Visite et discours du Président général Sékouba Konaté au camp "Alpha Yaya Diallo" | Alog News | www.africalog.com
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Visite et discours du Président général Sékouba Konaté au camp "Alpha Yaya Diallo"

Jul 02, 2010

Officiers, sous-officiers, hommes du rang, Chers frères d’armes et compagnons de lutte Je dois commencer par vous remercier du fond de mon cœur et vous féliciter chaleureusement, chacun et tous, pour avoir permis à notre pays le 27 juin dernier de connaître la première élection libre, démocratique de notre histoire.

Sans votre engagement, l’ordre et la discipline que vous avez observés ces derniers temps, rien n’aurait été possible.

Parce que nous sommes une famille, nous réussirons dans tout ce que nous allons entreprendre. C’est l’union qui fait aussi la force dans l’armée. Et c’est la discipline qui lui permet aussi de remporter des victoires sur les théâtres d’opérations. Vous êtes les vrais artisans de notre démocratie, vous mes frères d’armes et compagnons de lutte, vous m’avez écouté et fait confiance. Moi, aussi, je vous exprime toute ma reconnaissance.

Vous verrez que pour vous aussi, c’est une nouvelle vie qui commence. Rien ne sera plus comme avant. Vous serez pris désormais plus au sérieux grâce à l’ouverture du pays et toutes les aides qui sont attendues. Vous vivrez bien et mieux avec vos familles dans le respect, la sécurité parmi vos concitoyens.

Le temps est fini où les populations et les militaires jouaient à cache-cache et se jetaient la pierre. C’est le temps de la paix et de l’espoir avec l’armée. Notre armée qui a appris de ses erreurs et de tous les dérapages passés. Nous pouvons nous tromper parce que nous sommes des hommes, mais nous ne nous laisserons plus tromper parce que maintenant, nous avons plus d’expériences. C’est l’expérience et la cohésion qui font notre grandeur aujourd’hui qui nous ont manqué de tout temps. Une nouvelle armée guinéenne est née avec notre génération et celle qui a amené la démocratie dans notre patrie et la défendra chaque fois qu’elle sera en danger avant que d’autres ne soient appelés à le faire.
Je vous ai dit à ce propos, que la communauté internationale a décidé de mobiliser un bataillon qui interviendra partout où il y aura un coup d’Etat, l’ordre constitutionnel sera menacé.
 

Chers fidèles compagnons

C’est un homme heureux et fier qui est devant vous et qui vous parle. Heureux d’avoir accompli avec vous pour notre pays, la mission qui nous a été confiée à Ouagadougou.
Chers frères d’arme
Je suis fier de vous qui avez aidé à changer l’image de notre armée et celle de notre pays. Si d’habitude c’est le long des frontières que nous sommes appelés pour défendre notre intégrité territoriale, cette fois, c’est sur le font de la démocratie que nous avons été interpellés. Chacun de nous peut se réjouir et se féliciter d’avoir relevé le défi. Tous, nous pouvons avoir le sentiment du devoir accompli et bien accompli. En lieu et place des reproches habituels faits à notre armée, c’est un grand hommage qui nous est rendu partout aujourd’hui. Tout le monde a compris que dans nos rangs, les hommes honnêtes et patriotes sont plus nombreux. Ils ont fait entendre leur voix, celle d’une majorité restée jusque-là silencieuse, capable de prendre ses responsabilités lorsque l’intérêt supérieur de la nation le commande.

Officiers, sous-officiers, hommes du rang

C’est le sens de la responsabilité et l’amour de la patrie qui nous ont amenés à nous engager dans l’armée, qui nous ont aussi amenés à prendre le pouvoir le 23 décembre 2008. Personne de nous n’avait une ambition du pouvoir parce que d’abord, ce n’est pas notre mission et puis, les temps ont changé.
Ce n’est plus possible de prendre et de garder le pouvoir par la force. C’est pourquoi, nous avons, dans nos premières déclarations, annoncé que nous allons rapidement organiser des élections auxquelles nous n’allons pas être candidats. Cette promesse a été saluée par l’opinion nationale et internationale. Chacun de vous a suivi ce qui s’est passé. On nous a déviés de notre chemin. Ainsi les Guinéens et nos partenaires ont perdu confiance en nous. La confiance perdue, le dialogue rompu entre nous Guinéens, l’affrontement était devenu inévitable. Il est arrivé malheureusement le 28 septembre 2009. Ce jour-là, on a assisté à un bain de sang qui nous a profondément choqués. Automatiquement, l’armée a été accusée et condamnée. Qui d’entre nous ne s’est pas senti alors mal à l’aise ? Qui d’entre nous n’a pas souffert avec nos familles des critiques et des condamnations à travers le monde ?

Chers frères d’arme

Depuis, nous sommes organisés et mobilisés tous, pour démontrer à la face de la Guinée et du monde que si certains parmi nous ont déçu et trahi leur mission sacrée, beaucoup d’entre nous sont des hommes responsables.

Je l’avais dit, ceux qui ont voulu ternir l’image de l’armée sont connus. Je vous ai appelés à les sortir de nos rangs pour retrouver l’honneur et notre uniforme. Ensemble, nous les avons cherchés, retrouvés et éloignés de nous. C’est pourquoi, l’ordre et la discipline règnent dans l’armée aujourd’hui. C’est pourquoi, aussi la paix et la sécurité sont revenues dans nos vies après les actes de brigandage et d’agression sur les paisibles populations que ces mauvais compagnons commettaient à tout bout de champ.

