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RDC: États-Unis et Nations Unies accusent les forces armées de «crimes contre l’humanité »

Mar 15, 2010

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sont en bonne partie responsables d’une épidémie de violences sexuelles dans l’est du pays, selon des rapports des États-Unis et des Nations Unies. Ces rapports détaillent les crimes de guerre et les crimes potentiels contre l’humanité commis par divers groupes en RDC.

Les FARDC tentent de mettre en déroute les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les rebelles ougandais de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) dans la région du Kivu et de la province Orientale, dans l’est du Congo. Leurs opérations ont cependant été critiquées à cause de l’impact qu’elles ont sur les civils.

« Les groupes armés tels que la LRA et les FDLR commettent des atrocités qui constituent de graves violations de la loi humanitaire internationale et même, dans certains cas, des crimes contre l’humanité », selon des experts des Nations Unies.

« Dans le Nord-Kivu, une organisation d’aide aux victimes de violences sexuelles a enregistré 3 106 cas entre janvier et juillet 2009 ; la moitié d’entre eux sont le fait de membres des FARDC », a indiqué un groupe de sept experts des Nations Unies dans son deuxième rapport sur la situation en RDC, qui a été soumis au Conseil de sécurité le 8 mars dernier.

Avant de rejoindre l’armée dans le cadre d’initiatives de paix, de nombreux soldats des FARDC faisaient partie de groupes rebelles.

En 2009, certains groupes, toujours armés, « ont continué de commettre de nombreux abus graves – parmi lesquels certains peuvent être considérés comme des crimes de guerre – notamment des meurtres, des enlèvements et des tortures », selon le rapport annuel du gouvernement américain sur la situation des droits de l’homme dans le monde, publié le 11 mars dernier.

À cette litanie d’abus, les experts des Nations Unies ont ajouté les arrestations arbitraires, le travail forcé et l’extorsion.

En octobre dernier, des soldats auraient commis 116 viols dans un seul quartier du territoire de Dungu, en province Orientale, selon le Projet Enough, basé aux États-Unis.

« L’un des plus brutaux était le viol collectif d’une femme enceinte par cinq soldats congolais près du marché de Bangadi, le 8 octobre 2009 », indiquait Enough.

Le commandant des FARDC, le général Léon Mushale, a dit à Enough que le problème ne concernait que des cas isolés : « C’est la faute des hommes, et non pas de l’organisation... Nous examinons les problèmes au cas par cas », a-t-il dit.

« Il y a une corrélation entre la paix et les viols », a récemment dit à IRIN Bora Kawende, directrice intérimaire du bureau du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) au Nord-Kivu. « Pendant la guerre, les soldats commettent des viols collectifs et massifs ».

Vides juridiques

Selon le rapport des experts des Nations Unies, l’impunité, l’absence de règle de droit et la position subalterne des femmes en matière sociale et juridique ont renforcé le climat général d’acceptation et de tolérance de la violence faite aux femmes et aux filles dans les sociétés de plus en plus militarisées, comme dans l’est de la RDC.

« La loi n’est pas suffisamment appliquée », a indiqué Mme Kawende. « Et si l’auteur du crime est condamné, le gouvernement doit avoir une prison où l’envoyer », a-t-elle ajouté. À Mbandaka, un soldat a été déclaré coupable de viol, mais il n’a pas pu être emprisonné parce que la prison avait été détruite pendant la guerre.

Selon les experts, le système judiciaire militaire du Congo a juridiction sur la plupart des cas de violations graves des droits de l’homme et de la loi humanitaire internationale, mais il est faible et peu résistant face à l’ingérence exécutive des décideurs militaires ou politiques.

« La solution, c’est la justice, la justice et encore la justice », a dit Esteban Sacco, directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Nord-Kivu. « Il faut qu’il y ait un système qui permette de traduire en justice les auteurs des viols ».

Lors d’un séminaire à Goma, le procureur général du Nord-Kivu, Mulumba Kifulya, a dit que les arrestations et les poursuites prenaient trop de temps et que de nombreuses victimes étaient trop pauvres pour mener des poursuites ou préféraient se tenir tranquilles.

Impliquer les hommes

L’organisation de charité Women for Women a appelé les hommes à apporter leur aide pour lutter contre les abus sexuels. « En décembre, nous avons organisé un séminaire pour 550 formateurs de formateurs, notamment des soldats, des membres du clergé, des chefs traditionnels et des administrateurs locaux » a dit à IRIN Clovis Mulungula, adjoint au parrainage. « Les séminaires nous ont fait prendre conscience que certains hommes ne connaissaient pas les conséquences [de ces actes] ».

Selon OCHA, au moins 1,36 million de personnes ont fui les violences dans les Kivus. Dans les Hauts Plateaux d’Uvira, au Sud-Kivu, des milliers de civils sont piégés par le conflit depuis le mois de février, a indiqué Médecins sans frontières (MSF).

« Nous avons entendu dire par des gens qui ont atteint notre structure médicale que de nombreux civils ont peur de venir à l’hôpital », a dit Philippe Havet, chef de mission MSF en RDC, le 11 mars. « Il vivent dans la peur constante d’être attaqués ». – IRIN

 

 

 

 

 

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