Sidya Touré «rejette les résultats» publiés par la CENI | Alog News | www.africalog.com
home

Sidya Touré «rejette les résultats» publiés par la CENI

Jul 03, 2010

Conférence de presse de Sidya Touré, leader de l'UFR: «...avec l'arrivée d'un informaticien de l'OIF, nous avons eu, en une nuit, je crois le lendemain, des changements majeurs apportés qui nous ramenaient à la position que nous n'avons plus jamais quittée. C'était autour de 16 %... Après avoir demandé ce délai de 48 heures de report, nous avons assisté à des manipulations à la CENI que nous dénonçons », ainsi accuse le candidat de l'UFR.

A peine 24 heures après la publication par la CENI des résultats provisoires de l'élection présidentielle du 27 juin 2010, le président de l'UFR, Sidya Touré a conféré dans l'après-midi du samedi, 3 juillet 2010 avec la presse pour exprimer son «rejet des résultats» publiés par l'institution en charge de la gestion des élections en Guinée.

A l'entame de son adresse, le candidat malheureux - pour l'instant - du scrutin a situé les journalistes sur ce qu'il appelle «la position de l'Union des Forces Républicaines jusqu'à plus ample information émanant de la Cour suprême». Il était 16h 15mn : «J'ai souhaité que l'on se rencontre cet après-midi pour faire un peu avec vous le point de la situation du processus électoral en Guinée depuis dimanche dernier. Nous avons souhaité ces élections. Nous nous sommes battus, en ce qui nous concerne, depuis plus de 10 ans, en temps que Président de l'Union des Forces Républicaines, pour obtenir des élections acceptables dans notre pays».

Il fera par la suite le point des participations de l'UFR aux différentes consultations nationales ainsi que les déboires que le parti à rencontrés notamment dans la façon dont toutes ces élections ont été gérées.

Pour Sidya Touré, « A partir de janvier 2010, suite au décès du Président Lansana Conté et l'arrivée des autorités militaires, nous avons supporté l'idée que les présentes élections se tiennent dans les conditions que nous espérions les meilleures avec la CENI que l'on avait mise en place, constituée des représentants de partis politiques, de la société civile et de l'administration...» Il fera par la suite cas des différentes tentatives de manipulation et même de récupération de cette CENI...

Avec un calme qui dissimulait la colère qu'il ne cesse de ruminer, le leader de l'UFR a lâché : « Je voudrais saisir cette occasion pour remercier tous les militants et militantes de l'Union des Forces Républicaines qui se sont manifestés avec beaucoup de détermination pour que cette élection soit une occasion pour nous de mettre en pratique le programme que nous avons vendu à la population, que nous avons expliqué à la population. Je continue de le dire, nous étions le seul parti à avoir un programme écrit, distribué, qui a été débattu depuis plus de trois (3) ans. Je voudrais sicèrement, remercier tous les Guinéens aussi pour cela particulièrement ceux de la capitale Conakry qui nous ont accordé leur suffrage, malgré tout ce que nous savons et dont on va avoir à parler»

Il aborde le sujet principal de l'ordre du jour : « Ces élections se sont donc tenues le 27 juin, certes pas dans les meilleures conditions, mais ce à quoi nous avons assisté, nous a un peu étonnés. Nous avons été surpris parce que, nous faisions confiance en cette CENI. Nous faisions confiance en la détermination des uns et des autres à appliquer la loi. Malheureusement, nous avons assisté à d'autres choses : des manipulations de chiffres, des refus d'appliquer les textes quand il s'agit d'un candidat ou d'un autre. Des interférences inimaginables au niveau de ces structures comme la CENI. Nous avons constaté les deux premiers jours que l'UFR avait une position qui lui permettait d'accéder au second tour. Quand je dis deuxième jour, troisième jour, c'était parce que nous avions déjà balayé dans certains régions qui ne nous étaient pas particulièrement favorables près de 65 % des voix. Donc nous suivions cela. Et brutalement, avec l'arrivée d'un informaticien de l'OIF [ndlr : Organisation Internationale de la Francophonie], nous avons eu en une nuit, je crois le lendemain, des changements majeurs apportés qui nous ramenaient à la position que nous n'avons plus jamais quittée. C'était autour de 16 %.»

