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Pistorius coupable d'homicide involontaire

Sep 12, 2014
Pistorius coupable d'homicide involontaire

Le champion sud-africain Oscar Pistorius, vedette du handisport mondial dont le procès a tenu l'Afrique du Sud en haleine depuis six mois, a été condamné pour homicide involontaire vendredi pour avoir abattu sa petite amie en 2013, un verdict passible de prison.

Faute de preuves irréfutables démontrant qu'il ait eu l'intention de tuer la jeune Reeva Steenkampfemme, pulpeuse starlette de 29 ans venue passer la nuit de la Saint-Valentin chez lui, la justice sud-africaine lui a laissé le bénéfice du doute.

Peu importe que l'athlète ait pu manquer de sincérité depuis le début, jurant avoir ouvert le feu sur la porte fermée des toilettes de sa chambre pour neutraliser un cambrioleur, la décision unanime de la cour a été de ne pas retenir l'accusation de meurtre.

La juge Thokozile Masipa, seule responsable de la décision avec ses deux assesseurs, a cependant considéré que Pistorius, quand bien même diminué par son handicap, avait agi de manière coupable et méritait d'être puni.

Il a agi «négligemment quand il a ouvert le feu sur la porte des toilettes sachant que quelqu'un était à l'intérieur», a souligné la juge, devant une salle d'audience au comble de la tension, laissant échapper pleurs et reniflements.

«Une personne raisonnable dans sa position, avec le même handicap, aurait prévu la possibilité que quelqu'un derrière la porte puisse être tué par les coups de feu et elle aurait pris les mesures pour éviter ces conséquences, ce que l'accusé n'a pas fait», a-t-elle déclaré, avant de rendre son verdict d'«homicide involontaire».

Le code pénal sud-africain ne prescrit aucune peine automatique ni incompressible dans ce cas.

Mais Pistorius échappe à un verdict de perpétuité -- en fait une peine incompressible de 25 ans -- qui n'aurait laissé aucune marge de manoeuvre par la suite à ses avocats pour aménager la peine, qui ne sera pas prononcée avant plusieurs semaines.

«La grande évasion d'Oscar»

Et pour la presse de son pays, ce sont bien des larmes de soulagement que Pistorius a versées jeudi dans le box des accusés.

«Oscar évite la balle», «La grande évasion d'Oscar», titraient les Unes des journaux, relayant l'étonnement qui a saisi une partie du monde judiciaire sud-africain à l'annonce qu'il échappait au verdict de meurtre.

Dans un pays gangréné par une criminalité exacerbée par les inégalités sociales et le passé violent de l'apartheid, des voix s'inquiétaient du message envoyé à la société sud-africaine.

Oscar Pistorius a été un motif de gloire nationale pendant des années en Afrique du Sud, alliant le glamour d'un sourire de play-boy à une irrésistible réussite sportive perçue comme une revanche pour un jeune homme que ses parents, lorsqu'il avait 11 mois, ont dû faire amputer des pieds et équiper de prothèses.

Sextuple médaillé d'or chez les handicapés, élu parmi les 100 personnalités de l'année 2012 par le magazine américain Time, il avait atteint la célébrité mondiale aux Jeux Olympiques de Londres, en s'alignant au côté des coureurs valides sur 400 m. Pendant toute la durée du procès, le sportif n'a pu opposer que sa parole à celle des témoins cités par l'accusation, notamment des voisins réveillés la nuit du drame par les éclats d'une dispute, des appels à l'aide et des coups de feu.

Mais malgré ses incohérences, changements de version et des efforts évidents pour donner des réponses lui permettant de sauver sa tête, la juge a refusé de l'accabler sur la base des témoins n'ayant rien vu et aux souvenirs entremêlés avec les comptes-rendus lus ou entendus dans les médias.

La juge l'a aussi acquitté de deux autres charges jointes au dossier, là encore en raison de la fragilité des témoignages, et n'a retenu contre lui que l'incident provoqué dans un restaurant de Johannesburg quelques semaines avant le drame fatal.

Pistorius s'était fait passer une arme sous la table pour l'examiner et le coup, parti par inadvertance, avait manqué d'estropier un de ses amis boxeur.

«Il n'a peut-être pas appuyé sur la gâchette intentionnellement, mais cela ne l'absout nullement d'avoir manié une arme avec négligence», a condamné la juge.

«L'accusé était suffisamment familier des armes à feu (...) et il n'aurait pas dû demander à voir une arme à feu dans un restaurant qui plus est bondé», a-t-elle dit.

L'ironie de cette affaire est que, lorsque la presse locale en eut vent en janvier 2013, Reeva Steenkamp, avait conscieusement défendu Pistorius et démenti l'incident qui aurait pu lui valoir une inculpation et un retrait de port d'armes. – AfricaLog avec agence

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