Par le Manidem*
La Guinée – Conakry est, depuis quelques semaines, sous les feux des projecteurs de l’actualité internationale. Une manifestation de l’Opposition organisée le 28 Septembre 2009 a dégénéré et s’est soldée par une répression sanglante des partisans de cette Opposition par les forces de l’ordre ; l’on parle de la mort par fusillade de plus de cent cinquante (150) manifestants, et de viols intolérables des manifestantes. De toutes parts fusent naturellement des condamnations et autres protestations et indignations. Les pays dits ‘’civilisés’’ ont retrouvé une fois de plus leurs grands élans de condescendance qui jadis, justifièrent l’esclavage et la colonisation. Les grands médias occidentaux soumettent les populations africaines en général et le peuple Guinéen en particulier, à un lynchage médiatique à forts relents racistes qui n’hésite pas à emprunter aux clichés galvaudés d’une Afrique enfouie dans la sauvagerie nègre, dont les populations sont condamnées à être cannibalisées par des tyrans sanguinaires tels Idi Amin Dada, Macias Nguéma Biyogo et autres, et dont le prototype aujourd’hui serait Dadis Camara. Le MANIDEM dénonce vigoureusement la répression barbare de la manifestation du 28 Septembre dernier et toutes autres exactions y consécutives, s’incline devant la mémoire des victimes innocentes et témoigne sa sympathie et sa solidarité et ainsi que celle du Peuple Camerounais à l’égard des familles guinéennes éplorées par la disparition de leurs filles et fils. Le MANIDEM invite le Gouvernement guinéen à remettre les corps des victimes aux familles endeuillées afin qu’ils soient inhumés dans la dignité requise pour tout être humain. Si l’on ne peut et ne doit fermer les yeux sur les dérives du Président Dadis et du CNDD dont l’inculture politique coûte très cher au peuple frère de Guinée, l’on peut aussi se poser quelques bonnes questions, notamment ‘’à qui profite le crime’’ ? ‘’Le CNDD a-t-il organisé sa propre chute’’ ? Laissons le soin à l’histoire d’y répondre….. De toutes les façons, il est bien évident que la candidature du Capitaine Dadis Camara contrarie les plans de la France qui depuis, manœuvre en coulisse, instrumentalisant les fibres géo – ethniques de la Guinée pour imposer une alternance néocoloniale dans le pays. Sa seule volonté est de garantir, d’une part, sa mainmise sur les ressources naturelles de la Guinée, et d’autre part, l’encerclement géostratégique de la sous - région où le pays phare, la Côte d’ Ivoire, ne serait plus tout à fait sous contrôle. Il faut obligatoirement se débarrasser de pseudo lunettes africanistes pour comprendre les enjeux de la crise guinéenne. La désorganisation de l’armée guinéenne couplée au spontanéisme politique de Dadis Camara auront été du pain béni pour la France. Cette dernière en a profité pour actionner ses réseaux d’officiers nostalgiques de l‘armée, privés des circuits de rentes et autres prébendes tenus encore hier par les ex-généraux brutalement mis à la retraite par Dadis Camara, d’une part, et d’autre part, le segment néocolonial de l’opposition guinéenne, pour tendre un piège fatal au CNDD et à la Guinée toute entière. La seule évocation des droits de l’homme – à tête chercheuse du gouvernement français et des medias apparentés – impressionnera certes les naïfs et les simples d’esprit, elle ne suffira pas à elle seule pour nous faire oublier que les gouvernements criminels du Togo (Eyadema Fils a allègrement succédé au pouvoir en tuant plus de cinq cents [500] personnes et contraignant plus de cinquante mille [50 000] Togolais à l’exil au Bénin et au Ghana pendant des mois), du Congo Brazzaville (ex-Elf ou Total a installé Sassou Nguesso au pouvoir en massacrant avec sa milice [les Ninjas] plus de trente mille [30 000] personnes), du Cameroun (qui a envoyé des forces de troisième ordre tuer des manifestants aux mains nues en Février 2008 – résultat, plus de cent quarante sept [147] morts recensés par l’ACAT), du Niger (Tandja bafoue tous les droits politiques des Nigériens, car fort du soutien par la France après la signature de juteux contrats d’uranium), du Gabon (le fils de l’autre vient de commettre un pustch électoral avec la connivence active de certain pays donneur de leçon de démocratie bien connu, au grand dam de la dignité des Gabonais). Ce sont ces gouvernements qui sont portés aux nues par Paris. Où était donc le Gouvernement français , la fumeuse communauté internationale autoproclamée et la Cour Pénale Internationale (CPI) quand la dictature sanguinaire de Lansana Conté massacrait plus de cinq cent (500) Guinéens lors des dernières émeutes de Conakry de son vivant, sous le regard avisé des conseillers de la coopération militaire française ? Coincé entre les desseins criminels de l’Impérialisme Français allié au segment néocolonial de l’Opposition Guinéenne d’une part, et d’autre part un CNDD en proie à ses propres turpitudes et autres démons internes, le peuple frère de Guinée est en situation.. Il a besoin de la solidarité agissante de tous les patriotes africains. Alors qu’il n’est pas exclu que Dadis Camara cède sous la pression de la France et s’aligne, il faut dénoncer toute tentative de dévoiement de la longue lutte du Peuple Guinéen pour le contrôle effectif de sa souveraineté, de son indépendance et de la libre disposition de ses ressources naturelles pillées par la France et ses affidés locaux. Qui oserait douter que le CND n’est que la résultante logique de la longue et sanglante dictature de Lansana Conté soutenu par Paris ? Faut-il encore laisser la France être la grande gagnante d’une crise plus que cinquantenaire qu’elle entretient et nourrit et dont elle veut faire porter le chapeau à des boucs émissaires politiques de choix ? Que gagne la Guinée et son peuple dans ces manœuvres cyniques ? La politique, disait Mao, est l’art d’identifier l’ennemi et de s’organiser en conséquence. Les Guinéens ont déjà montré qu’ils en sont capables. L’ennemi du Peuple guinéen, c’est l’Impérialisme Français et ses affidés locaux.
Il ne faut pas se tromper de combat. Au-delà de l’alternance au sommet de l’Etat et à tous les autres niveaux de l’expressivité populaire, la démocratie est aussi et avant tout la capacité des Etats à contrôler leurs richesses nationales afin d’assurer aux citoyens des conditions de vie décentes, et à garantir la jouissance des droits et de la dignité politique de chaque Nation, dans un monde devenu une jungle. Contre ce projet, la France oppose un projet d’asservissement perpétuel de la Guinée, une alternance néocoloniale. Voilà pourquoi le MANIDEM se tient résolument aux côtés du Peuple guinéen en ce moment très douloureux de son histoire. Le MANIDEM dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. *Parti Politique du Kamerun (nom du Cameroun avant l'arrivée des français et des britannique ndlr), André Banda Kani, Secrétaire Général. Richard Martin Ntondo, Secrétaire National à l’Organisation. Patrick Nelle Mandengue, Membre du Bureau Politique