Officiers, sous-officiers, hommes du rang

Notre armée a été à l’abandon. Les conditions de vie et de travail malgré toutes les sommes d’argent qui ont été dépensées, étaient très mauvaises. En quelques mois, nous avons pu apporter des changements dont nous profitons tous. Le militaire guinéen vit mieux que les années passées. Si on avait commencé depuis longtemps, on n’aurait pas beaucoup à se plaindre. Mais c’est un groupe qui a tout gardé pour lui et rien pour les autres.

Moi, j’ai demandé d’accorder la priorité aux hommes parce que c’est vous qui êtes les plus nombreux, qui fournissez le plus d’effort. Sans vous, l’armée n’existe pas. Avant tout, pour que vous vous sentiez vraiment fiers d’être soldats, que vous soyez bien logés, bien habillés, bien nourris pour mettre fin à cette image du militaire guinéen en activité ou à la retraite qui se rend par-ci, par-là à la recherche de sa dépense, de l’argent pour faire face aux besoins de sa famille. On ne peut chercher son pain et bien servir la nation, je l’ai déjà dit.

Nous, nous avons posé les jalons d’une armée à laquelle on accorde tous ses droits pour lui imposer des devoirs. Dans l’armée de demain que nous voulons capable de relever tous les défis, seuls les hommes bien formés qui ont une bonne moralité auront leur place et pourront commander les hommes. C’est pour cette raison que nous avons dit qu’il n’est plus question de recruter pour recruter, d’appeler sous le drapeau national n’importe qui. Ceux qui ont échoué partout, l’armée n’est pas une poubelle. C’est un corps noble composé de gens de valeur. Des hommes d’honneur prêts à donner leur vie pour que la nation continue à vivre.

Officiers, sous-officiers, hommes du rang

Nous les militaires, nous pouvons être fiers de nous après ce que nous venons réaliser ensembles. Nous avons montré et démontré que l’officier, le soldat, c’est le respect de la parole donnée et de son serment. Si un moment on a pensé que nous faisons le contraire de ce que nous disons, aujourd’hui, tout le monde sait que nous faisons ce que nous disons.

Maintenant, il appartient aux hommes politiques auxquels il revient de nous succéder de se montrer eux-aussi capables de faire comme nous, c’est-à-dire montrer qu’ils sont une famille unie et solidaire.
L’armée n’a pu prendre le pouvoir et arriver à conduire la Guinée aux élections promises que parce que nous sommes une famille. Notre unité et notre cohésion nous ont permis de respecter notre engagement et notre parole. Et je crois que les gens ont compris que dans l’armée aussi, il y a des cadres compétents et intègres qui peuvent assumer de grande responsabilité et cohabiter avec les cadres civils.

Dans le gouvernement par exemple, dans le CNT aussi, vous le savez, on est représentés. Et selon les témoignages, nos frères et compagnons de lutte se comportent bien. C’est dire que parmi les militaires et les civils, on retrouve des hommes de grande valeur qui peuvent servir notre pays à tous les postes.
Je recommande à notre prochain Président, de ne pas faire de différence entre les Guinéens en les classant selon qu’ils soient civils ou militaires, d’une ethnie ou d’une autre, d’une région ou d’une autre. Tous, nous ne devons considérer que ce qui est bien chez chacun dans toutes les régions, les communautés.

Parmi les civils et les militaires, il y a de bons et de mauvais éléments. En tout cas, avec ce qui vient de se passer dans notre pays, nous, les militaires, avons acquis le respect et la considération de nos concitoyens et du monde entier. Nous devons continuer à resserrer nos rangs pour nous mettre à la disposition du candidat qui sera élu dont le regard sur l’armée ne sera pas le même qu’avant son élection.

Officiers, sous-officiers, hommes du rang

Je ne peux terminer sans vous féliciter une nouvelle fois et vous encourager. Parce qu’à partir de l’installation du nouveau Président, vous allez revenir à votre mission habituelle, la sauvegarde de l’intégrité territoriale, la sécurité des biens et des personnes. Je vous demande surtout de respecter les résultats des urnes et de servir et toujours respecter les institutions de la République. Vous n’êtes pas au service d’un homme, vous ne devez pas défendre la cause d’un homme ou d’un parti. Vous êtes au service de la nation, de la démocratie. Vous êtes le gardien de nos valeurs et de nos institutions.
Merci, merci, merci pour ce que vous avez fait et pour notre honneur retrouvé grâce à votre effort de responsabilité, de sacrifices qui nous ont permis de mettre la nation au-dessus de tout et de tout le monde. Un exemple pour la classe politique qui, comme nous, doit montrer son unité, sa cohésion et son patriotisme pour des jours meilleurs pour notre armée et notre pays.

A chacun sa mission. Nous avons accompli celle qui nous a été confiée par notre peuple et la communauté internationale. Aux autres aussi d’accomplir leur part de mission pour notre Guinée.

Vive la démocratie

Vivent les forces de défense et de sécurité

Vivent l’unité et la paix

Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens

Je vous remercie.

Conakry, 30 juin 2010

 

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