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Guinée: espoir de changement à la veille des élections

Jun 26, 2010

Un hôpital public régional, où ont été soignées huit des victimes d’accidents de voiture survenus dans le sud-est de la Guinée lors de la récente campagne électorale, s’est trouvé à court de fournitures médicales d’urgence.

« L’hôpital a utilisé tous les pansements, kits de suture et autres fournitures disponibles pour soigner les victimes de l’accident », a indiqué un travailleur médical de la capitale régionale, N’zérékoré, qui a préféré garder l’anonymat.

Alors que tous les yeux sont tournés vers l’élection présidentielle qui aura lieu le 27 juin, les responsables de la santé et les travailleurs humanitaires espèrent que le changement politique participera à l’amélioration du système de santé défaillant et des autres services sociaux.

Une situation politique plus stable pourrait également permettre de profiter à nouveau de l’aide des bailleurs de fonds – une aide dont le pays a grand besoin.

« La pénurie de médicaments dans les centres médicaux publics constitue l’un des problèmes les plus importants », a indiqué Mohamed Lamine Tounkara, directeur des services de santé de la région de Kindia, à 137 kilomètres à l’est de la capitale, Conakry. Il a toutefois dit espérer qu’une élection réussie permette d’inverser la situation.

Après le départ du leader de la junte, Moussa Dadis Camara, à la suite de la tentative d’assassinat survenue en décembre, le gouvernement militaire par intérim a réagi rapidement pour organiser des élections auxquelles aucun militaire ne se présente.

Retrouver la confiance des investisseurs

« Si la situation politique s’améliore, il y a de bonnes chances pour que les partenaires du développement retrouvent confiance, effectuent des investissements et nous aident à développer nos infrastructures et nos capacités », a dit M. Tounkara. Il a ajouté qu’une nouvelle initiative du ministère de la Santé permettrait de renforcer les services de santé essentiels et qu’avec un soutien approprié, le programme pourrait donner lieu à une véritable amélioration des services de santé.

La pénurie de médicaments dans les centres de santé n’est qu’un exemple concret de la façon dont les insuffisances des services essentiels peuvent affecter la population.

Selon des responsables des Nations Unies, les bailleurs de fonds négligent depuis un certain temps la Guinée, où des périodes de crise totale et de stabilité se sont alternées ces dernières années. Ils refusent en effet de financer la « crise chronique », une expression employée par certains pour évoquer les terribles conditions de vie des Guinéens. Cependant, les menaces de voir un véritable désastre se produire – un désastre qui nécessiterait la mise en œuvre d’une aide humanitaire plus importante – n’ont conduit à aucune action, a dit Philippe Verstraeten, en charge du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Guinée.

« Depuis longtemps, nous manquons de fonds pour répondre aux besoins humanitaires résiduels et nous préparer de manière appropriée à d’autres désastres potentiels », a-t-il indiqué.

Souro Kamano, médecin et expert en nutrition auprès de l’organisation non gouvernementale (ONG) internationale Helen Keller International (HKI) en Guinée, travaille sur des enquêtes mensuelles sur la nutrition réalisées à Conakry par HKI et le ministère de la Santé. « Nous espérons que les choses s’amélioreront quand un gouvernement accepté par tous sera en place ».
Julien Harneis, représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Guinée, a indiqué que des élections réussies « permettraient d’ouvrir la porte aux investissements dans les domaines des infrastructures, de l’économie, des services sociaux et de la réforme du secteur de la sécurité – une condition sine qua non du développement de la Guinée ».

La plupart des principaux donateurs ont suspendu leur aide à la Guinée après le coup d’état de décembre 2008 ou les violentes répressions de l’armée contre les civils qui ont eu lieu en septembre 2009. Selon des travailleurs humanitaires présents dans le pays, la détérioration des services sociaux remonte à plusieurs années et elle s’est accentuée depuis le début de la crise politique, en 2006.

« La désintégration du système de santé de base en Guinée est le problème le plus urgent », a indiqué M. Harneis à IRIN. « Les étagères des centres de soins ruraux sont vides et les centres de soins emploient un personnel sous-qualifié ».

« Mesures provisoires »

Selon M. Harneis, la rougeole, le tétanos et la polio, des maladies qui tuent les enfants et que l’on pourrait prévenir, sont réapparues, car la couverture vaccinale a régressé ces dernières années. Les Nations Unies et les ONG sont intervenues pour éviter les situations d’urgence, mais il s’agit uniquement de « mesures provisoires » qui ne permettent pas d’engager les réformes fondamentales, a-t-il ajouté. Toutefois, les observateurs notent que le manque d’aide extérieure ne constitue pas le seul obstacle à la réforme : la corruption et la mauvaise gestion du secteur public sont aussi des facteurs importants.

L’amélioration de la gestion du secteur public et des services sociaux essentiels fait partie des priorités de plusieurs des 24 candidats qui se présentent à l’élection. L’un des principaux candidats réclame l’accès universel aux soins de santé et l’amélioration des services médicaux « afin de débarrasser les gens d’un système de santé défaillant et les soulager du fardeau de la maladie ». Un autre programme souligne que « la misère dans laquelle vivent certains de nos citoyens constitue une violation de la dignité humaine » et indique qu’une meilleure gestion du secteur public est indispensable pour assurer le développement.

Dans l’immédiat, les responsables humanitaires gouvernementaux, les organisations humanitaires des Nations Unies et les ONG se concentrent principalement sur la préparation de la saison des pluies – certains quartiers de Conakry ont déjà été inondés – et sur le plan de contingence en cas de conflits liés aux élections. – IRIN
 

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