Le chef rebelle congolais Laurent Nkunda, qui déstabilisait l'est de la République démocratique du Congo (RDC) et le pouvoir de Kinshasa depuis plusieurs années, a été arrêté jeudi soir au Rwanda et pourrait être remis incessamment aux autorités de Kinshasa.
"L'état-major conjoint des FARDC (Forces armées de RDC) et des éléments de renseignement RDF (Forces de défense du Rwanda) informe de l'arrestation du général déchu Laurent Nkunda jeudi à 22H30 sur le territoire rwandais", frontalier de la RDC, a annoncé un communiqué de l'inspecteur général de la police de RDC, John Numbi. Le chef historique de la rébellion du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP), créée en 2006, était vraisemblablement vendredi "en résidence surveillée à Gisenyi", localité située au Rwanda mais à la frontière avec l'est de la RDC, selon une source de la rébellion. A Kinshasa, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a exprimé la satisfaction des autorités et souhaité l'extradition de M. Nkunda "dans la perspective qu'il soit présenté" devant la justice congolaise. M. Nkunda pourrait être remis vendredi soir aux autorités congolaises, selon des sources diplomatiques et militaire. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en septembre 2005 par la Haute Cour militaire congolaise pour désobéissance et crimes de guerre à Bukavu, capitale de la province congolaise du Sud-Kivu (est) qu'il avait prise brièvement en juin 2004. Les forces rwandaises et congolaises, qui sont impliquées depuis mardi dans une opération militaire conjointe et inédite dans l'est de la RDC, étaient arrivées jeudi aux portes de Bunangana, fief de M. Nkunda. Après de brefs affrontements, l'ex-général congolais tutsi serait parti en territoire rwandais tout proche. M. Nkunda avait été affaibli début janvier par un putsch interne mené par le chef d'état-major du CNDP, le général Bosco Ntaganda, qui l'avait "limogé" pour "mauvais leadership". Dans la foulée, le 16 janvier, M. Ntaganda et des commandants du CNDP avaient déclaré "la fin de la guerre" contre les FARDC et s'étaient dits prêts à intégrer leurs troupes dans l'armée congolaise. Ce ralliement avait été annoncé en RDC, en présence de chefs des FARDC, du ministre congolais de l'Intérieur Célestin Mbuyu et du chef d'état-major de l'armée rwandaise, James Kabarabe. A la suite de ce "schisme", le rapport de force restait incertain entre les deux factions du CNDP, qui contrôlait une grande partie de la province congolaise du Nord-Kivu après avoir mis en déroute l'armée gouvernementale dans cette région fin 2008. L'état-major de l'opération conjointe des armées congolaise et rwandaise a remercié vendredi "tous les militaires" du CNDP qui, en faisant défection, ont permis l'arrestation de leur chef. L'ONU a elle demandé aux rebelles d'intégrer l'armée. Le 20 janvier, plus de 3.500 soldats rwandais, selon l'ONU, sont entrés dans l'est de la RDC. Suivis des FARDC, ils sont entrés, sans résistance, dans des localités contrôlées depuis des semaines par le CNDP. L'objectif avoué de l'offensive conjointe est de traquer les rebelles hutu rwandais réfugiés en RDC, mais elle a eu pour premier résultat de faire tomber M. Nkunda. Vendredi, un important axe routier de l'est de la RDC (Kiwanja-Nyamilima), auparavant bastion des rebelles hutu rwandais, était sous le contrôle total des soldats congolais appuyés par des soldats rwandais, a constaté l'AFP. L'armée rwandaise est entrée cette semaine en RDC, non plus comme par le passé pour soutenir des rébellions hostiles à Kinshasa, mais dans le cadre d'un plan international de stabilisation de la région. Cependant cette intervention suscite beaucoup de méfiance en RDC. Le principal parti d'opposition, le Mouvement de libération du Congo (MLC), a d'ailleurs demandé la convocation d'une session extraordinaire de l'Assemblée nationale sur le sujet. - AFP