La manifestation de rue de l’opposition guinéenne interdite | Alog News | www.africalog.com
home

La manifestation de rue de l’opposition guinéenne interdite

Feb 16, 2013
La manifestation de rue de l’opposition guinéenne interdite

Le gouvernement interdit la marche du 18 février. Dans deux communiqués diffusés successivement dans le journal télévisé de ce 15 février à 20 heure locale, le gouvernement guinéen vient d’interdire la marche que projette l’opposition politique le lundi 18 février, de 8 à 17 heures. C’est le ministre de l’Administration du Territoire et de la décentralisation et trois maires des cinq communes de Conakry qui ont annoncé la nouvelle. Pour des motifs qu’AfricaLog.com vous livre en intégralité dans ces lignes qui suivent, après avoir recueillis la déclaration du ministre Alhassane Condé ainsi que celle des trois maires de Matoto, Matam et Kaloum, auxquels l’opposition réunie au sein du Collectif des partis, l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès, (ADP) et le Club des Républicains, (CDR) avaient adressé des déclarations préalables que prévoit la loi en la matière.

La déclaration du ministre Alhassane Condé: «Chers compatriotes, je suis informé par les Maires des communes de Conakry des déclarations des partis politiques de l’ADP et du Collectif relatives à l’organisation des manifestations prévues le lundi 18 février 2013, de 8h à 17h, pour les motifs de plus de transparence dans le processus électoral.

Si la constitution autorise les manifestations, les cortèges, les réunions et défilés sur la voie publique, leur application est également prévue par les dispositions des articles 106 et suivants du Code pénal. Notre gouvernement, à l’instar des autres gouvernements démocratiques, observe avec rigueur les règles et principes démocratiques dans la gestion de tels évènements.

Le 11 février 2013, les Guinéennes et Guinéens et la Communauté internationale sont endeuillés par le tragique accident d’avion qui a entraîné la mort de onze (11) de nos vaillants soldats qui ont toujours servi la cause de la République par leur engagement sur les différents fronts. Cette douleur qui reste et demeure fraîche en nous, interpelle chaque guinéen au recueillement et à la prière pour l’unité nationale et pour le repos en paix des âmes de ces illustres disparus.

Le 18 février 2013, jour prévu pour les manifestations, coïncide avec le septième jour de la disparition de nos braves soldats et aussi au cinquième jour du carême chrétien. Cette période de pénitence doit être effectuée dans la quiétude, la solidarité nationale et le respect de la pratique religieuse par les communautés qui exercent librement leur culte dans la sécurité requise.

Guinéennes et Guinéens,

La tenue d’une telle manifestation en moins d’une semaine de ce tragique accident est en contradiction avec nos mœurs, nos coutumes et rites qui ont permis à nos communautés respectives de vivre en paix et dans l’acceptation de la différence. Ces valeurs sociales sont à protéger et à renforcer. Malheureusement, certains de nos concitoyens au mépris de nos civilisations et croyances, considèrent que la manifestation de rue est un remède et constitue un passage obligé pour faire aboutir des revendications non justifiées.

D’ailleurs la CENI a déjà réglé les problèmes soulevés par l’opposition. Le gouvernement considère que cette manifestation est une preuve éloquente de la volonté des organisateurs à créer des désordres dans notre Etat pour empêcher l’organisation des prochaines élections législatives. C’est pourquoi, il prend en témoin la communauté nationale et internationale des conséquences qui marqueront la tenue de ces manifestations qui n’a de raison que pour défier notre Etat.

Le gouvernement invite toutes les Guinéennes et tous les Guinéens à exercer librement leurs activités quotidiennes dans la sérénité et observer un comportement citoyen qui demeure la seule source de la paix et de la reconnaissance de l’autorité de l’Etat.»

En réponse à la demande de l’opposition d’organiser une manifestation le lundi prochain, les maires de Kaloum-Matam et Matoto, dans l’administration desquels l’itinéraire de la marche est défini, ont fait un communiqué conjoint pour interdire la manifestation pour les mêmes raisons avancées par M. Alhassane Condé.

«Messieurs les leaders des partis politiques de l’ADP-Collectif-CDR
Messieurs, nous avons l’honneur d’accuser réception de votre lettre d’information relative à l’organisation, le lundi 18 février 2013 de 8h à 17h, d’une marche pacifique, pour réclamer, exiger plus de transparence autour du processus électoral.

En effet, le 18 février 2013, jour prévu pour ladite marche, coïncide avec le septième jour de la disparition de nos braves soldats et aussi au cinquième jour du carême chrétien. Cette période de pénitence doit être observée dans la quiétude, la solidarité nationale et le respect de la pratique religieuse par les communautés. En plus, le délai de trois jours francs indiqués par l’article 107 du Code pénal n’a pas été respecté par les organisateurs qui ont déposé leur déclaration le 14 février 2013. Il convient de rappeler que les précédentes marches ont engendré des blessés graves et des dégâts matériels importants, suivis d’affrontements violents entre commerçants malgré la réquisition faite par le Gouverneur pour sécuriser les marches.

Pour ces motifs, la marche prévue par les partis politiques de l’ADP, Collectif et CDR, le lundi 18 février 2013, est interdite.

Veuillez recevoir, Messieurs, l’assurance de notre franche collaboration.»

Il faut rappeler que le 7 février la manifestation prévue par l’opposition avait été reportée, pour la visite du président de la FIFA Sepp Blatter. Il fallait permettre à la jeunesse guinéenne de se mobiliser pour l’occasion avait demandé le pouvoir. Pour l’opposition, la visite de Sepp Blatter était un alibi pour interdire la marche vaille que vaille. L’opposition a reporté la marche au 13 février, puis au 18 février en raison des obsèques de 11 officiers et sous-officiers guinéens qui sont morts dans un crash à Monrovia le 11 février.

La dernière marche de l’opposition du 20 septembre dernier. Des dégâts matériels et des blessés ont été enregistrés les 21 et 22 septembre notamment, après la marche.

L’opposition exige le départ de l’opérateur de saisie Waymark et accuse le pouvoir d’avoir recruté cet operateur dans l’opacité. Elle demande également le vote des Guinéens de l’étranger ainsi que le fonctionnement normal de la CENI, l’organe chargé d’organiser les élections. Le compromis est apparemment loin d’être trouvé entre pouvoir et opposition.

AfricaLog.com

 

Liens Sponsorisés