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Guinée: les femmes, parentes pauvres de l’élection présidentielle

Jul 14, 2010

Saran Daraba Kaba, la première femme et unique candidate au premier tour de l’élection présidentielle du 27 juin en Guinée, est arrivée au 22ème sur les 24 candidats ayant pris part à ce scrutin, le plus libre jamais organisé dans ce pays en 52 ans d’indépendance.

Les résultats provisoires, proclamés le 2 juillet par la Commission électorale nationale indépendante, qui doivent être validés par la Cour suprême, ont également annoncé la qualification pour le second tour du leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, classé premier du scrutin avec 39,72 pour cent des suffrages, et le chef du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), Alpha Condé arrivé deuxième avec 20,67 pour cent.

Les deux candidats – Diallo et Condé arrivés en tête du premier tour - s’affronteront au second tour dont la date ne sera fixée qu’après le règlement des contentieux électoraux par la Cour suprême qui proclamera ensuite les résultats définitifs.

«Face aux scores réalisés par les ténors de l’élection..., le score de Saran Daraba (0,11 pour cent) paraît bien dérisoire quand on sait que les femmes représentent plus de 52 pour cent de la population guinéenne», commente à IPS, Abdoul Gadiri Diallo, membre de l’Organisation guinéenne des droits de l’Homme.

«Saran Daraba s’est improvisée dans cette chaîne de conquête du pouvoir. Elle a certes la compétence qu’il faut dans une certaine mesure, mais n’a pas brillé pendant les dernières luttes pour la démocratie et ne représente pas un espoir, un programme ou un combat pour une meilleure vie en Guinée», estime Néné Oumou Baldé, une militante féministe qui anime un site Internet consacrée aux femmes.

«L’aspect misogyne de notre société pour son cas (Daraba) a été secondaire, bien que chez nous, les hommes détiennent tous les pouvoirs, toutes les fortunes et ne tolèrent généralement pas les femmes fortes et émergentes. Mais, être femme ne suffit pas pour se faire élire», souligne-t-elle à IPS.

Saran Daraba se défend : «Après 20 ans de service dans les différentes administrations publiques et privées et maintenant dans les ONG (organisations non gouvernementales, je n’ai rien à prouver pour montrer que j’ai contribué à améliorer la démocratie dans mon pays».

«L’élection a été marquée, il ne faut pas l’oublier, par la prédominance de l’ethnie et de l’argent. Moi, je n’ai pas détourné quand j’étais au gouvernement et je n’ai aucun lobby étranger derrière moi contrairement aux autres. Mon message a été bien compris et bien apprécié, c’est le plus important», affirme-t-elle à IPS.

En effet, les deux candidats arrivés en tête au premier tour de l’élection, Diallo et Condé, sont issus respectivement des ethnies peuhl (40 pour cent de la population) et malinké (35 pour cent de la population), majoritaires dans ce pays d’Afrique de l’ouest.

Saran Daraba, cette femme malinké de 64 ans environ, ancienne ministre des Affaires sociales et mère de sept enfants, a beaucoup aidé à la réinsertion sociale de plus de 700 volontaires guinéens désœuvrés après avoir contribué à repousser les attaques rebelles perpétrées en Guinée, à partir du Libéria et de la Sierra Leone au début des années 2000.

En général, les femmes sont peu représentées dans les institutions de l’Etat. Par exemple, seules cinq femmes figurent parmi les 34 membres de l’actuel gouvernement de transition. Parmi elles, une seule, la syndicaliste Mariama Penda Diallo, occupe un poste de ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, de la Réforme administrative, du Travail et de l’Emploi), les quatre autres se contentant de postes de secondaires.

Mais, c’est une autre femme syndicaliste, Rabiatou Serah Diallo, qui est la présidente du Conseil national de transition faisant office de parlement transitoire.

Les responsables de campagne des deux candidats qualifiés pour le second tour – Cellou Diallo et Alpha Condé – tentent de montrer que leurs partis réservent une place honorable aux femmes guinéennes et que leurs programmes de société prévoient de s’attaquer à leurs principaux problèmes. Ils affirment tous qu'il est impossible de redresser la situation de la Guinée sans l'apport des femmes.

«Au niveau de notre parti (UFDG), les femmes sont représentées et nous visons la parité. Pour le moment, notre objectif est qu’au moins 30 pour cent des postes (de décision et dans les institutions) soient occupés par les femmes», déclare à IPS, Kadiatou Diallo, présidente des femmes de l’UFDG (parti de Cellou Diallo).

De son côté, Martine Condé, directrice de la communication du RPG (parti d’Alpha Condé), affirme à IPS : «La force du RPG repose sur les femmes et les jeunes. Il y a au moins 30 pour cent de femmes dans le bureau politique. Dans chaque structure du parti, vous trouverez 15 femmes sur 45 membres».

Pour Moustapha Naité, directeur adjoint de la communication du RPG, "Les femmes sont au cœur du projet de société du RPG. Nous allons assurer leur promotion partout où cela sera possible en visant, dès que possible, la parité comme cela est revendiqué dans certains pays". Concernant les soins de santé, il ajoute: "Nous avons pris l'engagement de garantir la gratuité de tous les soins avant l'accouchement".

Ibrahima Diallo de l'UFDG déclare pour sa part à IPS: "Nous travaillons à réaliser l'objectif des 30 pour cent de femmes à des postes de responsabilité d'abord au niveau du parti, mais également au niveau de la future administration si nous remportons cette élection". Ensuite, dit-il, "nous allons garantir leur épanouissement et assurer leur promotion... en les organisant, en leur permettant d'avoir accès au crédit par plusieurs voies". - IPS
 

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