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Les Africains demandent à l'UE d'ouvrir davantage ses frontières

Nov 26, 2008

Tout en se félicitant du dialogue engagé, les Africains n'en ont pas moins appelé l'Union européenne à une plus grande ouverture, mardi 25 novembre, lors de la conférence euro-africaine sur la migration et le développement. "Nous sommes passés de la pomme de discorde à la volonté de relever collectivement le défi" des phénomènes migratoires, insistait pour sa part à l'issue de cette rencontre, le ministre français de l'immigration, Brice Hortefeux, soulignant le chemin parcouru depuis la première rencontre de Rabat en juillet 2006.

Mardi, à l'issue de leurs échanges, les 27 Etats membres de l'Union européenne et les 27 pays africains réunis à Paris, ont unanimement adopté un programme de coopération triennal (2009-2012), combinant aide au développement, organisation de la migration légale et lutte contre la migration irrégulière. Il s'agit, a expliqué M. Hortefeux, hôte de la rencontre dans le cadre de la Présidence française de l'Union européenne, "d'une panoplie d'une centaine de propositions dans lesquelles chacun pourra puiser". En matière d'immigration irrégulière, ce programme propose notamment de "lutter contre la fraude documentaire" [falsification ou la contrefaçon de documents d'identité], en utilisant l'informatique et la biométrie. Il préconise de "renforcer le contrôle aux frontières", en favorisant la "création de postes frontières communs". Il engage aussi les pays d'origine à "améliorer la réadmission" des étrangers expulsés d'Europe, et les pays de départ à "promouvoir les retours volontaires". Pour organiser la migration légale, le programme invite à la création dans les pays d'origine "d'agences spécialisées en matière d'emploi", à l'instar du centre d'information et de gestion des migrations (Cigem) ouvert en octobre à Bamako et financé par l'Union européenne. Il confirme également le voeu européen de favoriser une "immigration choisie", en appelant à privilégier l'accueil de "travailleurs hautement qualifiés", tout en "cherchant à éviter la fuite des cerveaux".

Pour favoriser enfin le lien entre migration et développement, le programme préconise d' "accompagner les politiques d'emploi et de développement économique et social des pays d'origine", d' "améliorer la protection sociale des migrants" et de "faciliter la baisse des coûts de leurs transferts de fonds".

"UNE VOLONTÉ EUROPÉENNE DE SE BUNKARISER"

"A l'issue de la conférence, Européens et Africains se félicitaient tous du consensus trouvé autour de ce programme. Les seconds, au cours de la journée, ne s'étaient toutefois pas interdits de nuancer cette unanimité et d'exprimer quelques réserves à l'égard notamment du Pacte européen sur l'immigration et l'asile. L'adoption en octobre par l'UE de ce pacte "a semé le doute, n'a pas caché Cheikh Tidiane Sy, ministre de l'intérieur sénégalais. Dans l'esprit des fervents militants du processus euro-africain, ce pacte est perçu comme une volonté des Européens de se bunkariser", a-t-il souligné, appelant l'UE à "un effort de clarification et d'explication".

"Alors que M. Hortefeux, comme Jacques Barrot, vice-président de la Commission européenne, vantaient l'"équilibre" de ce texte signé par les Vingt-Sept Etats membres de l'Union, les Africains ont appelé cette dernière à une plus grande ouverture de ses frontières. "L'Europe ne doit pas être une passoire mais l'Europe doit intégrer qu'elle va avoir besoin d'ici 2030 de 30 millions de non européens qualifiés et non qualifiés", a souligné le ministre des affaires étrangères marocains Taïb Fassi Fihri, appelant l'Union à plus de "réalisme" et à "s'inscrire dans une

"logique constructive et ouverte qui aille bien au-delà de cette volonté de se fermer". "Tant qu'il y aura des contradictions entre une politique de migration européenne restrictive et les demandes des migrants, les flux d'immigration irrégulière continueront. [Il faut] ouvrir des passerelles de migration régulière pour tempérer les velléités de départ clandestin", a insisté le ministre marocain, relayé par son homologue burkinabé Bédouma Alain Yoda. Plaidant pour des projets locaux de développement dans les pays d'origine, ce dernier a lui aussi exhorté l'Europe à "assouplir les conditions d'entrée" sur son territoire, sous peine de voir les mêmes problèmes perdurer. Le Monde 

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