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OĂą allons-nous avec les comportements face Ă  Ebola?

Sep 24, 2014
OĂą allons-nous avec les comportements face Ă  Ebola?

Alors que l’on n’a pas encore fini de sécher les larmes suite à la barbarie de Womey, c’est Forécariah qui se signale dans le manque de compréhension et de tolérance à l’endroit des "bonnes volontés" engagées à rompre la chaîne de contamination du virus d’Ebola.
Le mardi, 23 septembre 2014, des individus se sont acharnés sur des agents de la Croix-Rouge Guinéenne évoluant à Forécariah ainsi qu’aux installations de la direction préfectorale de la santé.

En effet, tout serait parti du décès d’un chef de famille suivi de la mort de son épouse dont la manipulation du corps n’a pas été appréciée par ses proches.

Le député de Forécariah, Deen Touré, raconte: «Le chef de la famille Fofana, malade, s’était rendu à Conakry auprès d’un parent. Après le décès de ce parent, peu de temps après, va suivre celui de Fofana qui était de retour à Forécariah. Dix (10) jours plus tard, c’est la mort de son épouse qui est enregistrée».

Le préfet de Forécariah, quant à lui, avance: «deux femmes, dont la veuve du sieur Fofana, s’étaient rendues à Farmoréah, une sous-préfecture de Forécariah. Quelques jours plus tard, elles ont commencé à ressentir un malaise. Selon les informations, l’autre femme a succombé de la pathologie. La veuve qui avait, entre-temps, regagné la ville, a, elle aussi, rendu l’âme».

N’Fansoumane Soumah de poursuivre: «Nous avons acheminé à Conakry les échantillons des prélèvements effectués sur les deux dames. Echantillons qui se sont révélés positifs. Donc, se posaient deux problèmes. La manipulation du corps de la veuve décédée à Forécariah et la recherche des contacts des deux dames : celle décédée à Farmoréah et la veuve».

Ainsi, a-t-il été conseillé à la famille de cette dernière, dont il était formellement établi qu’elle était décédée de la maladie liée au virus d’Ebola, de manipuler le corps avec les précautions qui siéraient et la famille a accédé à la demande des agents de la Croix-Rouge. Comme quoi, la sensibilisation avait porté et on les a laissé travailler.

Alors que s’est-il passé pour que les membres de cette famille aidés d’autres citoyens, s’attaquassent aux agents de la Croix-Rouge?

D’après le député cité plus haut, «Ce qui a provoqué la colère des gens, c’est la façon dont a été manipulé le corps de leur mère. Quand les agents l’ont placée dans leur sac mortuaire, ils ont presque trainé la dépouille pour ensuite, la jeter dans leur véhicule. Tout le monde connait, le respect que nous vouons à nos morts. Surtout que c’était la mère de famille! Donc, émotion et douleur du décès se mêlant, les membres de la famille et d’autres citoyens se sont jetés sur les agents. Ils ont déchiré le sac où se trouvait le corps de leur mère et se sont mis à tout saccager sur leur passage: véhicule, centre de santé, direction préfectorale de la santé ainsi que les biens mobiliers et immobiliers».

Les membres de la famille, après avoir récupéré la dépouille, sans apparemment, aucune mesure de précaution qui devrait être observée en cette période très critique de l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola, ont finalement fait la toilette mortuaire de la défunte et l’ont inhumée. Le préfet annonce d’ailleurs, que l’identification des différents contacts à Farmoréah et à Forécariah est en cours.

Le député Deen Touré de reconnaitre: «C’est vrai que l’action et la réaction sont démesurées mais, c’est la manipulation du corps de la défunte qui a déclenché les hostilités», a-t-il rappelé avant de conseiller une formation des agents à tous les niveaux de la chaîne d’intervention pour qu’ils connaissent la sociologie des communautés, les rites funéraires variant d’une société à l’autre: «Il y en a qui incinèrent les corps, il y en a même qui tentent d’embrasser les dépouilles de leurs proches. Alors, renforçons l’éducation. Ebola est une affaire très grave. Nous devons renforcer l’éducation des intervenants sur le terrain», a insisté le député qui a toutefois regretté ce qui vient de se produire à Forécariah située à 100 km de la capitale.

Aux dernières nouvelles, le calme est revenu dans la cité après l’intervention des forces de l’ordre.

Une question: Où allons-nous avec les comportements cruels, honteux, lâches et barbares dont sont victimes les agents qui se sacrifient pour la cause nationale au travers de leur lutte en vue d’interrompre la chaîne de contamination du virus Ebola? Si ce ne sont pas les dénégations sur l’existence du virus distillées par des individus malintentionnés, ce sont les actes d’intolérance à l’encontre des sensibilisateurs et autres agents de la bonne cause. Réfléchissons-y.

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