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Niger: le président Tandja propose une amnistie aux rebelles

May 04, 2009

Le président du Niger Mamadou Tandja, qui niait jusqu'ici l'existence d'une rébellion armée, a rencontré dimanche à Agadez (nord) des délégués des combattants touareg, auxquels il a même proposé l'amnistie s'ils déposent les armes.

C'est un virage à 180 degrés que M. Tandja a effectué en acceptant, pour la première fois, un face à face avec des chefs rebelles depuis la reprise de la guérilla dans le nord du pays, notamment avec l'apparition du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) en 2007.

En dépit de nombreux appels du parlement et des ONG locales, M. Tandja avait catégoriquement refusé jusque là tout dialogue avec les insurgés touareg, en qualifiant leurs chefs de "bandits armés et des trafiquants de drogue".

"Depuis longtemps nous les avions appelés à déposer les armes et à venir construire le pays avec nous. Nous leur pardonnons car nous voulons la paix au Niger", a déclaré dimanche le président à la radio à l'issue d'une rencontre à Agadez avec une dizaine de représentants de trois groupes rebelles touareg.

"On ne construit pas un pays les armes à la main (...) revenez travailler pour développer votre pays", a lancé en langue haoussa M. Tandja dont c'était également le premier déplacement dans le nord depuis deux ans.

Côté rebelles, on s'attend à ce que Niamey saisisse l'occasion pour sceller définitivement la paix dans le nord qui abrite les mines d'uranium.

"Depuis le début de la rébellion, nous avons libéré plus de 85 prisonniers: c'est un témoignage que nous voulons la paix", a commenté à la radio Ahmed Agaya, un délégué du MNJ.

Selon lui, son mouvement a déjà transmis ses revendications au président. Pour un retour à la paix, les combattants exigent notamment une meilleure insertion des Touareg dans l'armée, les corps para-militaires et le secteur minier situé dans la zone du conflit.

Aucune négociation n'est encore engagée et aucune date pour un désarmement éventuel ou la signature d'un accord de paix n'a non plus été annoncée à l'issue de cette rencontre.

Pour le politologue Souley Adji, "le revirement" du président Tandja s'expliquerait avant tout par "des enjeux économiques et financiers" liés à l'exploitation prochaine par le groupe nucléaire français Areva de la mine d'uranium géante d'Imouraren (nord). C'est d'ailleurs au lendemain de cette rencontre avec les rebelles que le président a officiellement lancé le chantier d'Imouraren.

Mais, pour d'autres observateurs, le changement de cap de M. Tandja serait plutôt motivé par la perspective d'une prolongation de son mandat qui expire fin 2009.

L'historien Djibo Hamani relève en tout cas "une inflexion de l'Etat nigérien" qui a jusque-là campé sur une position "extrêmement intransigeante".

Niamey et les rebelles ont engagé depuis mars des discussions sous les auspices du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui a appelé le 15 mars à Niamey les rebelles à déposer les armes et intégrer un processus de paix.

Une perspective qui a du mal à passer pour certains, notamment Nouhou Arzika, figure influente de la société civile, qui rejette "toute forme d'amnistie" pour les groupes armés avant d'être jugés.

"Si le président et le parlement venaient à engager une procédure d'amnistie, nous réagirons fermement", a-t-il déclaré à l'AFP. Il exclut également "toute forme de négociation visant à accorder, sur fond de misère sociale, des avantages" aux insurgés, comme ce fut le cas avec les Accords de paix de 1995 qui avaient mis fin à la première rébellion touareg. - AFP

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