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Obama: le monde entre engouement et scepticisme

Jan 20, 2009

 "Il y a encore deux mois, il apparaissait comme un croisement entre Superman et Merlin l'enchanteur", observe Massimo Gramellini, éditorialiste du quotidien italien "La Stampa". "Maintenant, il avoue lui-même qu'il ne pourra tenir toutes ses promesses. Et, qui sait? Peut-être quelqu'un réclamera-t-il sa destitution d'ici la fin de la semaine prochaine."

"L'idéalisme a reculé", reconnaît Samuel Solvit, qui dirige en France un réseau de soutien à Obama. "Tout le monde rêvait un peu. Les gens sont aujourd'hui plus réalistes."

Les musulmans veulent ainsi savoir pourquoi le futur président américain ne s'est pas joint au concert de protestations internationales contre l'offensive israélienne dans la Bande de Gaza. Des affiches à son effigie ont du reste été brûlées la semaine dernière à Téhéran.

"Quand il prendra ses fonctions, des centaines ou des milliers de personnes supplémentaires auront été tuées à Gaza et il sera trop tard pour qu'il agisse", avertit Adel Faouzi, un haut fonctionnaire égyptien.

En parallèle, Obama doit faire face à une crise économique mondiale qui ne lui laisse que peu de marge de manoeuvre. Partout dans le monde, dirigeants et opinions attendent de voir ce qu'il fera pour calmer les marchés et rétablir la confiance. Le Premier ministre britannique Gordon Brown et la chancelière allemande Angela Merkel se disent pourtant confiants dans sa capacité de travailler avec l'Europe et la Chine pour bâtir une économie mondiale plus solide.

"Il a une grande vision de la manière dont l'Amérique peut contribuer à la prospérité du monde sur le long terme", a constaté M. Brown. "Nous avons de bonnes chances de trouver une solution", a renchéri Mme Merkel.

Reste que, comme le note Reginald Dale, du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, l'attente est trop forte vis-à-vis d'Obama, ce qui signifie qu'il finira immanquablement par décevoir. "Les Etats-Unis ne peuvent pas résoudre tous les problèmes du monde. Ils n'en ont ni les moyens financiers ni les moyens militaires", explique-t-il dans un entretien à l'Associated Press. De plus, "le président est encadré par le Congrès et la Constitution, les pères fondateurs ayant veillé à ce que nul ne puisse se comporter en monarque."

Bien que des dizaines de pays en développement dépendent de l'aide des Etats-Unis, l'administration Obama pourrait revoir cette assistance à la baisse au moment où un nombre croissant d'Américains perdent leur emploi et leur logement. Même son projet de fermeture de la prison militaire de Guantanamo, à Cuba, dès le début de son mandat, se révèle plus compliqué que prévu. Il pourrait finalement prendre un an pour se réaliser, selon les experts.

"Un grand nombre de questions pratiques se posent", relève Reginald Dale. "Que se passera-t-il si on capture Ben Laden? Où le mettra-t-on? Ces questions sont parfois prises à tort à l'étranger comme le symbole de ce qui ne va pas en Amérique."

Spécialiste de ce dossier, le président vénézuélien Hugo Chavez a assuré ne pas vouloir dire au nouveau chef de la Maison Blanche "ce qu'il doit faire". Il n'a toutefois pu s'empêcher de lui conseiller de ne pas attendre 16 mois pour retirer les troupes américaines d'Irak. Ce qui, a-t-il fait valoir, permettrait à Washington d'économiser de précieux milliards de dollars. - AP

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