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Sénégal: l'opposition manifeste, le monument de la Renaissance inauguré

Apr 03, 2010

Plus d'un millier d'opposants au régime du président sénégalais Abdoulaye Wade ont manifesté samedi à Dakar juste avant l'inauguration du monument controversé de la Renaissance africaine, plus haute que la statue de la Liberté de New York.

Les manifestants, réclamant notamment le départ du chef de l'Etat, 84 ans, au pouvoir depuis 2000, ont défilé sans incident à environ 3 km de la statue, a constaté un journaliste de l'AFP. La marche avait dans un premier temps été interdite par les autorités avant d'être finalement autorisée samedi matin.
Le monument doit être inauguré en fin d'après-midi en présence de plusieurs chefs d'Etat africains lors d'une cérémonie constituant le point d'orgue du cinquantenaire de l'indépendance de cette ancienne colonie française d'Afrique de l'Ouest, réputée pour sa stabilité politique.

"Signons le départ de Wade", "Le peuple exige une éthique de gouvernance et rejette la gestion mafieuse du clan Wade", pouvait-on lire sur des banderoles.

Plusieurs leaders de l'opposition étaient présents, notamment le chef du Parti socialiste (PS, qui a dirigé le Sénégal de 1960 à 2000) Ousmane Tanor Dieng, ainsi que d'anciens Premiers ministres du chef de l'Etat passés à l'opposition comme Moustapha Niasse et Macky Sall.

Pour M. Niasse, leader de l'Alliance des forces du progrès (AFP), "les raisons de cette marche dépassent le monument", et concernent aussi notamment la cherté de la vie et les entraves à la liberté de la presse.

Le monument en bronze représentant un couple et un enfant, construit par des Nord-Coréens dans un style vaguement soviétique, "n'a rien d'africain et le président Wade cherche à l'imposer au Sénégal et aux Africains", selon lui.

Pour la députée de l'opposition, Ndèye Fatou Touré, il s'agit d'"un monstre économique et d'un scandale financier dans le contexte de crise" actuel, dans un pays où la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Le coût de cette statue monumentale qui domine la capitale est estimé à plus de 15 millions deuros mais c'est surtout l'idée qu'un tiers des recettes puisse revenir au président Wade au titre de droits d'auteur comme concepteur de la statue qui a été vivement critiquée.
Des chefs musulmans sénégalais y ont même vu un symbole d'idolâtrie, dans un pays majoritairement musulman.

Pour les promoteurs de la statue, il s'agit au contraire du symbole d'une Afrique émergente sur le plan mondial, forte de son milliard d'habitants et d'une économie en pleine croissance malgré une pauvreté endémique.

Cette imposante structure haute de 52 mètres montrant "une Afrique sortant des entrailles de la terre, quittant l'obscurantisme pour aller vers la lumière" est ainsi comparé par ses promoteurs à la Tour Eiffel à Paris, la Statue de la liberté à New York, ou le Christ Rédempteur à Rio de Janeiro.
Cette statue particulièrement choyée par le président Wade devait être inaugurée en fin d'après-midi. Plusieurs chefs d'Etat africains ont fait le déplacement.

Par contre, le président de la France, ancienne puissance coloniale, Nicolas Sarkozy sera absent. Il a envoyé un message écrit à son homologue sénégalais.

Paris sera donc représenté à l'inauguration par son ambassadeur à Dakar, l'écrivain Jean-Christophe Rufin. Le ministre français de l'Intérieur Brice Hortefeux est attendu samedi soir pour participer aux défilés marquant le jour officiel de l'indépendance, le 4 avril. – AFP
 

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