Soudain, Sidya d'évoquer la loi électorale en son article 162 et d'énumérer «les cas d'irrégularités manifestes enregistrées çà et là et qui ont été gérées différemment selon qu'il s'agit de l'UFR ou d'un autre parti politique» . Et la colère de se lire finalement sur son visage. Il se justifie : « Je tiens à vous montrer à quel point les choses sont allées vraiment loin. Je cite ces cas d'irrégularités parce qu'ils sont consignés dans des documents qui ont été pris en compte au détriment de l'UFR... Nous avons tenu, c'est vrai, des élections qui devaient nous permettre de sortir de cette situation. Mais je n'ai jamais vu une fraude aussi intensive. Je n'ai jamais pu imaginer cela. Tous les chiffres que l'on cite aujourd'hui, en dehors des grandes villes où il y a l'administration – malheureusement, c'est souvent notre cas – ce sont des chiffres imaginaires... Donc, je voulais dire que cette élection a été malheureusement entachée vraiment de graves irrégularités, de très graves irrégularités. Nous les dénonçons et cela fait que nous attendrons les résultats de notre requête auprès de la Cour suprême avant de reconnaître ces résultats. Nous considérons que c'est quelque chose qui est nul pour nous et nous attendrons que les magistrats de la Cour suprême se prononcent sur ces élections avant que nous puissions considérer que nous les reconnaissons»

Sidya Touré de marteler : «Nous avons malheureusement été édifiés par le comportement de certains partis politiques. La politique, c'est vrai que l'objectif, c'était de gagner, mais pas tout. Le nombre de bulletins supérieur au nombre d'inscrits. Ce n'est pas le plus dramatique. C'est le fait que ces chiffres ont été pris en compte à la CENI et n'ont pas été enlevés. Par contre, dans une zone comme Conakry, nous avons presque gagné 4 communes sur 5. Je dis presque, parce qu'à Dixinn, l'UFDG nous a dépassés de 5000 voix... A Matoto par exemple où nous avons eu 88 500 voix, je crois que l'on n'a pu en récupérer que la moitié (39000) alors que l'UFDG avait 133000 électeurs à Ratoma, rien n'a été supprimé. Donc, voilà le genre de chose dont on se plaint. On a l'impression qu'à un moment donné, on a voulu créer une situation que nous constatons aujourd'hui, et que nous ne reconnaissons pas»

Le candidat malheureux ne se montre pas cependant mauvais perdant. Il précise ses idées : « Je voudrais dire à la communauté internationale qui est venue nous assister pour les élections que pour nous, il ne s'agit pas de remettre en cause l'ensemble de l'idée d'un processus électoral mais nous voulons épuiser les recours de droit qui sont offerts par la constitution avant de nous prononcer sur ce que j'appelle vraiment, une véritable mascarade électorale»

Avant de terminer, Sidya Touré d'annoncer : «On me signale, au moment où je parle, qu'on vient d'arrêter à Enta Nord, quelqu'un qui se promenait avec six (6) urnes de la Commune de Matoto. Il y en a plus de cent et quelque que l'on recherchait. Et ça, c'est à Conakry ! Mais la mauvaise foi a été très loin. Pendant qu'on n'avait pas fini de décompter Ratoma, autant d'électeurs qu'à Matoto, jusquà hier vendredi, on n'avait pas fini le dépouillement... »

Parmi les questions, celle d'Africalog qui voulait plus de précision sur la présence de l'informaticien de l'OIF. Le leader de l'UFR explique : «Bêh, cet informaticien, nous savons qu'à son arrivée ce jour-là, la donne a changé. Parce que lui seul est resté au bureau. Il s'est enfermé. Il a changé les chiffres. Et il est d'ailleurs reparti de Guinée le lendemain. Parce que tout le monde avait découvert que le chiffre avait été de manière imaginaire changé la nuit et il est reparti. Après avoir demandé le délai de 48 heures de report, nous avons assisté à des manipulations à la CENI que nous dénonçons..» A la question de savoir en faveur de qui ? Sidya promet : «ça, je vais vous le dire plus tard...»-  AfricaLog

 

Liens Sponsorisés