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L'abattage des porcs se poursuit en Egypte en dépit des protestations

May 04, 2009

La campagne d'éradication des porcs s'est poursuivie lundi en Egypte, au lendemain de heurts violents entre policiers et éleveurs dans un quartier pauvre du Caire.

Alors qu'aucun cas de grippe porcine n'a été recensé en Egypte, le gouvernement égyptien est le seul au monde à avoir décrété l'élimination radicale d'un cheptel d'environ 250.000 porcs.

Lundi, les services vétérinaires, accompagnés par des policiers, ont repris le chemin des élevages situés au milieu de quartiers habités par des Coptes déshérités, pour saisir les cochons et les mener vers les abattoirs.

Aucun incident n'avait été signalé à la mi-journée, en particulier dans le quartier des "zabbaline" (chiffonniers) de Manchiyet Nasr, sur la colline du Moqattam qui surplombe le Caire, où des heurts s'étaient produits dimanche.

Ces affrontements, avec ceux de Khanka (25 km au nord du Caire), ont fait au moins 12 blessés parmi les forces de l'ordre et huit chez les éleveurs, selon les services de sécurité. La police restait déployée lundi de manière importante autour du quartier.

"L'abattage a continué aujourd'hui, trois camions sont déjà venus embarquer quelque 250 cochons", a déclaré à l'AFP Ishak Mikhaïl, chef de l'association des collecteurs d'ordures du Moqattam.

Plusieurs dizaines de milliers de cochons sont élevés au milieu de tas d'ordures par quelque 35.000 zabbaline, en grande majorité chrétiens, dont l'élevage de porcs est le moyen de subsistance.

"Aucun autre pays, même le Mexique où l'épidémie s'est déclarée, n'a décidé d'abattre des cochons, alors pourquoi ici, je me pose la question", a déclaré à l'AFP un éleveur, Hani Sayed, qui arbore une croix en sautoir.

Pour le père Boutros Rouchdi Saïd, porte-parole de l'église du Moqattam, la question clef est celle du dédommagement. "S'ils veulent tuer les cochons, qu'ils les tuent, mais qu'au moins ils dédommagent décemment les hommes", dit-il.

Selon lui, un éleveur pouvait négocier jusqu'à 10 à 12 livres (1,2 à 1,4 euros) le kg sa viande de porc, tandis que le gouvernement ne proposerait qu'une livre par kg.

D'après M. Mikhaïl, le gouverneur du Caire serait désormais d'accord pour accorder un dédommagement de 500 livres (70 euros) pour chaque cochon et 50 livres pour des porcelets destinés à l'abattage.

Le gouvernement se défend d'avoir voulu flatter l'opposition islamiste des Frères musulmans, qui faisait campagne contre les élevages de cochons. L'islam, qui juge impur le porc, est la religion de neuf Egyptiens sur dix.

Le ministre de la Santé, Hatem al-Gabali, qui a démenti tout cas humain en Egypte, affirme que c'est une mesure de salubrité publique préventive, alors que la grippe aviaire sévit en Egypte de manière endémique.

L'abattage systématique des porcs en Egypte semble une mesure aux relents "anti-coptes", a cependant estimé dimanche une célèbre militante égyptienne du droit des animaux, Amina Abaza.

Selon l'analyste Amr Choubaki, la dimension confessionnelle, avec "une porcinophobie" ambiante chez les musulmans, n'est pas à exclure, compte tenu des attaques répétées des Frères musulmans et des conservateurs du régime.

"Mais l'habituelle incurie gouvernementale, et la réaction sociale d'éleveurs dépossédés sont plus importants à souligner dans cette crise", a-t-il indiqué à l'AFP.

Pour lui, "si la question de l'hygiène publique est réelle, sa gestion par le pouvoir est lamentable, faute d'une recherche de consensus, de respect des gens, et d'un plan sérieux pour les aider à changer d'activité". - AFP

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