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Conférence de presse du principal responsable de l'Afrique au département d'État

Feb 26, 2010

Le secrétaire d'État adjoint aux affaires africaines, M. Johnnie Carson, aborde un vaste éventail de sujets. Le secrétaire d'État adjoint aux affaires africaines, M. Johnnie Carson, a rencontré un groupe de journalistes au Centre de la presse étrangère (Foreign Press Center ou FPC) à Washington le 24 février et a répondu à un vaste éventail de questions relatives, entre autres, à l'Éthiopie, au Kenya, au Niger, à la Côte d'Ivoire, à la Somalie et aux initiatives de la Chine en Afrique. Des journalistes à New York et à Johannesburg ont également pu lui poser des questions par le biais d'une liaison télévisuelle.

Cette conférence de presse a eu lieu à l'issue de la tournée de M. Carson en Europe et en Afrique, au cours de laquelle il s'était rendu en Espagne pour des entretiens avec des responsables de l'Union européenne mais aussi en Éthiopie pour participer au sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba. Parmi les autres étapes de son voyage : le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigéria.

L'un des journalistes a demandé à M. Carson de donner son point de vue sur les élections prévues cette année en Éthiopie. Tout commentaire avant le scrutin serait prématuré, a répondu M. Carson. « Voyons d'abord ce qu'il en sera. Mais ce que nous disons à l'Éthiopie, au gouvernement, aux partis d'opposition et aux citoyens, c'est que nous espérons que ces élections se tiendront de manière libre et équitable et qu'elles offriront une chance égale à tous - que le gouvernement et l'opposition assumeront leurs responsabilités avec sérieux, que les deux respecteront les droits politiques des autres et qu'ils s'acquitteront de leurs obligations. Â»

Les États-Unis exhortent aussi l'Éthiopie à tenir des élections qui « soient substantiellement meilleures par rapport à la violence âpre et grave qui a lieu à l'issue des élections de 2005. Nous voulons tous voir l'Éthiopie continuer à avancer sur une trajectoire démocratique montante, plus participative et plus solide. Les élections sont simplement un processus important de sélection des dirigeants démocratiques. Nous voulons que tout se passe bien et nous espérons un résultat qui améliorera les conditions pour tout le monde : des élections libres, transparentes et ouvertes, les deux parties assumant leurs responsabilités avec sérieux. Â»

Par rapport au Kenya, M. Carson, qui est diplomate de carrière et a été ambassadeur dans ce pays, a dit : « Nous continuons à encourager Â» le président et le premier ministre kényans à Å“uvrer en faveur de l'entière application des Accords Kofi Annan qui avaient été conclus à la fin de la violence dans ce pays en 2008, laquelle avait éclaté à l'issue d'élections « très difficiles Â».

« Il est important en prévision des prochaines élections au Kenya qu'il y ait consensus (...) notamment en ce qui concerne la Constitution. Il incombe à ces deux responsables, en tant que dirigeants de leurs partis, de s'assurer que la violence qui avait éclaté à la suite des élections présidentielle et législatives ne se reproduise pas. La rédaction de la Constitution est à un stade avancé. Il est important que les deux hommes forment un consensus à l'appui de la Constitution et qu'ils règlent les questions relatives au pouvoir exécutif (...) les questions d'impunité et de corruption Â», de même que de régime foncier.

« Si nous voyons que certaines personnes, tel le procureur général Amos Wako, entrave la justice et le progrès et transgresse nos lois aux États-Unis, a ajouté M. Carson, nous n'hésiterons pas à agir contre eux par tous les moyens à notre disposition. Â» M. Carson a expliqué que toute mesure prise par les États-Unis contre M. Wako l'avait été pour « des raisons très, très claires et manifestes Â». (Bien que la loi américaine pertinente ne permette pas de révéler la nature de cette action, le procureur général kényan a lui-même énoncé en public quelles étaient les mesures prises par les États-Unis contre lui.)

