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L'Afrique fait entendre sa voix, de loin, pour ne pas être oubliée du G20

Nov 16, 2008

Au moment où le G20 discutait à Washington d'une réforme du système financier international sans eux, des dirigeants africains réunis à Strasbourg ont appelé le monde à ne pas oublier leur continent, lui aussi victime de la crise. "L'Afrique et les autres régions du monde en développement devraient être plus étroitement associées aux discussions en cours sur la réforme de l'architecture financière internationale", a plaidé le président du Burkina Faso Blaise Compaoré à l'ouverture des Journées européennes du Développement. "Si le FMI et la Banque mondiale doivent jouer un rôle plus important dans la gouvernance financière internationale, il est juste que les pays en développement soient davantage impliqués dans la conduite des réformes impératives qui s'annoncent", a continué M. Compaoré, qui préside également la la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao). "La crise actuelle confirme la nécessité de bâtir une nouvelle architecture financière, en impliquant non seulement les pays émergents, mais aussi l'Afrique", a renchéri le président du Mali Amadou Toumani Touré.

La France, qui préside l'UE, a fait "tout son possible" pour que d'autres pays africains, en dehors de l'Afrique du Sud, participent au G20, leur a répondu le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Mais au milieu de ces critiques, le président de Madagascar Marc Ravalomanana a relativisé la sous-représentation de l'Afrique à ce G20. Pour être "crédibles" et traités "en partenaires responsables" par la communauté internationale, "nous devons prendre en main notre avenir et montrer au monde que nous, leaders africains, sommes sérieux, engagés et déterminés", a-t-il déclaré, appelant à "rétablir" la confiance en améliorant notamment la gouvernance.

Ceci n'exonère pas la communauté internationale qui doit elle aussi "prendre ses responsabilités" en "honorant ses promesses" d'aide au développement, a ajouté le président de Madagascar, appuyé par tous les responsables africains présents à la tribune. "Pendant que tous les esprits se mobilisent depuis quelques semaines pour tenter de résoudre cette crise financière, la pauvreté révoltante continue de sévir, la situation alimentaire en Afrique et en Asie continue à se dégrader", a ainsi insisté le secrétaire général de la Francophonie Abdou Diouf. L'ancien président sénégalais a également exprimé sa "crainte" que cette crise financière ne fasse oublier "toutes les autres", notamment la crise alimentaire qui a provoqué des émeutes de la faim il y a seulement quelques mois.

Assurant que l'Afrique n'était pas "à l'abri de la contagion" de la crise financière, le président Compaoré a dépeint un avenir très sombre de baisse de l'aide au développement, des investissements et des transferts des migrants africains à travers le monde. Alors que l'aide au développement de plusieurs grands donateurs a déjà baissé en 2007, avant même les risques de récession dans les pays riches, "l'une des choses qui me fait le plus peur, c'est qu'avec cette crise financière, ils ont une excuse maintenant", a continué la présidente de l'organisation humanitaire Action Aid, Noerine Kaleeba. Le commissaire européen au Développement Louis Michel a ajouté sa voix à ce concert de craintes, critiquant ouvertement un monde riche qui "mégote quelque peu sa générosité et réduit son action trop souvent à l'indécente éloquence". "Le monde traverse une crise grave, qui risque de faire resurgir en Europe les vieux réflexes de protectionnisme, d'individualisme et de repli sur soi. Mais il n'y a pas de crise plus grave que celle qui frappe quotidiennement 1,4 milliard d'être humains qui vivent avec moins d'un dollar par jour", a-t-il conclu. - AFP

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