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Réactions suite à l’attaque des installations de MSF à Macenta

Apr 05, 2014
Réactions suite à l’attaque des installations de MSF à Macenta

«Nous avons évacué tout notre personnel et fermé le centre de traitement», annonce Sam Taylor de MSF. «Que deviennent les centres d'isolement? Et si les malades sortaient pour rejoindre leurs domiciles?», s’interroge Mme Yansané Fatou Baldé du CNOSCG.

«Tous les individus qui se sont rendus coupables d’actes de vandalisme » seront « traqués et traduits devant la justice», promet le Premier ministre.

Notre «reconnaissance à Médecins Sans Frontières pour le travail abattu sur le terrain», déclare Dénis Galéma Guilavogui de l’AREMA.

«On a déjà organisé avec le personnel national qui travaille là-bas pour qu’il continue à donner tout l’appui aux malades», rassure Mme Corinne Benazech de MSF suisse.
« Nous faisons face à une épidémie d'une ampleur inédite », prévient Mariano Lugli de MSF.

C’est la réprobation totale en Guinée à la suite de la colère insensée d’une partie des populations de Macenta contre l’ONG humanitaire internationale "Médecins Sans Frontières" (MSF). En effet, elles accusent MSF d’être à l'origine de l'épidémie de la fièvre hémorragique Ebola qui sévit dans certaines villes du sud de la Guinée dont Macenta, considérée d’ailleurs, comme l’un des épicentres de la fièvre hémorragique.

Naturellement, la première réaction est venue de cette structure humanitaire dont le chargé des communications d’urgence a déclaré à la presse: «Nous avons évacué tout notre personnel et fermé le centre de traitement». Sam Taylor souligne toutefois que «Nous avons l'entier soutien des dirigeants locaux et nous travaillons avec les autorités pour essayer de résoudre ce problème aussi vite que possible de façon à pouvoir recommencer à soigner les gens».

La première Vice-président du Conseil National des Organisations de la Société civile de Guinée (CNOSCG) a aussi exprimé son indignation mêlée d’inquiétudes: «Les populations de Macenta à bout de force et désespérées face à l'inconnue Ebola, ont attaqué les locaux de MSF et pensent que les blancs ont délibérément introduit Ebola en forêt. L'équipe médicale vient d'être évacuée sur Nzérékoré. Que deviennent les centres d'isolement? Et si les malades sortaient pour rejoindre leurs domiciles? Et si, et si? L'heure est grave», déclare Mme Yansané Fatou Baldé qui extériorise son profond dépit en ces termes: «C'est dommage. Si les populations avaient eu suffisamment d'informations elles allaient bien comprendre. Je suis très triste vraiment».

Le Gouvernement de son côté, n’a pas tardé à regretter le fait «que des groupuscules de personnes à Macenta, zone touchée par la fièvre hémorragique Ebola, s’en sont pris à ‘’Médecins Sans Frontières’’ (MSF), une ONG qui intervient en Guinée depuis l’annonce officielle de l’épidémie».

Comme si cette réaction ne suffisait pas, c’est le Premier ministre en personne qui a condamné l’attitude de loubards inconscients qui se sont attaqués aux installations de MSF. Mohamed Saïd Fofana a, en des termes clairs, exprimé le choc qu’a ressenti chacun des Guinéens en condamnant l’acte, tout en encourageant les partenaires à poursuivre leur assistance.

Le Chef du Gouvernement commence par un rappel: «Hier [vendredi 4 avril ; NDLR], comme vous le savez, des incidents se sont déroulés à Macenta par des individus qui ont été manipulés, qui sont mal informés. Et des actes de vandalisme ont été commis à l’endroit de nos amis, des partenaires qui sont venus nous aider pour vaincre cette maladie que nous redoutons tous».

Ensuite le Pm d’exprimer le regret du peuple de Guinée suite à ces actes: «Nous voulons à cet instant, présenter, au nom du Chef de l’Etat et du Gouvernement, tous nos regrets par rapport à cet acte».

Saïd Fofana de rassurer des mesures prises pour le maintien de la quiétude et la sécurité des partenaires: «Je dois rassurer les populations: 1- le Gouvernement a pris toutes les dispositions pour que jamais plus ces actes ne se répètent. A l’heure où je vous parle, des forces de sécurité sont en train de se déployer sur la zone pour que tous les individus qui se sont rendus coupables d’actes de vandalisme soient traqués et traduits devant la justice.

2- Nous allons assurer la sécurité des personnes et des biens notamment, nos amis Médecins Sans Frontières, nos amis de la Croix-Rouge qui ont laissé tout, au risque de leurs vies, et qui sont venus s’investir aux côtés du Gouvernement guinéen pour nous aider à vaincre cette maladie. Et nous pouvons rassurer la population que tout est mis en œuvre pour que cette lutte-là soit remportée, cette maladie soit vaincue. Elle le sera. Mais, avec la collaboration de tout le monde».

Suivra l’entretien de certains membres du Gouvernement avec des membres de l’ONG MSF sur l’évolution de la maladie et les incidents de Macenta. Les partenaires ont ainsi été encouragés à poursuivre la lutte contre la fièvre hémorragique Ebola aux côtés des Guinéens.

Au terme de la rencontre, le Chef de mission de MSF suisse, Mme Corinne Benazech est apparue rassurante: «il n’y a pas de problème pour nous. Nous sommes très contents de la collaboration avec tous les ministères du pays. Maintenant, on est en train de voir comment on peut organiser la situation au niveau du centre de traitement qui est là-bas [Macenta ; NDLR]. On a déjà organisé avec le personnel national qui travaille là-bas pour qu’il continue à donner tout l’appui aux malades. Pour nous, il est urgent de continuer avec le Ministère de la Santé pour que nous continuions les interventions sur l’épidémie».

La dernière réaction est venue de l’Association des Ressortissants de Macenta à Conakry (AREMA) qui a condamné «de la façon la plus totale le comportement incompréhensible et incohérent de certains individus mal intentionnés qui se sont attaqués à Médecins Sans Frontières, saccageant leur campement et allant même jusqu’à blesser une dame appartenant à cette ONG de réputation internationale».

Leur porte-parole, Dénis Galéma Guilavogui a saisi l’occasion au nom de l’AREMA, «pour remercier très sincèrement et exprimer toute sa reconnaissance à Médecins Sans Frontières pour le travail abattu sur le terrain. Parce que nous avons la conviction que tous les coopérants venus dans ce cadre-là, comme tous les autres, sont venus s’investir pour nous aider à éradiquer la fièvre Ebola dans notre pays et particulièrement, à Macenta qui est devenue un des épicentres de la maladie». Il a conclu en remerciant «le Gouvernement pour tous les efforts déployés afin de consacrer la victoire de la lutte contre la fièvre Ebola dans notre pays par la sensibilisation des populations».

Les responsables de l’ONG eux, comprennent la gravité de la pathologie. C’est le cas de Mariano Lugli, Coordinateur de MSF à Conakry: «Nous faisons face à une épidémie d'une ampleur inédite dans la répartition des cas à travers le pays». Il précise par ailleurs que «Cette propagation géographique est préoccupante parce qu'elle complique considérablement la tâche des organisations qui travaillent à l'endiguement de l'épidémie».

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