« M. Wako est procureur général du Kenya depuis une décennie et demie. Et au cours de cette période, nous avons été témoins de corruption à grande et à petite échelles. Nous avons vu une escroquerie d'une valeur d'un milliard de dollars peu après sa nomination à son poste et nous en avons vu récemment (...) une autre (...) dans le cadre de laquelle quelque 150 à 200 millions de dollars en fonds publics avaient été volés. Depuis qu'il occupe ce poste, il n'a traduit en justice de manière réussie aucun, aucun haut responsable gouvernemental. Aucun ministre. Aucun vice-ministre. Aucun secrétaire permanent. Oui, il semble bien être capable de trouver et de poursuivre en justice le préposé mais non les hauts responsables qui sont là. Â»

En outre, a dit M. Carson, il s'est produit une série de délits de haut niveau à l'égard desquels « l'impunité semble être la règle Â», notamment le meurtre de dirigeants de la société civile dans les rues de Nairobi. « M. Wako n'a réussi à traduire en justice aucun de ces individus non plus. Â»

En ce qui concerne le Niger, M. Carson a dit que les États-Unis avaient été « profondément préoccupés et troublés Â» par les événements qui s'étaient déroulés depuis juillet et août 2009, quand l'ancien président, M. Mamadou Tandja, avait commencé à démanteler les institutions démocratiques du pays dans sa quête d'un troisième mandat que la Constitution interdit. Les États-Unis avaient encouragé M. Tandja à ne pas Å“uvrer dans ce sens. Mais lorsqu'il a prorogé son mandat illégalement, le 23 décembre 2009, les États-Unis ont suspendu la participation du Niger à la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA), ont mis fin au programme de la Société du compte du millénaire (Millenium Challenge Corporation ou MCC) dans ce pays, ont arrêté tout envoi d'assistance à l'exception de l'aide humanitaire et ont demandé aux officiers nigériens qui étudiaient aux États-Unis de quitter le pays, a expliqué M. Carson.

« Nous avions dit que nous nous opposions au détournement de la démocratie, même aux mains de civils, et nous étions sérieux Â», a souligné M. Carson. Le coup d'État qui vient d'avoir lieu offre au Niger l'occasion de regagner les rangs de la démocratie. Néanmoins, M. Carson a rapidement averti « qu'aucun coup d'État, qu'il soit mené par des civils ou par des militaires, n'est une bonne chose. Les coups d'État sont mauvais par nature et ils déséquilibrent le processus politique. Â» M. Carson a ajouté que les États-Unis s'attendaient que la junte militaire au Niger rétablisse la démocratie très rapidement, dans les six prochains mois.

Par ailleurs, au sujet de la Côte d'Ivoire, M. Carson a dit que les États-Unis demeuraient très préoccupés de la violence qui a éclaté quand le président Laurent Gbagbo a dissous le gouvernement et a suspendu les efforts visant la tenue d'élections « qui ne font que trop tarder Â», soulignant qu'il était nécessaire de revenir rapidement aux dispositions des Accords de Ouagadougou. Les élections nationales ont été reportées six fois au cours des deux ou trois dernières années. « Il est temps de faire un effort sérieux pour résoudre les désaccords politiques qui continuent de déchirer ce pays, jadis le plus important sur le plan économique de toute l'Afrique francophone Â», a indiqué M. Carson.

Par rapport à la Somalie, M. Carson a répondu que les États-Unis avaient été le donateur le plus important d'aide alimentaire et d'assistance humanitaire à ce pays pendant presque toute la dernière décennie. « Nous demeurons (...) prêts à fournir autant d'aide alimentaire que nous pouvons Â», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le conflit qui perdure dans le sud du pays entre le gouvernement fédéral de transition et les seigneurs de guerre du groupe Al-Chabaab rend l'acheminement des vivres très difficile. Néanmoins, les États-Unis sont toujours déterminés à faire parvenir la nourriture à ceux qui ont faim.

À une question relative aux initiatives de plus en plus importantes de la Chine en Afrique, M. Carson a reconnu que ce pays avait cherché de manière ciblée à acquérir des droits d'exploitation des hydrocarbures et d'autres ressources naturelles pour répondre aux besoins créés par sa croissance économique. La Chine tente également de trouver de nouveaux marchés pour ses exportations, a dit M. Carson, ajoutant que « dans ce contexte, l'Afrique est un continent où les Chinois voient d'énormes possibilités Â». M. Carson a souligné qu'il revenait « aux pays africains eux-mêmes de gérer attentivement et avec talent Â» leurs propres relations économiques et commerciales avec la Chine. C'est pourquoi, a expliqué M. Carson, l'existence d'institutions démocratiques sur le continent est plus importante que jamais pour que les voix des populations à tous les niveaux de la société puissent se faire entendre quant aux conséquences de ces relations avec la Chine. « C'est ce que signifie la bonne gouvernance Â», a-t-il dit.

À la question qu'on lui posait sur la présence éventuelle du président Obama à la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud, M. Carson a répondu qu'il n'était pas au courant d'une telle possibilité. – America.gov

 

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