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Peuple Guinéen: la fureur de vaincre le signe indien

May 18, 2010

Ça y est, le compte à rebours a commencé en Guinée et devra aboutir à la présidentielle du 27 juin 2010. Lundi 17 mai, a débuté la campagne électorale au cours de laquelle les candidats déjà en lice et ceux à venir qui décideront de se mettre sur la ligne de départ, devront dévoiler à l’ensemble des Guinéens leur projet de société dans le but de les décider à opter en leur faveur dans ce qui apparaît comme la toute première élection démocratique dans ce pays pourtant indépendant depuis plus d’une cinquantaine d’années. Il est légitime de s’en réjouir. Car, assurément, la Guinée revient de loin, de très loin. Qui l’eût cru ? Qui l’eût dit ?

Il y a juste quelques mois, personne n’aurait vraiment parié un kopeck que cette Guinée aux prises avec la crise qu’on lui connaissait, serait un jour en mesure de s’en sortir pratiquement indemne, à force d’avoir pansé ses plaies, et encore moins, serait en mesure d’organiser des élections dans un climat de paix, d’entente et de sérénité. Et pourtant. A ce jour, même les plus sceptiques sont contraints de se rendre à l’évidence : la campagne électorale pour la présidentielle guinéenne a bel et bien commencé et la nation entière ne s’en porte que mieux. La raison ? C’est que les Guinéens eux-mêmes y ont cru. Ils auront, malgré les immenses turbulences à eux imposées par l’histoire, su taire leurs divergences, sublimer haines et rancœur, pour se retrouver autour d’un essentiel qui grandit, ennoblit et sauve : l’avenir de la nation guinéenne. Et, véritable cadeau de la providence, ils auront bénéficié de caractères exceptionnels pour les accompagner dans l’accomplissement de cette tâche.

Des acteurs de la trempe de Sékouba Konaté, Rabiatou Serah Diallo, Jean Marie Doré auront accompli des prouesses en première ligne. C’est l’ensemble de leurs efforts consentis, conjugués avec la farouche volonté de rompre avec un passé de division, de mésentente, de larmes et de ressentiment, qui donne aujourd’hui ce que le monde entier est en passe de voir se réaliser : la tenue d’élections saines et démocratiques dans un pays qui, après plus d’un demi-siècle de souveraineté nationale, avait fini par croire qu’il était décidément l’objet de la fureur de quelque dieu vengeur.

La Guinée emprunte la dernière ligne droite qui la propulse sur la rampe d’une nouvelle histoire. Sékouba Konaté aura tenu parole. En décidant lui-même de s’abstenir de se porter candidat à la présidentielle, il aura vu juste. Il peut ainsi, sans parti pris aucun, se commettre à la redoutable tâche de son organisation, ayant pour lui une vision objective, altruiste et patriotique du sacerdoce qu’il accomplit. Pareil détachement est de nos jours si rare sur le continent africain qu’il mérite assurément d’être salué à sa juste valeur. Le même patriotisme se retrouve sans doute dans le comportement de tous ces Guinéens qui auront accepté, chacun, à un degré divers, d’assumer quelque responsabilité dans l’organe de la Transition. Ils savaient tous, dès le départ, que toute velléité de se mettre en lice pour la magistrature suprême leur était ipso facto interdite. Ils l’auront cependant accepté et auront œuvré avec le courage et l’abnégation qui caractérisent ceux qui ont résolument choisi de se défaire des serres d’un sort malveillant, qui, à l’instar d’un rapace, vous enserre et cherche à vous dépecer. Car, des écueils, il y en aura eu, depuis la retraite forcée de Dadis Camara.

Des divisions, on en aura dénombré, dont certaines étaient à même de faire échouer le processus de la Transition. Ils s’étendent de l’exigence du retour du capitaine président par ses partisans au montant de la caution exigée pour la présidentielle, en passant par la composition des membres du comité national de la transition ainsi que du choix de son président. Mais les Guinéens auront su, chacun à son niveau, et pour chacune de ces difficultés, lâcher du lest, revoir ambitions et exigences à la baisse, pour se retrouver à chaque fois autour d’un essentiel qui fédère et unit. Et c’est bien cela qui est admirable. Car, c’est bien cela aussi qui propulse la Guinée enfin hors d’une grave crise tandis qu’à quelques encablures de là, une Côte d’Ivoire dont les déchirements datent de beaucoup plus loin, à ce jour, patine, s’englue chaque minute un peu plus, au point que nul ne saurait à ce jour dire si un jour elle s’en sortira, ni comment. Pour des faits similaires vécus, la détermination des hommes en place fait souvent la différence. La nation guinéenne n’en sort que plus grandie.

Reste que pour le pays que dirige Sékouba Konaté, les choses, pour être en bonne voie, n’empêchent cependant pas que l’on garde l’œil ouvert, et le bon. L’histoire des hommes enseigne qu’il suffit souvent d’un rien pour que tout un ensemble s’écroule. Les candidats à cette présidentielle savent qu’ils jouent gros. Certains d’entre eux se sont déjà déclarés, les autres qui ne l’ont pas encore fait, savent qu’ils ont jusqu’à la date butoir du 21 mai pour dévoiler leurs ambitions. La balle est désormais dans leur camp. La Guinée dans son ensemble, ayant déjà vaincu l’essentiel des défis qui pouvaient mettre en péril la bonne tenue de ce scrutin, il leur revient sans doute de jouer la partition qui leur revient avec sérieux et lucidité. Le plus gros écueil qui guette à présent le navire guinéen serait sans doute que l’un ou l’autre des prétendants à la présidence se méprenne et décide de jouer la carte de la tribu ou de l’ethnie. Sur le continent noir, c’est le genre d’égarement qui est à l’origine, généralement, d’explosions à répétitions que nul, à la longue, ne peut maîtriser, pas même celui qui les a provoquées. Les Guinéens d’ailleurs s’en souviennent, ce mal a sévi, et durement, du temps de Sékou Touré et tout l’effet qu’il produisit se traduisit par d’innombrables massacres, d’abondantes larmes, des pleurs à l’infini, la fuite et l’exil.

Toutes ces peines devront aujourd’hui servir pour une constructive catharsis et cette dernière devra permettre à la Guinée de vaincre enfin son signe indien. Car, au final, il ne resterait alors que très peu de choses à réaliser pour que ce pays, enfin redore pleinement son blason. On croise les doigts, que vivement arrive enfin ce jour tant attendu du 27 juin 2010. – Le Pays

 

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