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La France célèbre les «tortionnaires, dictateurs et autres prédateurs des droits de l'Homme»?

Jul 13, 2010

La politique de la France envers l'Afrique francophone n'est inspirée ni par l'idée de "pré carré" ni par une quelconque nostalgie coloniale, a déclaré le président français, Nicolas Sarkozy.
Il recevait à déjeuner à l'Elysée les chefs d'Etat de 12 pays d'Afrique francophone subsaharienne à l'occasion du 50e anniversaire de leur accession à l'indépendance.

Un 13e président, l'Ivoirien Laurent Gbagbo, avait décliné l'invitation et était représenté par son ministre de la Défense, Michel Amani N'guessan.

Les mêmes assisteront mercredi sur les Champs-Elysées au défilé militaire du 14-Juillet, la fête nationale française, qui sera ouvert par 400 soldats africains venus de ces 13 pays.

Dans un bref discours, Nicolas Sarkozy a tenu à répondre à ceux qui ont vu dans son initiative l'expression d'une nostalgie coloniale ou une tentation de la France de s'approprier la célébration de l'indépendance de ses anciennes colonies.

"C'est un contre-sens absolu et c'est bien mal me connaître que de penser que je puisse être inspiré par un quelconque sentiment de nostalgie envers une période dont j'ai plus d'une fois souligné l'injustice et les erreurs", a-t-il déclaré.

"La notion de pré carré a vécu", a-t-il ajouté. "La France ne se prétend plus, ne se veut plus votre partenaire exclusif, ni même, dans certains domaines, votre partenaire principal."
Il a qualifié de "bonne nouvelle" l'ouverture des pays d'Afrique francophone à de "nouveaux horizons" et réaffirmé que la France souhaitait développer ses relations avec l'ensemble du continent africain.

"SOUPÇONS ET FANTASMES"

Nicolas Sarkozy a cependant assuré que la France resterait aux côtés de ses anciennes colonies "par amitié, par solidarité" mais aussi "par intérêt bien compris".

Il a ainsi promis le maintien de l'aide publique française au développement accordée aux pays d'Afrique francophone (1,5 milliard d'euros en 2009) et 180 millions d'euros en trois ans pour la formation professionnelle de 50.000 jeunes africains.

"En ne prétendant pas à l'exclusivité et en laissant la place à l'ouverture vers d'autres horizons", la relation entre la France et ces pays "est assurée de résister à l'usure du temps et à la banalisation", a répondu le président camerounais Paul Biya, doyen des chefs d'Etat présents.

Depuis son élection en 2007, Nicolas Sarkozy a fait de la remise à plat et du rééquilibrage des relations entre la France et l'Afrique un objectif de sa politique sur ce continent.

Il n'est cependant pas parvenu, jusqu'ici, à dissiper les doutes sur la survivance de la "Françafrique", un système de relations hérité de l'ère postcoloniale et reposant sur des réseaux d'influence au service de régimes contestés.

L'écrivain et académicien Jean-Christophe Rufin a ainsi dénoncé ce mois-ci un retour des "vieux travers", à peine de retour d'une mission de trois ans comme ambassadeur au Sénégal.
Une vision rejetée par Nicolas Sarkozy. "Je sais bien tout ce que la notion-même de relations privilégiées, de relations spéciales, charrie de soupçons et de fantasmes", a-t-il déclaré. "Je crois que notre amitié mérite mieux que ces stéréotypes."

HOMMAGE AUX ANCIENS COMBATTANTS

Il s'est aussi efforcé de répondre à un début de polémique sur la présence de soldats africains sur les Champs-Elysées.

Dans une lettre ouverte, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme s'inquiète de la présence éventuelle de responsables de violations des droits de l'Homme.

"Ce ne serait pas le moindre des paradoxes qu'à l'occasion de la célébration des valeurs de la République, celles-ci soient bafouées par la présence de tortionnaires, dictateurs et autres prédateurs des droits de l'Homme, et qu'en lieu et place de les poursuivre, la France les honore", écrit la Fidh.

L'Elysée assure que la France a vérifié "qu'aucune personne intéressant la justice ne participe au défilé".

Pour Nicolas Sarkozy, la présence de ces soldats est une façon de reconnaître la dette de la France envers ses anciens combattants africains, lesquels auront droit désormais au même traitement que leur camarades français. - Reteurs

 

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