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Le junte nigérienne promet un coup de balai contre la corruption

Feb 24, 2010

Les militaires nigériens qui ont pris le pouvoir il y a une semaine ont annoncé deux priorités: donner un grand coup de balai contre la corruption et rétablir la démocratie via des élections transparentes.

Mais, en annonçant ces objectifs à la presse, le colonel Abdulkarim Guyoke, porte-parole du Conseil suprême pour le rétablissement de la démocratie (CSRD) qui a renversé jeudi le président Mamadou Tandja, n'a avancé aucun calendrier électoral.

De plus, si l'armée honore son premier engagement, qui a toutes les chances d'être bien accueilli par la population tant le degré de corruption au Niger a atteint des sommets, il est probable qu'elle ne pourra remplir le second rapidement.

Le coup d'Etat a été bien accueilli par les Nigériens, las de la crise provoquée par le maintien au pouvoir de Tandja au au-delà de son second quinquennat et amers de vivre dans un des pays les plus pauvres du monde alors qu'il regorge de richesses naturelles, uranium en tête.

Pour sa part, la communauté internationale a officiellement critiqué le coup de force des militaires, mais, en privé, les diplomates reconnaissent qu'il a eu le mérite de mettre un terme à un blocage politique qui s'éternisait, en dépit de médiations étrangères.

Mais "c'est une chose de ramener la confiance entre la population et les autorités. C'en est une autre de nettoyer la classe politique", souligne un diplomate.

"LA TRANSITION PRENDRA DU TEMPS"

"Dès que l'on commence à parler de renouveler la classe politique et de demander des comptes aux gens, on ouvre la porte à un maintien au pouvoir plus longtemps que dû", craint ce diplomate.

"Les dossiers sont là. Il faut juste une volonté politique", confie un fonctionnaire du ministère de la Justice, se référant aux dizaines de politiciens, fonctionnaires et hommes d'affaires qui font l'objet d'enquêtes pour abus de pouvoir ou détournement de fonds publics.

"Les gens craignent que, si les soldats s'en vont, les politiciens reviennent et que ces affaires soient enterrées. Il y a un besoin de justice sociale. Les gens attendent cela depuis longtemps", analyse Oumarou Keïta, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire Le Républicain.

Mais, selon le fonctionnaire du ministère de la Justice, qui souhaite conserver l'anonymat, "s'ils font cela, la transition prendra du temps". Et, selon lui, "la junte ne pourra s'attaquer à tous les problèmes du Niger".

Oumarou Keita convient que, s'il se confirme que les militaires entendent bien donner un grand coup de balai, "cela prendra du temps, cette transition".

Avant d'être renversé, Tandja, un ancien colonel, avait lui-même lancé une campagne contre la corruption, qui s'était soldée notamment par l'éviction de deux ministres, mais elle s'est rapidement heurtée à la résistance des profiteurs du régime.

Selon Issa Ousseini, porte-parole de ROTAB, une coalition de mouvements locaux contre la corruption, d'influents membres du clan de Tandja ont empoché des millions de dollars de commissions en favorisant des contrats miniers.

L'armée doit lancer des enquêtes sur "tout ce qui s'est réellement passé", souligne-t-il, tout en ajoutant que ces affaires doivent être, in fine, jugées par des tribunaux civils. - Reuters

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