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Les Ivoiriens « retenus en otage » par les politiciens

Apr 03, 2009

« A quand les élections ? ». Tel est le nom d’une caravane que des jeunes de Côte d’Ivoire prévoient d’organiser le 6 avril à Abidjan, capitale économique du pays, pour inciter les citoyens à s’élever pour réclamer des élections présidentielles attendues depuis longtemps.

L’événement interviendra quelques jours après la grève de la faim organisée par de jeunes Ivoiriens devant les bureaux de la Commission électorale indépendante (CEI).

« On dit non, non, non et non à une autre fausse date d’élections », a martelé Essoh Joma Serges, président du Mouvement de la jeunesse citoyenne de Côte d’Ivoire (MJCC-CI), le 1er avril. « Si les personnes responsables n’organisent pas les élections, la jeunesse de Côte d’Ivoire s’en chargera ».

Pendant la grève de la faim, du 23 au 27 mars, Essoh et deux autres jeunes ont été placés sous perfusion, sous la pression des médecins et des défenseurs des droits humains. « Au début, nous avons refusé, parce que nous sommes prêts à mourir pour que des élections soient organisées en Côte d’Ivoire ».

Depuis la rébellion de 2002, de nombreux accords de paix ont prévu la tenue d’élections présidentielles, chaque fois reportées (la dernière date avait été fixée au 30 novembre 2008). La CEI n’a pas encore communiqué la nouvelle échéance. Le président Laurent Gbagbo est au pouvoir depuis les élections de 2000, son mandat a été prolongé d’un an en 2005 dans le cadre des efforts de paix ; en Côte d’Ivoire, la durée du mandat présidentiel est de cinq ans.

Le dernier accord de paix, signé en mars 2007, prévoyait la tenue d’élections dans un délai de 10 mois.

Les jeunes qui font pression pour l’organisation des élections tiennent à souligner qu’ils ne sont pas manipulés par la classe politique. « Nous sommes manipulés par notre misère », a indiqué M’bra Léon, président du Forum des jeunes pour la démocratie en Afrique (FJDA), sis en Côte d’Ivoire. « Les citoyens ivoiriens sont retenus en otage par les politiciens ».

« L’avenir n’appartient pas [aux politiciens qui se disputent le pouvoir] », a poursuivi M’bra. « Il nous appartient à nous. Notre avenir est en train de nous être braqué et nous n’accepterons pas cela ».

« Depuis près de sept ans, la pauvreté est croissante. On nous dit que ce sont les élections qui peuvent nous sortir de la crise. Alors allons-y rapidement », a déclaré à IRIN Patrick Tapé du MJCC-CI.

« Ou est-ce le pire que chacun attend ? », a-t-il ajouté.

La tenue d’élections présidentielles réussies est perçue comme essentielle pour pouvoir rétablir la stabilité et attirer des investissements en Côte d’Ivoire, autrefois parmi les pays les plus prospères et les plus stables d’Afrique de l’Ouest. Dans son dernier rapport sur la Côte d’Ivoire, Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies, a expliqué que l’économie ivoirienne reposait sur la situation financière mondiale et les perspectives politiques du pays.

Dans un communiqué daté du 29 mars, la CEI a expliqué qu’elle collaborait étroitement avec le gouvernement « pour assurer que rien d’autre ne vienne perturber les élections présidentielles, dont la date sera rendue publique par la commission au moment opportun ».

Le report récent de l’inscription des Ivoiriens de la diaspora sur les registres électoraux n’est que le dernier en date d’une série de contretemps venus retarder le processus électoral. La CEI a indiqué, dans le communiqué, que le processus avait été retardé par des contraintes financières.

Un document publié en décembre, en supplément de l’accord de paix actuel, prévoit la mise en œuvre d’un processus de désarmement préalable aux élections. Les Nations Unies ont indiqué que cela entraînerait probablement des retards supplémentaires.

Pour la première fois depuis la signature de l’accord de paix actuel, la Côte d’Ivoire n’a pas fixé de délai pour la tenue des élections présidentielles, selon un rapport rédigé en janvier, à l’attention du Conseil de sécurité des Nations Unies, par Choi Young-jin, représentant spécial des Nations Unies en Côte d’Ivoire. « L’absence d’objectifs va briser tout l’élan nécessaire, notamment, à l’organisation d’un plan électoral, à sa mise en œuvre, à l’organisation logistique et même à l’aide apportée par la communauté internationale ».

« Nous pensons qu’il est temps d’interpeller nos autorités et la communauté internationale sur la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire. Certains veulent donner l’impression que le pays avance, mais on tourne en rond », a estimé Essoh du MJCC-CI. - IRIN

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