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Frénésie à Conakry, impatiente de vivre un scrutin "propre" et "transparent"

Jun 24, 2010

La pluie n'y a rien fait: Conakry a été saisie d'une forte fièvre électorale jeudi. Des Guinéens en liesse ont pris d'assaut les grandes artères de la capitale, trois jours avant le premier scrutin présidentiel libre depuis 1958, qu'ils souhaitent "propre" et "transparent".

"Nous avons eu tellement d'élections truquées. Cette fois, nous voulons une élection propre", explique Almamy Seyni Camara rencontré en banlieue, un morceau de pain à la main, devant une échoppe de Matam, l'une des cinq communes de Conakry.

Ce quinquagénaire, comptable, marié à trois femmes et père de sept enfants, compte voter pour Sidya Touré, dont il a apprécié l'action comme Premier ministre, de 1996 à 1999, sous le régime du défunt Lansana Conté (1984-2008).

Et il énonce clairement les priorités assignées au prochain président: "l'alimentation des populations, le transport dont le prix subit des hausses régulières et une meilleure gestion des richesses minières qui ne profitent pas à la population."

Sur l'autoroute menant à l'aéroport, la circulation est ralentie. Une masse de militants inonde la chaussée humectée par les pluies.

Dans la chaleur et l'humidité, la capitale vibre au rythme des klaxons et des manifestations bruyantes.

"Je m'attends à une élection transparente. Que tout le monde sorte pour voter dans le calme et sortir les Guinéens de la misère", dit Mamadou Aliou Baldé, commerçant du quartier de Bellevue, commune de Dixinn.

"Nous souhaitons que le président élu soit juste envers tout le monde et que tout le monde se mette au travail!", ajoute cet homme de 37 ans qui votera pour Cellou Dalein Diallo, qui fut également chef du gouvernement (2004-2006).

Le 28 septembre 2009, Dalein Diallo avait été grièvement blessé par des militaires, comme d'autres dirigeants de l'opposition, quand les forces de sécurité avait réprimé dans le sang un rassemblement contre l'éventuelle candidature à la présidentielle du chef de la junte, Moussa Dadis Camara.

Neuf mois après la tuerie - un crime contre l'humanité, selon l'ONU qui a recensé 156 morts et disparus -, la présidentielle de dimanche doit mettre fin à un demi-siècle de dictatures civile et militaires.

Dans les rues de Conakry, Joseph Soumah, chauffeur, roule pour Alpha Condé, opposant "historique" aux trois chefs d'Etat guinéens depuis l'indépendance.

Condamné à mort par contumace, en 1970, sous le règne du premier président, Ahmed Sékou Touré, Alpha Condé avait ensuite passé deux ans et demi en prison (1998-2001) sous le régime militaire de Lansana Conté, pour "atteinte à la sûreté de l'Etat".

Joseph Soumah voudrait que le prochain chef d'Etat "règle, dans la transparence et la justice, les problèmes économiques" de la Guinée, dont la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, malgré de considérables ressources naturelles.

Dans le trio des favoris cités, Alpha Condé est de l'ethnie malinké, Cellou Dalein Diallo peul et Sidya Touré diakhanké. Mais à l'un des carrefours de la ville, une banderole a été posée par des organisations non gouvernementales. On y lit: "Les ethnies sont les branches d'un même arbre". - AFP

 

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