçoivent comme un risque de déstabilisation régionale avec ses 2,3 millions de km2, ses neuf frontières, ses ressources minérales très convoitées et ses multiples zones de tensions.

Les Etats-Unis ont salué la décision de M. Kabila de respecter la Constitution. "Ce développement est une autre avancée mais il y a bien davantage à faire", a déclaré l'ambassadrice aux Nations unies Nikki Haley.

La commission électorale "doit prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir au peuple congolais le droit d'exercer son (droit de) vote lors d'élections libres, justes et crédibles le 23 décembre 2018", a-t-elle ajouté.

Washington avait envisagé de nouvelles sanctions ciblées pour obliger M. Kabila à quitter le pouvoir, a affirmé lundi le Financial Times. Au moins un membre de sa famille aurait été privé de visa pour les Etats-Unis en juin, selon la même source.

Une source diplomatique française a salué "une décision historique en Afrique centrale, même si elle ne règle pas tout".

Le président Emmanuel Macron a évoqué la RDC avec son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, a indiqué Paris. M. Ramaphosa est attendu vendredi à Kinshasa.

Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a déclaré qu'il "prend acte" tout en souhaitant un climat "apaisé" pour les prochaines élections afin que les résultats soient "crédibles".

Première productrice mondiale de cobalt, exportatrice de cuivre, la RDC figure malgré ses richesses minérales parmi les pays les plus pauvres d'Afrique.

La majorité de ses quelque 80 millions d'habitants vivent dans le secteur informel avec quelques dollars par jour.

Fin 2016, l'agence Bloomberg avait au terme d'une enquête indiqué que le président Joseph Kabila et sa famille possédaient des participations dans "au moins 70 entreprises" ( banque, l'agriculture, distribution de carburant, transport aérien, construction de routes, hôtellerie…). Un réseau d'affaire qui leur rapporterait "des centaines de millions de dollars".

Les ONG enquêtent régulièrement sur des affaires de corruption en RDC. - AfricaLog avec agence

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