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Un autre massacre de Paul Biya

Feb 18, 2020

L’ONU a réclamé mardi aux autorités camerounaises une enquête«indépendante, impartiale et complète» après la mort de 23 personnes, dont 15 enfants. L’armée évoque un «malheureux accident».

Vendredi matin, des hommes armés portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, dans le nord-ouest du Cameroun, puis ont tué par balle et brûlé des habitants. Dimanche, un représentant de l’ONU dans la province, a précisé que 22 civils, dont 14 enfants, une femme enceinte et deux femmes portant des bébés, avaient été tués par «des hommes armés».

«Les gens nous ont appelés au téléphone pour dire que des militaires sont venus et ont cassé les portes, tiré sur ceux qui se trouvaient sur place et brûlé des maisons», a raconté Louis Panlanjo, habitant de Ntumbo et membre d’une ONG locale. Environ 800 villageois «ont quitté les lieux pour se réfugier dans le centre-ville», a-t-il ajouté.

Un sanglant conflit entre forces de sécurité et groupes armés anglophones séparatistes a fait plus de 3 000 morts et 700 000 déplacés en trois ans dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise. L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits humains de commettre des exactions et des crimes contre des civils dans les deux régions anglophones.

Juste avant les élections législatives et municipales du 9 février, des séparatistes armés dans les régions anglophones du Cameroun avaient déjà enlevé plus d’une centaine de personnes, incendié des biens et menacé des électeurs. Les forces de sécurité de l’État sont de leur côté accusées de n’avoir pas suffisamment protégé les civils des menaces posées par les séparatistes, et même d’avoir commis de nouveaux abus à leur encontre au cours de la même période.

L’armée a mis trois jours avant de s’exprimer pour la première fois au sujet du drame de Ntumbo, en démentant la version qui voudrait que des militaires aient tué 22 civils en zone anglophone.«Cela nous a pris tout le week-end pour enquêter, c’est pour cela que nous ne réagissons qu’aujourd’hui», a plaidé le colonel Atonfack.«Il s’agit tout simplement d’un malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation dans la région», a-t-il ajouté.

Selon lui, quatre militaires et deux gendarmes qui effectuaient une «reconnaissance nocturne à pied» près d’une habitation «transformée en camp fortifié» et en stock d’armes, ont essuyé des «tirs nourris». «Sept terroristes» ont alors été mis «hors d’état de nuire» lors de cette opération. Le colonel conclut que «cet incendie a fait 5 victimes, dont une femme et 4 enfants, bien loin de ce qui est relayé dans les réseaux sociaux». Ses propos ont immédiatement provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. «Incroyable!!!!!!!!!! Mais qui sont ces monstres?!?!? Qui sont-ils?!?!?», s’est ainsi émue sur Twitter l’opposante Edith Kah Walla, candidate à la présidentielle en 2011. «Après avoir nié le massacre, voilà comment l’armée traite les vies humaines», a-t-elle encore tweeté.

Paul Barthélemy Biya'a bi Mvondo alias Paul Biya est président de la République du Cameroun depuis 1982 - AfricaLog avec agence

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