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On vous l’avait dit, Gbagbo ne veut pas d’élection

Jun 22, 2010

Il ne fait pas bon souvent être l’éminence grise ou l’âme damnée d’un dirigeant. La politique au sommet se menant sans pitié, de nombreux proches de chefs d’Etat ont souvent fait les frais de leur politique de transparence ou tout simplement ont été passés par pertes et profit, pour sauvegarder le fauteuil présidentiel. Autant ils sont bienveillants et aux petits soins avec les fidèles du premier cercle, autant la disgrâce n’est jamais loin

En Côte d’Ivoire, depuis 2000, date de l’accession à la magistrature suprême de Laurent Gbagbo, les deux faces de Janus de ce dernier, propres aux grands hommes, sont sporadiquement sous les feux de la rampe : hier Lida Moïse Kouassi et le Général Mathias Doué, sont passés à la trappe pour des raisons d’Etat. Aujourd’hui, le tour de Désiré Tagro ?

Le communiqué de la présidence ivoirienne, au JT de 20 heures, le 20 juin dernier par le porte-parole du palais est sans équivoque : Laurent Gbagbo a saisi Tchimou Raymond, procureur de la République, de faire la lumière sur de prétendus détournements de fonds dont se serait rendu coupable son ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro.

Cette saisine présidentielle fait suite aux accusations du président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, proférées le 2 juin dernier à l’encontre du ministre Tagro. Il aurait, de l’avis de l’occupant du perchoir, fourgué des centaines de personnes de son ethnie non méritantes à l’Ecole nationale d’administration. Pire, il aurait mis indûment plusieurs poires de côté, notamment dans l’organisation de plusieurs Hadj pour quand il y aura la soif.

En attendant que les fins limiers du procureur Tchimou disent si oui ou non Tagro est mouillé, on se pose la question de savoir à quoi joue Gbagbo : diversion pour encore éclipser l’essentiel, à savoir la poursuite du processus électoral ? Poursuite de l’opération "Mains propres", qu’il a entamée avec la filière café-cacao ?

En fait, on aurait rien trouvé à redire à cette cuisine intérieure, des camarades politiques qui s’étripent ou un chef d’Etat qui moralise son entourage étant d’une banalité déconcertante, si ici, le nom du premier ministre Guillaume Soro, n’avait été cité.

Sous d’autres cieux, la sacro-sainte règle de la présomption d’innocence est comprise par les populations. Sous nos tropiques, le fait qu’un nom a été jeté en pâture confine souvent à la culpabilité. Gbagbo n’ignore donc pas qu’en effleurant le nom du chef des croquants nord-ivoiriens, le chef du gouvernement apparaîtra aux yeux de bon nombre de ses compatriotes probablement impliqué voire même sûrement coupable. Le chef de l’Etat sait pertinemment l’impact qu’une telle information aura sur le lanterneau politique.

Alors que, subrepticement, l’Accord de Ouaga semble avoir vécu, en dépit des dénégations factices, avec ce geste, Gbagbo apporte de l’eau au moulin de ceux qui affirment qu’il ne veut pas de cette présidentielle, en tout cas pas pour le moment.

A peine le processus électoral a-t-il timidement repris que voilà le président Gbagbo remettant les pieds dans le plat ivoirien chauffé, n’ayant jamais craint de se brûler les orteils. Il aurait voulu mettre fin à son attelage avec Soro qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

Fin calculateur, il sait qu’avec la débâcle des Eléphants, le Onze national de football, à la présente coupe du monde, les Ivoiriens auront de quoi épiloguer jusqu’en août 2010, date à laquelle il pourra allégrement fêter le cinquantenaire du pays.

Ces adversaires trépignent-ils de l’impatience, y compris la communauté internationale de voir la présidentielle se tenir au plus tard en octobre ? Bah ! Gbagbo en a vu d’autres. Pour le moment, force est de constater qu’il faut hurler avec les loups qui disent : Gbagbo ne veut pas d’élection. Et sa force est qu’il a toujours une longueur d’avance sur ses adversaires. – L’observateur Paalga

 

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