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Prison à vie pour Bagosora, jugé coupable de génocide au Rwanda

Dec 19, 2008

Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a condamné à la prison à vie un ancien colonel de l'armée rwandaise, Théoneste Bagosora, accusé d'avoir été l'artisan du génocide de 1994.

Le TPIR, qui siège à Arusha en Tanzanie, accusait Bagosora, 67 ans, d'avoir eu la haute main sur les troupes et les milices Interahamwe (milice hutue) qui ont massacré 800.000 Tutsis et Hutus modérés au printemps 1994.

"Le colonel Bagosora est coupable de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre", a déclaré le tribunal.

Dans son acte d'accusation, le TPIR écrivait qu'avant le début du génocide, Théoneste Bagosora avait claqué la porte de négociations de paix en Tanzanie en disant qu'il regagnait le Rwanda afin de "préparer l'apocalypse".

Le général canadien Roméo Dallaire, qui dirigeait les casques bleus de l'Onu au moment du génocide, a estimé que Bagosora était la cheville ouvrière du génocide et affirmé que le colonel avait menacé de le tuer avec son pistolet.

"C'est très bien qu'il ait enfin été reconnu coupable. C'est un message fort adressé à tous ceux qui voudraient commettre à nouveau de tels actes. Ils devraient savoir qu'on ne peut jamais échapper à la justice", a déclaré Robert Munyeneza, un rescapé du génocide âgé de 25 ans.

Théoneste Bagosora, ancien directeur de cabinet au ministère de la Défense, assumait le contrôle des affaires militaires et politiques au Rwanda au moment où l'avion du président Juvénal Habyarimana a été abattu.

Cet attentat a été l'événement déclencheur du génocide.

Bagosora devait répondre de 11 chefs d'inculpation de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Il avait plaidé non coupable.

20 ANS DE PRISON POUR ZIGIRANYIRAZO

Après le génocide, il avait réussi à fuir au Cameroun. Il y avait été arrêté en 1996 et extradé afin qu'il soit traduit devant ses juges en 1997. Son procès s'est ouvert en 2002 et a duré cinq ans, jusqu'à la mi-2007.

Bagosora, né en 1941 dans la préfecture de Gisenyi, dans l'ouest du Rwanda, a été reconnu coupable de la mort de dix membres du contingent belge de maintien de la paix, du meurtre du Premier ministre rwandais et du président de la Cour constitutionnelle et de l'organisation de plusieurs massacres à Kigali et Gisenyi.

L'ancien colonel Anatole Nsengiyumva et l'ancien commandant Aloys Ntabakuze ont également été condamnés à la prison à vie pour génocide. Le général Gratien Kabiligi a été acquitté de l'ensemble des charges prononcées à son encontre.

Les avocats de Bagosora, Nsengiyumva et Ntabakuze ont indiqué qu'ils allaient faire appel des condamnations. Selon eux, le verdict montrent que les actes reprochés à leurs clients ont été influencés par l'état de guerre et qu'ils n'avaient pas préparé de génocide.

Les avocats entendent également écrire au Conseil de sécurité des Nations unies pour demander la suspension du TPIR, le tribunal ayant, ont-ils dit, fermé les yeux sur les crimes commis par les rebelles de l'actuel président Paul Kagamé.

Le TPIR a également condamné à 20 ans de prison pour génocide et extermination l'homme d'affaires et beau-frère de feu Habyarimana, Protais Zigiranyirazo, surnommé "Monsieur Z", pour avoir "participé à une entreprise criminelle commune avec l'objectif de commettre le génocide et l'extermination, ainsi que d'avoir aidé et encouragé le génocide".

Agé de 70 ans, Zigiranyirazo est accusé d'avoir été membre de l'Akazu, petite mais puissante élite de familles hutues qui aurait programmé l'extermination de la minorité tutsie. Il aurait été membre des escadrons de la mort du "Réseau zéro", qui avaient assassiné des centaines de Tutsis et de dirigeants de l'opposition dans les années qui précédèrent le génocide.

Dans le jugement du TPIR, Zigiranyirazo a été notamment reconnu coupable d'avoir encouragé, dans un discours, le massacre de 800 à 1.500 réfugiés tutsis à Kesho Hill.

Depuis qu'il a entamé ses travaux en 1997, le TPIR a rendu 35 verdicts, dont cinq d'acquittement. Ce tribunal a jusqu'à la fin de l'année pour terminer ses travaux en cours, et jusqu'en 2010 pour entendre tous les appels. L'Assemblée générale des Nations unies débat actuellement d'une éventuelle prolongation du mandat du TPIR.

"Tous les autres génocidaires encore en fuite devraient être traduits en justice le plus vite possible. C'est alors que les victimes obtiendront réparation", a estimé Chantal Kabasinga, présidente de l'association des veuves du génocide rwandais. - Reuters

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