Protocole d’accord de Ouagadougou: je n’applaudis pas! | Le Log| www.africalog.com
home

Protocole d’accord de Ouagadougou: je n’applaudis pas!

Jan 22, 2010

Par Mamadou A.DIALLO

 

une fois de plus l'opposition guinéenne est la plus bête d'Afrique (J. M. DORE). En effet, ils (les membres du forum des forces vives) sont entrain d'accepter ce qu’ils ont refusé lors du premier round de négociation (ouaga 1). A savoir un premier ministre issu de l'opposition sous l'autorité de Moussa Dadis CAMARA, un gouvernement d'ouverture ou d'union nationale (proposé par Dadis au lendemain du 28 septembre) de 30 ministres, un conseil national de transition (CNT), des élections dans 10 mois (on était en début novembre)... Apparemment, l’opposition faisait semblant de bouder pour ne pas que l'on dise qu'ils ont accepté la première proposition de Blaise COMPAORE. Toute cette cacophonie autour de la première synthèse de Ouaga1 n’était que bluff. En effet, comme le pensait si bien

 

Idrissa Cherif, les forces vivent ne veulent que le pouvoir. La preuve est que dès l’annonce du choix de premier ministre par le général KONATE dans son discours du 06 janvier 2010, les leaders politiques et ceux de la société civile ont accueilli favorable en disant même que la proposition comble toutes leurs attentes (J.M.DORE). En réalité Blaise COMPAORE connait cette opposition guinéenne mieux que quiconque. Certes, la crise guinéenne est un peu différente de celles ivoirienne et togolaise, mais le président burkinabé en bon médiateur et fin négociateur, s’est vite rendu compte que pour mener à bien la médiation, il fallait isoler voire contourner la partie civile (les forces vives) qui est un groupe hétéroclite avec des ambitions et des projets très différents.

 

Avec le protocole d’accord inter CNDD, B. COMPAORE a réussi à obtenir un accord sur la Guinée sans les deux parties concernées par la crise (la junte et les forces vives). Désormais, il est en position de force. Il peut imposer sa stratégie aux guinéens via la junte qu'il a réussi maitriser (à quel prix ?). Seulement, ce protocole d'accord du 15 janvier est la pire qu'on pouvait attendre.

 

Dadis reste président, il se donne le droit d'intervenir dans la sphère politique quand il veut, Il peut revenir à tout moment (puisque sa période de convalescence n'est pas bien définie), la junte peut faire partie du gouvernement, une primature tricéphale, un CNT religieux, ethnique et régionaliste, les postes clés (défense, affaires étrangères, économie et finances...) pour le CNDD, etc.

 

Rien sur les victimes du 28 septembre, la fermeture des lieux de détention arbitraire, et le sort des bourreaux du stade (Dadis, Pivi, Toumba),… Une lecture attentive de l'accord de Ouaga montre que cet accord inter militaire n'est pas viable, il est générateur à court terme de blocage au sommet de l'Etat avec deux chefs d'Etat (Dadis et Konate), trois premiers ministres ? et un gouvernement avec deux camps de 10 ministres dont on ne sait de qui dépendent ils réellement. En outre, la possibilité pour les membres des Forces de Défense et de Sécurité « non en activité » de se présenter aux élections est la voie ouverte à un futur pouvoir militaire ou une dictature dans les années à venir. Aussi, se précipiter à nommer un premier ministre sans définir le cadre institutionnel est une erreur dont les conséquences seront observables durant tout le processus de transition.

 

Par ailleurs, le refus de Jean Marie DORE de se prononcer sur sa future candidature oĂą celle de son parti aux Ă©lections est un point qui risque de nous renvoyer Ă  l'histoire de Dadis il ya quelques mois.

 

En somme, la sortie de crise, ne peut se faire sans une primature (monocéphale) avec premier ministre neutre et sans ambition politique ayant des prérogatives élargies et une feuille de route bien définie, rendant des comptes à un CNT législatif, élu et non nommé ne pouvant être limogé par le chef de la junte. En outre, pour la paix sociale et le respect des victimes du 28 septembre, les personnes indexées par le rapport de l'ONU ne peuvent faire partie ni du gouvernement ni du CNT législatif.

 

Pour une sortie de crise rapide en Guinée il est temps encore de rectifier le tir en redéfinissant le cadre institutionnel afin d’éviter une nouvelle impasse ou prolonger cette crise qui a trop duré.

 

Mamadou A. DIALLO, Paris

Donico77@yahoo.fr 

Liens Sponsorisés