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La junte guinéenne annonce les couleurs de négociations complexes

Nov 13, 2009

Que proposeront Moussa Dadis Camara et la junte militaire à Blaise Compaoré, médiateur désigné par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) dans la crise guinéenne? C’est la grande question actuelle, alors que les Forces vives guinéennes ont quitté Ouagadougou, non sans avoir exigé une fois de plus le départ du capitaine Dadis du pouvoir et proposé la création d’un conseil national de la transition, dont le président sera à chercher loin de la jungle politique. Arrivée dans la nuit du lundi 9 novembre 2009 à Ouagadougou, à bord d’un appareil de la compagnie Air Burkina, la délégation dépêchée auprès du Facilitateur par la junte en place à Conakry aura sans doute une seule véritable position à défendre: empêcher avec la dernière énergie que le pouvoir soit arraché au CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement).

Dans ce contexte, quelles sont les chances d’aboutissement des propositions faites au médiateur par les Forces vives lors de leur passage dans la capitale burkinabè, surtout que la junte militaire - qui maintient la terreur sur les populations guinéennes, en particulier les opposants politiques - menacée par les pressions nationale et internationale, pourrait raidir sa position? Si Dadis laisse le pouvoir, quel sort lui sera-t-il réservé, à lui et à ses lieutenants, accusés d’être à l’origine des massacres et viols du 28 septembre 2009? Si, par extraordinaire, le capitaine putschiste accepte de lâcher prise, ne risque-t-il pas de tomber sous des balles, dans un coin obscur du camp Alpha Yaya Diallo, où le garde quelque peu en otage une armée guinéenne qui a toujours tenu les rênes du pouvoir? On ne saurait occulter que la junte et son chef sont dans le collimateur de la CPI (Cour pénale internationale).

Les membres de la junte sont d’accord, du reste pour une fois avec les Forces vives, que la Guinée évolue vers une nouvelle transition. «Mais il n’est pas question de dire qu’il faut écarter l’armée et le CNDD», prévient Idriss Sherif, le tout nouveau ministre chargé de la Communication de la présidence et de la Défense. Preuve que Dadis Camara et ses sbires ne sont pas prêts de lâcher prise, même si le colonel Moussa Keïta affirme que lui-même et les membres de la délégation du pouvoir, qu’il conduit, sont à Ouagadougou «pour défendre la paix, la concorde, la vérité, la justice et la démocratie».

Le pouvoir de Conakry pourrait même compter sur une alliée surprise: la dissension qui a commencé à poindre entre des composantes des Forces vives guinéennes dont certains membres sont de plus en plus soupçonnés de rouler pour Dadis. C’est sans doute cette méfiance qui est à l’origine de l’exclusion de l’ancien Premier ministre, Lansana Kouyaté, de l’arbre à palabres de Ouagadougou. Combien de Lansana Kouyaté, du fait de cette suspicion, seront encore expulsés des rangs des Forces vives guinéennes? On attend de voir, car le fait est patent que l’aile résolument hostile à Dadis aura face à elle, à visage découvert ou cagoulé, des éléments que le miel du pouvoir ne manquera pas d’attirer. En tout cas, Blaise Compaoré aura averti les Guinéens: la paix ne reviendra dans leur pays que si eux-mêmes le veulent. - Fasozine

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