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Les biens mal acquis par Sassou Nguesso exposés à Paris

Feb 07, 2015
Les biens mal acquis par Sassou Nguesso exposés à Paris

Après le fils du président équato-guinéen Teodoro Obiang qu'ils ont mis en examen, la famille de Sassou Nguesso: les juges financiers parisiens chargés de l'enquête dite des biens mal acquis ciblent l'entourage du président congolais.

Les juges Roger Le Loire et René Grouman ne semblent guère impressionnés par Denis Sassou Nguesso qui, en avril 2013, lors d'une visite officielle en France, leur avait dénié "le droit" d'enquêter sur le patrimoine de sa famille. Une entorse, selon lui, au principe de non-ingérence.

Tout comme le Gabonais Omar Bongo, décédé depuis, et les Obiang, le président du Congo et sa famille sont visés depuis 2009 par une enquête sur leur patrimoine français. Elle a été déclenchée par une plainte de l'association Transparency International qui le soupçonnait "d'avoir détourné, à son profit et au profit de sa famille et de son clan, une partie substantielle de la rente pétrolière" du pays d'Afrique centrale.

La semaine dernière, une quinzaine de véhicules de luxe ont été saisis à Neuilly-sur-Seine, chez des membres de sa famille, ont annoncé des sources proches de l'enquête.

Dans cette commune cossue de la banlieue parisienne, les enquêteurs ont déjà mené une perquisition, le 3 octobre 2014, dans un triplex de 300 m2 dont ils sont convaincus que "les réels propriétaires", dissimulés derrière des sociétés civiles immobilières (SCI), sont un couple de la famille, a-t-on ajouté.

Une perquisition spectaculaire, selon un inventaire dressé par une source proche du dossier: bijoux, montres, parfois serties de pierres précieuses, vêtements de marque pour certains encore munis de leur étiquette de prix s'élevant à plusieurs milliers d'euros. Mais aussi des factures d'achats de vêtements pour plus de 1,3 million d'euros entre février 2010 et janvier 2011.

Quand ils ont demandé à une occupante de l'appartement d'ouvrir une valise cadenassée, les enquêteurs y ont trouvé des liasses de billets en coupures de 100 ou 200, pour plus de 250.000 euros, et près de 150.000 dollars, rapporte la source.

Entendue début novembre, l'agent immobilier qui a conclu la transaction s'est souvenue d'une vente "longue et compliquée" car le couple "a demandé des modifications" avec des requêtes parfois "démesurées comme une piscine sur la terrasse ou des dressings de 15 m2".

Les travaux dans ce triplex acquis pour environ 2,3 millions d'euros en 2009 ont été évalués par les enquêteurs à environ 1,5 million, somme notamment réglée à un architecte d'intérieur par une société offshore de droit mauricien, Cipci International, dont les enquêteurs pensent que le compte est "essentiellement alimenté" par le Trésor public congolais, poursuit une source proche de l'enquête.

Ces mouvements financiers intéressent les enquêteurs: dans le triplex de Neuilly, ils ont saisi des ordres de transfert de fonds du Trésor de Brazzaville vers diverses sociétés pour un montant de plus de 20 millions d'euros entre juin 2010 et juillet 2012.

L'écheveau de sociétés est complexe, mais les enquêteurs s'appuient notamment sur des signalements de la cellule antiblanchiment de Bercy, Tracfin. Ils s'intéressent par exemple à ces virements d'un armateur congolais "au bénéfice de sociétés d'aviation privée", d'un parc de loisir, de restaurants ou de traiteurs chics parisiens, rapporte une source proche du dossier.

En juillet, Tracfin s'étonnait aussi des 18 millions versés entre 2012 et 2014 à des architectes d'intérieur par des entités publiques congolaises.

Ce qui pourrait relever du "recel de détournement de fonds publics", selon Tracfin qui a recommandé à la justice de s'intéresser aussi à divers achats immobiliers à Paris réalisés par des ressortissants congolais, tel cet "avocat international proche du président congolais Denis Sassou Nguesso", gérant de deux SCI, rapporte la source.

"L'institution judiciaire française persiste à se mêler de ce qui ne la regarde pas. Il s'agit des finances du Congo, pays souverain, pas des finances de la France. Toute enquête de ce type est illégale au regard du droit international", juge l'avocat de la République du Congo, Jean-Pierre Versini-Campinchi. – AfricaLog avec agence

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