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Guinée: comment contraindre la junte au départ?

Nov 13, 2009

Départ forcé. C'est le seul mot d'ordre de l'opposition, mais le médiateur dit préférer une solution négociée.

Le médiateur de la CEDEAO, Blaise Compaoré, doit recevoir cette semaine à Ouagadougou une délégation de la junte guinéenne. La semaine dernière, les Forces vives sont venues lui réitérer leurs exigences. Elles ne veulent plus de Dadis Camara. Elle demande la mise en place d'une nouvelle équipe de transition jusqu'à l'élection présidentielle à laquelle le capitaine ne pourra pas se présenter.

En revanche, le rapport semble avoir tiré des conclusions hâtives quant au caractère ethnique des actes de violences et des viols. La Guinée a déjà fort à faire avec des forcenés à sa tête. N'en rajoutons pas.

Le médiateur a pris acte sans exprimer quelque sentiment, rappelant sa préférence pour une solution négociée. Que peut-elle bien être ? Qu'attendre d'une junte, objet d'une enquête préliminaire de la Cour pénale internationale ? Telles sont les questions que l'opposition se pose avec quelque inquiétude même si elle déclare réitérer sa confiance au médiateur. Elle se demande si la junte ne va pas profiter de la médiation pour gagner du temps. Elle se souvient que, face à l'ultimatum de l'Union africaine qui exigeait de Dadis Camara un engagement écrit à ne pas se présenter à la présidentielle, le chef de la junte avait pris prétexte de la médiation pour ne pas répondre. Heureusement que l'UA n'est pas tombée dans le piège grossier et a mis à exécution ses menaces sans délai.

Une singulière exaltation

Le capitaine, visiblement en proie à une singulière exaltation, soutient que lui seul trouve grâce face à une armée dans laquelle, « le sergent peut refuser d'obéir à un général », ne réalisant pas que, ce disant, il avoue son impuissance face à l'armée. Rien dans les propos du capitaine ne permet de penser qu'il a pris la mesure de sa situation et de la condamnation de toute la communauté internationale pour penser passer la main.

A défaut d'un improbable départ volontaire, il ne reste au médiateur qu'à proposer l'utilisation de la force pour contraindre la junte. Celle-ci semble décidée à faire front, en invoquant le refus du « peuple » de Guinée de tout diktat international. Et les sanctions déjà prises, limitation des déplacements, suspension de l'UA, gel des avoirs extérieurs, n'ont guère produit d'effet. Blaise Compaoré peut-il se résoudre à une solution imposée ? Le cas échéant, la CEDEAO est-elle prête à le suivre dans cette voie ? Elle semble pourtant sans alternative, tant les exactions commises contraignent la junte à s'arcbouter au pouvoir.

Conclusions hâtives

Human Rights Watch vient de rendre public son rapport sur les événements. L'ONG confirme, par des témoignages saisissants, les principales révélations déjà faites. Elle a le mérite de désigner les responsables qui doivent répondre d'actes précis. Le capitaine Moussa Dadis Camara, son aide de camp, le lieutenant Abubakar Diakité, dit « Toumba », le lieutenant Marcel Kuvugi, le capitaine Claude Pivi, dit « Coplan », ministre chargé de la sécurité présidentielle, le capitaine Moussa Tiégboro Camara, secrétaire d'État chargé de la lutte contre le trafic de drogue et le grand banditisme.

En revanche, le rapport semble avoir tiré des conclusions hâtives quant au caractère ethnique des actes de violences et des viols. « Le caractère apparemment systématique des meurtres, des actes de violence sexuelle et de la persécution basée sur des motifs ethniques laisse penser qu'il pourrait s'agir d'un crime contre l'humanité », note le rapport. Les arguments apportés pour étayer cette grave accusation manquent de consistance. Les viols n'ont pu être ethniques, ne serait-ce que parce qu'il est quasi impossible de reconnaître une Peul d'une autre ethnie. Même les insultes à caractère ethnique doivent être considérées avec la plus extrême prudence. L'un des leaders les plus en vue de l'opposition étant peul, il est, hélas, concevable que soient proférées des insultes et des menaces à l'encontre de l'ethnie de celui qui les empêche de dormir. La Guinée a déjà fort à faire avec des forcenés à sa tête. N'en rajoutons pas. – Les Afriques

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