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Le président de Guinée-Bissau échappe à une attaque de mutins

Nov 24, 2008

Des militaires mutins ont tiré à l'arme lourde sur la résidence du président bissau-guinéen Joao Bernardo "Nino" Vieira dans la nuit de samedi à dimanche, mais cette tentative pour le renverser ou le tuer a échoué.

Deux jours avant cette attaque, un dirigeant de l'opposition, l'ex-président Koumba Yala, avait remis en cause les résultats des élections législatives du 16 novembre.

S'adressant à la nation quelques heures après le raid, Vieira a dénoncé une tentative de prise du pouvoir "par des citoyens mal intentionnés et hostiles à la démocratie".

Il a rendu hommage aux forces armées qui ont repoussé cet assaut et a demandé à tous ses compatriotes de "respecter sans ambiguïté le verdict des urnes".

Plusieurs centaines de ses partisans ont ensuite marché en direction de la résidence présidentielle en scandant "le peuple de Guinée-Bissau veut la paix".

Des diplomates ont jugé probable que l'attaque soit le fait d'une faction dissidente des forces armées, ajoutant qu'elle était soit directement liée aux résultats du scrutin, soit à des revendications spécifiques au sein des milieux militaires.

"Il y a eu un assaut contre la résidence présidentielle. Le président et sa famille vont bien", a déclaré à Reuters Shola Omoregie, représentant du secrétaire général de l'Onu en Guinée-Bissau, qui a pu visiter les lieux après l'attaque et rencontrer le président Vieira.

Omoregie a ajouté que la situation était "très grave" et a invité responsables politiques et militaires à ne pas chercher à régler leurs problèmes par la violence.

L'UNION AFRICAINE S'INQUIÈTE

Le ministre de l'Intérieur Cipriano Cassama a précisé qu'un garde du corps présidentiel avait été tué et un autre blessé dans l'attaque, qui a duré plusieurs heures.

Des soldats bouclaient dimanche la résidence présidentielle mais le reste de la ville était calme.

Le chef d'état-major de l'armée, le général Batista Tagme Na Wai, a déclaré que cinq mutins avaient été arrêtés et a confirmé que la situation était maîtrisée à Bissau.

Selon des témoins, la façade de la résidence présidentielle, dans le quartier de Tchon de Pepel, est criblée d'impacts de balles de mitrailleuses et de roquettes. Un obus de mortier en a même transpercé la toiture.

Le président sénégalais Abdoulaye Wade a déclaré à Radio France Internationale avoir reçu dans la nuit un coup de téléphone de Vieira faisant état de tirs de soldats sur sa résidence.

Wade a dit avoir dépêché des soldats sénégalais à la frontière et avoir mis à la disposition du président bissau-guinéen un avion en vue de l'évacuer avec sa famille. Mais il a précisé que Vieira avait décliné l'offre.

Wade a invité les militaires bissau-guinéens à regagner leurs casernes.

L'Union africaine a exprimé son inquiétude devant ces violences, qui font suite à la publication vendredi des résultats des élections législatives dans l'ex-colonie portugaise.

Ce scrutin, qui s'est déroulé dans le calme, s'est soldé par une claire majorité pour le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et des îles du Cap-Vert (PAIGC), l'ancien mouvement de libération fondé par Amilcar Cabral.

"NARCO ÉTAT"

Le PAIGC, qui avait quitté en juillet le gouvernement d'union nationale de Vieria, a obtenu 67 sur 100 lors de ces élections, que les observateurs internationaux ont jugées "libres, équitables et transparentes".

Le Parti du renouveau social (PRS), qui s'appuie sur l'ethnie Balante et jouit de l'appui des chefs de l'armée, a obtenu pour sa part 28 sièges de députés mais son leader, l'ancien président Koumba Yala, a contesté la régularité du scrutin.

Celui-ci a été marqué par la défaite du Parti républicain pour l'indépendance et le développement (PRID), formation se réclamant du président Vieira, créée pour l'occasion et emmenée par l'ancien Premier ministre Aristides Gomes.

Les responsables de l'attaque de dimanche contre la résidence du président, apparemment des soldats du rang, seraient soit des partisans de Yala, soit des fidèles mécontents de l'ancien chef de la marine, le vice-amiral Jose Americo Bubo Na Tchuto, qui a fui le pays en août après avoir été accusé de complot, dit-on de source diplomatique.

Yala, renversé en 2003 par un coup d'Etat et candidat malheureux face à Vieira lors de la présidentielle de 2005, a réclamé une enquête internationale sur le trafic de drogue sous la présidence actuelle. Il a dit avoir échappé de peu vendredi à son arrestation par la police secrète.

Ces dernières années, la Guinée-Bissau, ses îles, ses côtes et son arrière-pays sont devenus l'une des étapes privilégiées des barons colombiens de la drogue pour faire parvenir leur production de cocaïne jusqu'au marché européen, via les vastes étendues sahariennes.

Vieira, qui a présidé le pays de 1984 à la fin des années 1990 et a connu l'exil avant de revenir au pouvoir en 2005, doit remettre son mandat en jeu en 2010.

Les organismes internationaux de lutte contre la drogue ont tiré la sonnette d'alarme, craignant que l'ancienne colonie portugaise, où l'argent du trafic de la cocaïne est de plus en plus visible, ne se transforme rapidement en "narco-Etat". - Reuters 

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