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RDC: Des organisations humanitaires quittent Goma

Oct 31, 2008

Face au désastre humanitaire qui menace la République démocratique du Congo (RDC), Paris cherche à convaincre de l'envoi d'une force européenne à vocation humanitaire, une initiative politiquement sensible pour Paris et qui suscite la prudence chez ses partenaires. Le Comité politique et de sécurité de l'Union européenne (Cops), composé des ambassadeurs des pays membres de l'Union européenne, doit se réunir vendredi matin à Bruxelles pour examiner cette question, a indiqué à l'AFP un diplomate sous couvert de l'anonymat. Il sera chargé de "déterminer une aide" qui pourrait prendre la forme d'un "apport, demandé par la Monuc (mission de l'Onu en RDC), technique et humanitaire", a déclaré jeudi le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, dont le pays assure la présidence de l'UE. Les forces européennes seraient chargées d'apporter "assistance aux populations civiles qui ont fui ces derniers temps et aux populations de Goma", capitale du Nord-Kivu (est de la RDC) où des affrontements entre armée et rebelles ont poussé des dizaines de milliers de personnes sur les routes. "C'est une aide qui pourrait être apportée à Goma où l'aéroport fonctionnerait encore", a précisé M. Kouchner, lors d'un point de presse en présence du diplomate en chef de l'UE Javier Solana. Le ministre français avait évoqué mercredi la possibilité d'envoyer en RDC un "groupement tactique" européen, c'est-à-dire entre 400 et 1.500 militaires qui peuvent être rapidement déployés. Jeudi, il a tenu à préciser que le rôle de ces soldats ne serait "pas de se battre aux côtés des troupes de l'Onu en RDC", la Monuc, plus importante mission de la paix dans le monde comptant "déjà 16.000" hommes.

De son côté, M. Solana a déclaré que les Européens examinaient "toutes les options", ajoutant que "l'aide humanitaire est la priorité numéro un". L'UE dispose en permanence de deux groupements tactiques "en alerte". Actuellement, cette "alerte" est assurée d'une part par le Royaume-Uni, d'autre part, par l'Allemagne, la France, l'Espagne, la Belgique et le Luxembourg. Pour l'heure, seules la France et la Belgique ont publiquement fait part de leur soutien à une telle opération. M. Kouchner a précisé que la France y "participerait". Le ministre belge des Affaires étrangères Karel De Gucht a affirmé qu'une "action militaire européenne a du sens", estimant qu'il fallait "ouvrir des corridors humanitaires et faire respecter un cessez-le-feu". Mais M. Kouchner a reconnu que les nations européennes consultées avaient "des attitudes différentes les unes par rapport aux autres". Londres a estimé qu'il est encore "trop tôt" pour se prononcer et une porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères a pour sa part estimé qu'"une solution politique est actuellement prioritaire". De l'avis de plusieurs spécialistes de la région des Grands Lacs, l'envoi des soldats français au Nord-Kivu est un "dossier sensible".

"C'est un terrain politiquement miné", estime François Grignon, directeur du programme Afrique de l'International crisis group (ICG), en raison des relations très tendues entre Paris et Kigali, le Rwanda accusant la France d'être impliquée dans le génocide de 1994. Les combats au Nord-Kivu opposent le chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa, à l'armée congolaise accusée de soutenir les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). "Le soutien français à cette opération peut être tout à fait utile, mais il faut le calibrer" et que les Français ne soient pas trop exposés, afin de ne pas se retrouver "piégés", estime-t-il. Pour Stefaan Marysse, chercheur au Centre d'études de la région des grands lacs de l'Université d'Anvers, la France peut participer à cette mission à "condition que le drapeau de l'Union européenne soit hissé très haut". 

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