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La crise politique perdure à Madagascar

Jan 29, 2009

La plupart des magasins sont restés fermés jeudi dans la capitale malgache à l'appel de l'opposition au gouvernement, pour qui les violentes manifestations du début de semaine se sont soldées par une quarantaine de morts.

Le jeune maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, 34 ans, a lancé ce mouvement de protestation après la fermeture de sa station de radio privée par le président Marc Ravalomanana en décembre. Rajoelina parle d'une dérive autoritaire du régime, le chef de l'Etat l'accuse en retour de vouloir renverser l'exécutif par la force.

La crise politique s'est précisée lorsque l'adjoint au maire d'Antananarivo a réclamé la formation d'un gouvernement de transition.

La plupart des victimes de lundi ont trouvé la mort dans l'incendie d'un grand magasin de vêtements qui a été pris d'assaut par des pillards.

"Il y a 44 corps à la morgue de la ville", a déclaré le commandant de la police, le colonel Frédéric Raqotonandrasana. "Trente-quatre sont grièvement brûlés et les familles tentent de les identifier."

D'autres personnes seraient mortes en province, selon cet officier qui n'a pu donner aucun chiffre.

Sous le regard des militaires patrouillant dans les rues et malgré l'odeur de brûlé après les incendies, les habitants d'Antananarivo formaient jeudi de longues files d'attente devant les rares magasins ouverts pour faire des provisions.

"J'ai dû ouvrir aujourd'hui pour tenter de récupérer des pertes des deux derniers jours", explique Andry Rafamantanantsoa derrière le comptoir de son épicerie.

"GOUVERNEMENT DE TRANSITION"

L'adjoint au maire d'Antananarivo a réclamé un "gouvernement de transition qui devra représenter la majorité et ne doit pas comprendre de membres du gouvernement actuel".

"Le président a perdu sa légitimité. Il n'y a pas une seule ville où nous n'entendons pas parler de troubles. C'est une crise nationale", a affirmé Hery Nirhy-Lanto à Reuters.

Si le président refuse de démissionner, précise-t-il, l'opposition réclamera une suspension de la Constitution et une dévolution des pouvoirs présidentiels au gouvernement de transition.

Selon les spécialistes de la région, le pouvoir pourrait ne pas résister à la crise compte tenu du passé politique, très instable, de la Grande Ile.

"Les émeutes ont mené à des changements dans le passé, par exemple l'éviction de (l'ancien président) Didier Ratsiraka en 2002", rappelle Kissy Agyeman, de l'institut IHS Global Insight, dont le siège est à Londres.

"Il y a un soutien grandissant au maire alors que la frustration monte" dans la population, estime-t-il.

Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine, s'est dit "profondément préoccupé" mercredi et a exhorté "toutes les parties à mettre fin à la crise par le dialogue et dans le respect de l'ordre constitutionnel et de la légalité".

Les troubles dans l'île de l'océan Indien nuisent à son image de paradis pour touristes occidentaux.

Ravalomanana, qui a succédé à Ratsiraka en 2002 après une longue crise, a bénéficié d'une période de croissance économique. Mais ses opposants estiment qu'une grande partie de la population, très pauvre, de Madagascar n'en a pas profité.

Le chef de l'Etat a annoncé le même jour qu'un mandat d'arrêt était émis à l'encontre de Dolin Rasolosoa, directeur de cabinet du maire de la capitale, et de Roland Ratsiraka, neveu de l'ancien président. La station de radio de Rajoelina avait été fermée en décembre après la diffusion d'un entretien avec Ratsiraka, ancien chef de l'Etat en exil en France. - Reuters

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