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Et Michelle Obama posa sa main sur le dos de la reine...

Apr 03, 2009

La reine a accueilli son douzième président américain avec ce qu'elle a de plus précieux : son sourire éclatant, sa main molle et ses fins de phrases inaudibles. Insigne faveur, Elizabeth II a invité Barack Obama et son épouse Michelle dans sa salle d'audience privée située dans ses appartements du premier étage de Buckingham Palace, auquel même ses plus proches conseillers n'ont jamais accès.

La conversation à bâtons rompus, sans autres témoins que les conjoints, a eu lieu dans son salon personnel aux murs vert pâle et or, décoré de porcelaines Wedgwood et de portraits de parents éloignés.

A la demande de son premier ministre, le monarque a déroulé son tapis rouge élimé pour célébrer pendant vingt minutes "la relation particulière" entre les Etats-Unis et son ancienne tutelle coloniale, l'Angleterre. Il y avait urgence en la matière.

En effet, après l'investiture, Barack Obama avait rendu à l'ambassade britannique à Washington le buste de Winston Churchill que Tony Blair avait prêté à George W. Bush, lequel l'avait mis dans le bureau Ovale. A la fin février, le porte-parole de la Maison Blanche avait ramené ces liens historiques au simple rang de special partnership ("un partenariat spécial"). Le 2 mars, lors de la visite préparatoire de Gordon Brown à Washington, seule une brève séance de questions-réponses dans le bureau Ovale avait été organisée pour l'occasion. Gordon Brown avait reçu de surcroît un coffret de vingt-cinq DVD de classiques américains qui n'étaient pas configurés pour l'Europe.

"Dans l'imagination des gens en Amérique, je pense que ce que la reine défend, sa dignité et sa politesse, ce qu'elle représente, c'est très important" : au cours de la conférence de presse au Foreign Office, Barack Obama a passé sous silence ces bisbilles. Peut-être parce que sa tâche s'annonçait rude : rivaliser avec les deux présidents favoris d'Elizabeth II, Eisenhower et Reagan.

Pas de souci à se faire. Courtois, affable, élancé, le chef de l'exécutif est le genre d'homme que la souveraine apprécie (quoique, en lieu et place de DVD, il ait apporté un iPod à la reine). Michelle Obama pouvait, en revanche, nourrir quelques inquiétudes. Aux yeux de la locataire de "BP", qui déteste les féministes, les first ladies doivent se conformer aux modèles "grand-mère" façon Barbara Bush, "glamour" style Jackie Kennedy, "dame de bonne volonté" à la Rosalind Carter ou "fantomatique" à la Pat Nixon.

REGARD ASSASSIN

Puis soudain, à la stupéfaction du protocole, Michelle a eu l'audace de lui poser la main sur le dos. Elle a eu droit à un regard assassin de la reine. Sa Majesté, qui a eu un petit geste de recul, a toutefois su se montrer indulgente, blâmant le décalage horaire. Pour ce crime de lèse-majesté, il y a quatre siècles, Michelle aurait pu perdre la tête sur le billot d'un échafaud Tudor façon sixième épouse d'Henry VIII.

Les thèmes abordés ont été politiquement neutres, et aucun procès-verbal n'a été rédigé. Aucune boisson n'a été servie. Une réception au champagne devait suivre dans trois salles somptueuses du rez-de-chaussée comprenant des toiles de la collection royale - Rubens, Rembrandt et Canaletto - à donner le vertige.

Aux yeux des Obama, "Ma'am" sera restée un mystère jusqu'au bout. C'est la règle. Faute de quoi, le trône risque de devenir une chaise. – Le Monde 

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