Les dissidents du parti ultra-majoritaire depuis la chute de l'apartheid en Afrique du Sud devaient déposer lundi le nom de leur formation, le Congrès démocratique d'Afrique du Sud (Sadec). "Nous enregistrons le nom aujourd'hui", a déclaré une porte-parole du mouvement, Palesa Morudu. Un groupuscule a déposé les droits sur cet acronyme l'année dernière mais la dissidence est en négociation pour transférer le nom, a précisé Mme Morudu.
"Nous ne prévoyons pas une grande résistance. Nous sommes convaincus de pouvoir enregistrer le nom aujourd'hui", a-t-elle ajouté. Samedi, des milliers de dissident du Congrès national africain (ANC), le parti issu de la lutte contre le régime ségrégationniste blanc ultra-majoritaire au Parlement, ont adopté une résolution jetant les bases d'un programme pour la nouvelle formation, qui doit être créée le 16 décembre. La scission, qui intervient à quelques mois des élections générales de 2009, a été précipitée par la décision du comité directeur de l'ANC, fin septembre, de révoquer le chef de l'Etat Thabo Mbeki, sur fond de luttes intestines. Les analystes prédisent que le nouveau parti pourrait devenir une force majeure défiant la mainmise de l'ANC sur la politique sud-africaine depuis les premières élections multiraciales en 1994. L'ANC avait dès la semaine dernière saisi la justice pour prévenir l'utilisation d'une désignation trop proche de la sienne, notamment SANC, qui avait été évoqué pour Convention nationale d'Afrique du Sud. Mais le parti a indiqué lundi ne pas s'opposer à l'acronyme Sadec. Le nom a été conçu pour refléter "les valeurs démocratiques énoncées dans notre Constitution, qui seront au coeur de notre plateforme", a expliqué la dissidence dans un communiqué. Emmenés par l'ancien ministre de la Défense Mosiuoa Lekota, les dissidents ont appelé à un "dialogue politique transparent" et rappelé au droit à la libre expression, qu'ils estiment mis en cause par la direction de l'ANC. Ils ont élevé au rang de leurs priorités l'élection du président de la République au suffrage universel direct et non plus par le Parlement. Mais ils nient vouloir servir les intérêts du président évincé, qui n'était pas présent à l'assemblée de samedi. "Nous ne faisons pas cela pour ou avec Thabo Mbeki", a affirmé lundi l'ex-Premier ministre de la riche province du Gauteng, Mbhazima Shilowa, qui a démissionné de son poste et de l'ANC pour soutenir l'initiative. "Il n'est pas impliqué dans le mouvement, il n'est pas l'un de nous", a-t-il ajouté.