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La charte de la transition au Burkina Faso est bouclée

Nov 09, 2014
La charte de la transition au Burkina Faso est bouclée

L'opposition et la société civile du Burkina Faso ont validé dimanche soir, après de nouvelles discussions laborieuses, leur plan pour une transition civile avant des négociations délicates avec l'armée pour obtenir son retrait rapide du pouvoir.

Les militaires, qui ont pris les rênes du pays après la chute de ª le 31 octobre au terme de 27 ans de règne, ont promis, sous la pression de la population et de la communauté internationale, de rendre rapidement le pouvoir aux civils.

Étape importante, opposition et société civile ont adopté à l'unanimité la version finale de leur projet de «Charte de la transition» à la veille de la visite lundi du président de l'Union africaine (UA).

Samedi soir, une soixantaine de délégués, réunis à Ouagadougou, avaient bouclé l'examen point par point et amendé d'un document, élaboré depuis jeudi par une commission ad-hoc, qui définit organes, prérogatives et critères des acteurs de la transition.

Dimanche a été présenté comme une simple séance de «validation», mais il a fallu trois heures de nouvelles longues discussions sur le texte élaboré la veille et de nouveaux amendements pour parvenir à un document satisfaisant tous les délégués.

«Ça tiraille, certains veulent ajouter des articles, d'autres veulent en enlever», a expliqué à l'AFP David Moyenga participant aux travaux au nom de la société civile.

Après d'intenses débats, il a finalement été décidé que les députés de la transition pourraient se présenter aux élections présidentielles et législatives prévues en novembre 2015, à l'inverse du président et des membres du gouvernement de la transition.
Le document final prévoit un président civil, un gouvernement de 25 ministres et une Assemblée de transition de 90 députés.

Le texte adopté dimanche soir doit être transmis lundi aux autorités militaires pour examen.

En attendant de passer la main, l'actuel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Isaac Zida, reste au centre du jeu. Puis les protagonistes de la crise discuteront avec l'armée pour parvenir à un document unique, faisant la «synthèse» des propositions sur l'architecture de la transition et le profil de ses responsables, selon des membres de la société civile.

«Nous allons discuter ensemble, les militaires nous ont fourni un document, nous avons réfléchi en prenant en compte des éléments de ce document, nous allons nous retrouver ensemble pour discuter», a expliqué dimanche soir Luc Marius Ibriga, rapporteur de la Commission ayant élaboré la Charte, se disant «optimiste».

Choix du président de transition, enjeu majeur

Reste que ladite Charte fait la part belle à la société civile et à l'opposition, mais au détriment de l'armée. Selon plusieurs participants, la Charte n'octroie à l'armée que dix députés sur 90, comme au camp du président déchu Blaise Compaoré, contre 40 à l'opposition et 30 à la société civile.

Le choix du président de la transition sera ensuite un enjeu majeur. Aucun nom n'a pour l'heure été publiquement avancé.

Une fois le document unique adopté, «tout devrait se mettre rapidement en place, les organes de la transition et notamment le président de la transition», a estimé Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso Autrement, tablant sur une passation de pouvoir vers le milieu de la semaine prochaine.

Samedi, le colonel Auguste Denise Barry, bras droit du lieutenant-colonel Zida a voulu rassurer les délégués: «Les choses ne peuvent plus être comme avant. Le peuple burkinabè est entré dans l'Histoire, l'armée burkinabè doit aussi entrer dans l'Histoire», leur a-t-il lancé, une manière de dire que le temps des putschs était fini pour le petit pays sahélien gouverné sans interruption par des militaires arrivés à la faveur de coups d'État depuis 1966.

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, qui dirige l'Union africaine (UA), est attendu lundi à Ouagadougou et y rencontrera notamment le lieutenant-colonel Zida. Ce dernier a adressé jeudi un camouflet à l'UA, balayant l'ultimatum de 15 jours et les menaces de sanctions lancées par l'organisation panafricaine pour un retour du pouvoir aux civils.

La Cédéao, l'organisation régionale ouest-africaine, a depuis appelé la communauté internationale à ne pas sanctionner Ouagadougou, compte tenu des «efforts en cours».

Selon Roch Marc-Christian Kaboré, président d'un parti d'opposition, le texte adopté dimanche soir «semble fédérer grosso modo tout le monde. Là où il y aura le couac, c'est certainement quand on sera au choix des hommes». – AfricaLog avec agence

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