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La réélection d'Ahmadinejad, un revers pour Obama ?

Jun 13, 2009

La réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad risque de sérieusement compliquer les tentatives américaines pour un réchauffement des relations entre les Etats-Unis et l'Iran.

Après le dépouillement d'environ 38 millions de bulletins dans ce scrutin qui a fortement mobilisé les Iraniens, Ahmadinejad est crédité de près de 62,6% des voix contre 33,75% à son principal rival, l'ancien Premier ministre Mirhossein Moussavi, considéré comme un modéré.

Plusieurs observateurs, dont le président du Conseil national américano-iranien installé à Washington, Trita Parsi, a exprimé son "incrédulité" face à l'écart qui sépare les deux candidats.

"Je crois que personne ne s'attendait à un tel niveau de fraude", a commenté un analyste. "Il ne s'agit pas d'une élection, mais d'une sélection. Au moins, les régimes autoritaires comme la Syrie ou l'Egypte n'ont pas de prétention démocratique. Avec le recul, cette campagne a été une mascarade. L'ayatollah Khamenei ne voulait pas qu'Ahmadinejad perde."

Premier personnage de l'Etat, le guide spirituel de la République islamique n'a pas officiellement de fonctions politiques mais il dispose du dernier mot en matière de politique étrangère et surtout sur l'épineuse question du nucléaire.

Une défaite d'Ahmadinejad aurait ouvert la porte à une politique moins antagoniste de l'Iran à l'égard des Américains et de leurs alliés.

Face au verdict des urnes, les Etats-Unis tentent de relativiser et un responsable du département d'Etat fait remarquer que la politique de la main tendue décidée par Barack Obama ne se fondait pas sur un simple résultat électoral.

"Nous allons poursuivre la politique d'ouverture à l'égard du gouvernement iranien quelle que soit la faction qui est au pouvoir", a commenté ce responsable qui s'exprimait avant la publication des résultats.

"Il s'agit d'un important revers pour tous ceux qui nourrissaient l'espoir de voir émerger un Iran plus enclin au dialogue", a précisé Bruce Riedel, ancien responsable de la CIA.

"Mais je pense que la tentative de dialogue conserve un sens. Nous allons voir si un Ahmadinejad victorieux, investi d'un mandat important, est prêt à discuter. Est-ce qu'un partisan de la ligne dure peut tenir parole, surtout après une victoire ?" s'est interrogé Riedel.

SOURDE OREILLE

Depuis plusieurs mois, Téhéran s'applique à faire la sourde oreille aux appels lancés par Obama mais aussi par les grandes puissances occidentales pour trouver une solution au contentieux sur le programme nucléaire iranien.

"Je ne suis pas certain qu'une victoire de Moussavi aurait fait une différence notable. Cela dit, maintenant que l'élection est terminée, le gouvernement iranien n'a plus vraiment d'excuses pour ne pas répondre à l'administration Obama", a estimé Shibley Telhami, professeur à l'université du Maryland.

La réunion des ministres des Affaires étrangères des Huit, à laquelle participera la secrétaire d'Etat Hillary Clinton à la fin du mois à Trieste, sera intéressante à suivre. L'Iran a été convié à participer.

Un nouveau mandat d'Ahmadinejad pourrait également fournir à Washington un motif de plaider en faveur de nouvelles sanctions contre l'Iran, si Téhéran s'entête dans la poursuite de son programme d'enrichissement de l'uranium.

Les Occidentaux soupçonnent les Iraniens de chercher à se doter de l'arme atomique tandis que ces derniers affirment seulement viser des buts civils pacifiques afin d'améliorer leur production d'électricité.

"Cette victoire et la fraude apparente compliquent grandement la stratégie d'Obama. Je leur conseillerais de réfléchir à de nouvelles sanctions", a déclaré Elliot Abrams, ancien membre de l'administration Bush.

"Les sanctions peuvent être un puissant levier de pression et peuvent obliger ce régime à entamer des négociations sérieuses. Mais il est très probable que la stratégie d'ouverture a pris du plomb dans l'aile", a ajouté Abrams.

Moussavi avait promis de continuer les discussions sur le nucléaire avec les grandes puissances mondiale s'il était élu président.

A l'inverse, Ahmadinejad a exclu de mettre ce sujet sur la table avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne.

Malgré cette perspective de fermeture, plusieurs experts font valoir que la politique du "poing desserré" doit continuer à prévaloir.

"Quel que soit le résultat de cette élection, l'Iran se trouve dans une situation d'enfermement politique. On a le sentiment que si la situation reste la même, l'atmosphère, elle, a changé", juge Jon Alterman, expert du Moyen-Orient.

"Quel que soit le vainqueur, il existe un intérêt commun à explorer sereinement les pistes pour mettre fin à une attitude agressive", a-t-il dit. - Reuters

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