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Vaccin contre Ebola: Quelles Stratégies de développement et de production?

Sep 16, 2014
Vaccin contre Ebola: Quelles Stratégies de développement et de production?

L’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest a une fois de plus, montré la faiblesse des systèmes de santé publique de ce pays. C’est dans cet esprit, que scientifiques, professionnels de la santé et leaders d’entreprises bio-pharmaceutiques du monde, viennent de se retrouver à Washington D.C. Ils ont ainsi, pendant 72 heures (du 8 au 10 Septembre 2014), échangé avec les responsables de l’organisme de régulation des médicaments aux Etats-Unis, la FDA (Food and Drug Administration).

Lors de la plénière du 8 septembre, le scientifique en chef de la FDA chargé de la Stratégie de soutien aux initiatives pour la facilitation du développement de produits innovateurs, Dr Stephen Ostroff (photo), a fait le point sur le mécanisme de développement rapide et de production d’un vaccin contre le virus Ebola en vue de sauver les vies dans les pays touchés où le bilan est, selon l’OMS, de plus de 2 200 morts.

Il faut souligner que le processus de développement et de production d’un produit biologique aux Etats-Unis est complexe et très long. Les essais cliniques allant de la phase I à la phase III ainsi que la soumission du dossier à l’approbation de l’agence de régulation, la FDA, peut durer en moyenne 10 ans avec un coût d’environ 1 milliard de dollars US. Ceci, sans aucune garantie que le produit sera approuvé et les chances de succès d’un produit biologique lors des essais cliniques sont donc très réduites.

Reconnaissant toutefois les difficultés auxquelles font face les compagnies bio-pharmaceutiques, le Ministère américain de la Santé, à travers son agence BARDA (Biomedical Advanced Research and Development Authority), a accordé une subvention de 42 millions USD à la start-up qui a développé le médicament ayant été utilisé pour traiter les deux (2) américains infectés par Ebola au Liberia. Ce fonds permettra ainsi à Mapp Biopharmaceutical d’accélérer les essais cliniques et la production du vaccin surtout que la compagnie avait jusque-là des difficultés à lever des fonds auprès des investisseurs. La fièvre Ebola étant une maladie isolée à l’Afrique.

Dr Stephen Ostroff de la FDA a également fait savoir que le même mécanisme qui avait permis de faciliter le développement du vaccin contre la méningite pour soulager les populations africaines peut être employé dans le combat contre Ebola. La FDA et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont signé un Protocole d’Accord [en anglais, Mémorandum of Understanding (MOU)] qui permettra d’échanger des informations sur Ebola.

Le projet de développement du Vaccin contre la Méningite avait permis à la CBER (Center for Biologics Evaluation and Research) de la FDA de collaborer avec l’OMS, l’ONG Path basée aux Etats-Unis, la Fondation Bill & Melinda Gates en vue de faciliter le développement et le transfert de technologie à une société installée en Inde pour la production d’un vaccin contre cette maladie à un cout réduit pour le soulagement des populations les plus touchées au Niger, Burkina, Mali, Tchad, Ethiopie.

La suggestion qui pourrait être faite c’est que, ce même procédé pourrait être utilisé pour le cas du vaccin contre Ebola. A la différence, qu’il ne devrait pas être question d’un transfert de technologie à Bombay (Inde) ou autre lieu mais plutôt, en Afrique. Par exemple au niveau d’un des pays du bec de perroquet dont les populations sont très affectées : Conakry, Freetown et Monrovia. Une autre façon de développement de l’industrie biopharmaceutique en Afrique.

Et pour cela, il faudrait commencer par valoriser les sciences, l’ingénierie biopharmaceutique et la formation scientifique pour que les médicaments devant traiter les africains puissent être développés et produits en Afrique.

Il est de notoriété que les entreprises bio-pharmaceutiques ne s’intéressent le plus souvent pas directement aux maladies qui affectent les Africains parce que, ce marché ne rapporterait pas assez. Et il se trouve que ces sociétés sont pour la plupart cotées en bourse et ont des exigences de performance des investisseurs.

Il faut donc espérer que l’épidémie à virus Ebola poussera les gouvernements africains à s’investir un peu plus en matière de santé publique pour que les maladies qui affectent les populations africaines, comme le paludisme, la drépanocytose, la tuberculose ou autres, soient combattues d’abord avec les moyens africains qui pourraient être soutenus par l’assistance extérieure. Tout un challenge.

En tout cas, la survenue de la fièvre hémorragique à virus Ebola a montré les limites de la santé publique dans les pays touchés par la pathologie.

AfricaLog.com

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