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Coup de théâtre à 8 jours du 2e tour de la présidentielle malienne

Aug 03, 2013

Coup de théâtre à huit jours du second tour de l'élection présidentielle au Mali avec le ralliement du candidat arrivé troisième, Dramane Dembélé, au vainqueur du premier tour, IBK, contre l'avis de son parti.

Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est arrivé largement en tête le 28 juillet avec 39,2% des voix, devant Soumaïla Cissé, qui a obtenu 19,4% des votes, selon les résultats officiels publiés vendredi.

Mais l'issue du second tour reste incertaine, alors que 26 autres candidats - dont l'un avait retiré sa candidature - ont recueilli plus de 40% des suffrages.

Les tractations ont toutefois été bousculées samedi par le ralliement du candidat du plus grand parti malien, l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), arrivé en troisième position avec près de 9,6% des voix, qui a apporté son soutien à titre personnel à Ibrahim Boubacar Keïta.

"Considérant l'aspiration profonde des Maliens à la stabilité, la paix et la sécurité, prenant en compte leur volonté de redonner à notre pays son honneur et sa dignité, conscient de l'appartenance de l'Adéma-PASJ et du RPM (Rassemblement pour le Mai, le parti d'IBK) à la même famille politique, celle de l'Internationale socialiste, je lance un appel solennel à tous mes compatriotes qui ont voté pour moi à reporter leur voix sur le candidat Ibrahim Boubacar Keïta au second tour", a déclaré Dramane Dembélé, au cours d'une conférence de presse à Bamako.

La veille, l'Adéma avait pourtant appelé à voter pour Soumaïla Cissé, qui est au côté de l'Adéma membre du Front pour la démocratie et la République (FDR), coalition de partis et de mouvements de la société civile créée après le coup d'Etat du 22 mars 2012 qui avait précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes jihadistes.

"La décision de Dembélé n'engage que lui seul. C'est le parti qui décide. Les militants suivront notre mot d'ordre de voter pour Soumaïla Cissé", a assuré le président par intérim de l'Adéma, Iba N'Diaye.

Dramane Dembélé, un ingénieur de 46 ans, avait été choisi à la surprise générale comme candidat par l'Adéma, où il n'était pas considéré comme un personnage de premier plan.

Il a dénoncé samedi l'absence de soutien de certains responsables du parti et le fait que l'Adéma ne l'ait pas laissé libre de son choix, tout en réfutant tout "marchandage".

Second tour ouvert

"Je remercie Dramane Dembélé et Choguel K. Maïga pour le soutien qu'ils viennent de m'apporter en vue du deuxième tour", a aussitôt réagi IBK sur son compte twitter.

Choguel Maïga avait recueilli 2,29% des suffrages au premier tour.

Il ne reste aux deux finalistes que six jours pour mener leur campagne dans un pays qui a été déstabilisé par un an et demi de crise politico-militaire.

"juguler la fraude"

La mobilisation des Maliens pour le second tour reste une inconnue importante, après le taux de participation exceptionnel de 51,5%, au premier, dans un pays où elle n'avait jamais dépassé 38%, mais plus de 403.000 bulletins ont été déclarés nuls.

Soumaïla Cissé s'est d'aileurs interrogé sur ces bulletins nuls et a exigé que, pour le second tour, "des mesures concrètes soient prises pour juguler la fraude" qui a caractérisé selon lui le premier tour.

"L'arbre de la grande mobilisation du peuple malien le 28 juillet ne doit pas cacher la forêt de l'impréparation, de la mauvaise organisation et de la fraude qui ont caractérisé le premier tour de l'élection présidentielle", a-t-il dénoncé vendredi.

De son côté, IBK doit réagir publiquement dimanche lors d'une déclaration à Bamako.
Il a d'ores et déjà appelé à "une mobilisation encore plus grande pour un vote clair et net en faveur du candidat du changement".

Malgré les inquiétudes, le premier tour s'est déroulé sans aucun incident majeur et a fortement mobilisé les Maliens, signe de leur volonté de sortir au plus vite de la crise.
Cette crise a débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le Nord, suivie par un coup d'Etat, une occupation du Nord par des groupes criminels et jihadistes liés à Al-Qaïda, et enfin une intervention armée étrangère initiée par la France pour les en chasser.

La France a ensuite exercé une forte pression sur le régime de transition à Bamako pour qu'il organise l'élection en juillet. Paris n'a pas non plus caché sa satisfaction et son soulagement après le premier tour.

Le nouveau président aura la lourde tâche de relever un Mali économiquement exsangue et surtout de réconcilier des communautés plus divisées que jamais.

Le président François Hollande a indiqué que la France lui "apportera tout son soutien". Il a aussi souhaité que le second tour de scrutin soit préparé "avec la même rigueur" que le premier. – AfricaLog avec agence

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