Ernest Baï Koroma et Ellen Johnson Sirleaf à Conakry pour réitérer leur attente | Alog News | www.africalog.com
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Ernest Baï Koroma et Ellen Johnson Sirleaf à Conakry pour réitérer leur attente

Aug 18, 2010

Les présidents des deux pays voisins de la République de Guinée rattrapent le train en marche. Ils étaient en visite d’Etat le mardi, 17 août 2010 à Conakry. Les présidents Ellen Johnson Sirleaf du Libéria et Ernest Baï Koroma de la Sierra Leone sont arrivés dans des avions de commandement séparés avec un intervalle d’une dizaine de minutes entre les deux atterrissages. Ils seront accueillis au bas de l’échelle de coupée par le Général d’armée Sékouba Konaté, président intérimaire de la République de Guinée. Il avait à ses côtés le premier ministre-chef du gouvernement d’union nationale, Jean Marie Doré et le Gouverneur de la ville de Conakry, Mohamed Diop.

Ces deux Chefs d’Etat emboîtent ainsi le pas à leurs homologues du Mali, du Sénégal, du Burkina Faso et au Président de la Commission de l’Union africaine dans le cadre de leur appui au processus politique en cours en Guinée. La caractéristique de ces deux derniers visiteurs de marque est que leurs pays ont en partage avec la Guinée, l’Union du Fleuve Mano. Selon le communiqué de presse du bureau de presse de la présidence de la République ce double séjour « s'inscrit dans le cadre des concertations périodiques entre les chefs d’Etat de la Mano River Union.» La visite a été « également mise à profit pour aborder les questions relatives à la transition et la sécurisation des frontières pendant les périodes électorales.»

A leur descente d’avion, les hôtes guinéens ont précisé le but de leur visite :

- Ernest Baï Koroma de la Sierra-Leone: « Nous sommes-là, la présidente de la République du Libéria et moi-même, pour nous associer à nos frères autour de ce processus de démocratisation de la République de Guinée ; parce que nous nous considérons comme des frères ; et pour ne pas être en reste, il faut que nous soyons-là pour les encourager, pour leur assurer de notre soutien. Donc, il fallait que nous venions avant que le processus ne prenne fin. Nous savons que le Président de la Guinée a pris des engagements et le peuple de Guinée également a pris des engagements. Et nous sommes heureux que d’importantes étapes soient déjà franchies. Et nous sommes-là pour montrer notre solidarité et notre soutien au président de la République, au peuple de Guinée et au gouvernement de la Guinée. C’est la raison de notre visite et nous sommes très heureux que le processus se passe dans les conditions souhaitables.»

- Elle Johnson Sirleaf du Liberia: « Nous sommes venus ce matin avec le président de la Sierra-Leone pour montrer notre solidarité à notre frère, le président par intérim de la République de Guinée ; remercier le président de la transition et ses collègues pour la manière avec laquelle le processus se passe en Guinée. Je voudrais qu’il sache que le Liberia est un ami de la Guinée et que nous ne pouvons pas être en reste ; il faut que nous venions montrer notre solidarité avec lui »

Après une pause dans le pavillon d’honneur, les deux présidents seront conduits par leur hôte guinéen sur le chantier de reconstruction du Camp de la Camayenne – ex camp Boiro- en vue de leur permettre d’apprécier l'avancement des travaux dans la perspective programme global du casernement des forces armées guinéennes.

C’est au terme de cette visite que les présidents Libérien et Sierra-léonais seront conduits en la résidence officielle des hôtes de la République aux "Cases" de la belle-vue dans la commune de Dixinn.

Le tête-à-tête entre les trois hommes d’Etat sera suivi de la rencontre avec les différents acteurs impliqués par le processus électoral en cours. Au menu des discussions, la situation politique de la Guinée et la tenue du second tour de l’élection présidentielle.

C'est ainsi que les deux présidents, libérien et sierra-léonais, ont conféré avec la Commission Electorale Nationale Indépendante CENI), le Conseil National de la Transition (CNT), la représentation locale du Groupe de contact (GIC-G), les ambassadeurs de la CEDEAO et, comme il fallait s’y attendre, les deux candidats retenus pour le second tour de la présidentielle, Cellou Dalein Diallo de l’UFDG et Alpha Condé du RPG. Mais ce dernier étant absent du pays, y était représenté par Hadja Saran Daraba et Ibrahima Kassory Fofana. Deux candidats malheureux du premier tour, aujourd’hui dans la coalition des partis politiques qui soutiennent le candidat Alpha Condé.

Les deux hommes d’Etat ont écouté les explications de leurs interlocuteurs par rapport aux différentes positions. Positions qui semblaient se radicaliser par moments, quant à leur approche face à l'implication ou non du Ministère de l'administration du Territoire et des Affaires politiques (MATAP) dans la gestion du second tour de l’élection présidentielle, en collaboration avec la CENI :

- Cellou Dalein Diallo: « Nous avons informé les présidents des difficultés rencontrées et des solutions consensuelles qui ont été jusque-là trouvées. Et nous n’avons pas aussi manqué d’attirer leur attention sur les tentatives en cours notamment, l’idée de rendre le MATAP responsable de l’organisation de l’élection présidentielle. On a pensé que ce sont des risques qui pourraient affecter le déroulement normal de cette transition si ces tentatives de modifications (…) devaient intervenir. C’est une atteinte sérieuse au processus que de tenter de modifier les règles du jeu maintenant. C’est la constitution qui a confié l’organisation des élections à la CENI. Vouloir associer ou confier ce travail au MATAP revient à modifier la constitution, ce qui n’est pas possible maintenant (…), d’ailleurs le premier tour a été globalement apprécié. Il y avait plus de trois mille (3000) observateurs, il y a eu même les deux candidats qualifiés pour le deuxième tour ; nous avons tous dit que le scrutin a été acceptable. On ne change pas le trio arbitral en cours de match… »

- Saran Daraba (représentante d’Alpha Condé): « Nous avons remercié les deux présidents des deux pays voisins – le Libéria et le Sierra Leone – pour leur arrivée ici et pour leur intérêt pour ce qui se passe dans notre pays. Comme nous l’avons dit avec les autres présidents, nous sommes heureux qu’ils viennent chaque fois s’informer sur ce qui se passe dans le pays. Et nous avons dit que nous sommes heureux qu’ils viennent après que la période de tension soit passée. Parce que les deux présidents Wade et Compaoré sont venus quand la date du second tour n’était pas connue et il y avait beaucoup de controverse autour de cette date. Maintenant la date du second tour est connue.
Nous avons, au nom du Pr. Alpha Condé, remercié donc les deux présidents et nous leur avons dit que, conformément aux lettres que nous avons envoyées à la CENI, au gouvernement, au président de la transition, relatant les points sur lesquels nous pensons qu’il est indispensable qu’on travaille avant le second tour, que ces points-là soient vus et corrigés avant qu’on aille aux élections. On a encore le temps. Mais il est indispensable que la collaboration soit plus étroite entre la CENI et les représentants des deux candidats pour que les défaillances qui ont été constatées lors du premier tour soient corrigées, notamment l’association du MATAP à l’organisation du second tour mais également, un certain nombre de questions dont l’audit du système informatique de la CENI ainsi que l’association des représentants des deux candidats à toutes les commissions de travail de la CENI.»

- Hadja Mame Camara, Présidente par intérim de la CENI: « Sans interpellation, nous avons travaillé avec le MATAP et tous les partenaires impliqués dans le processus électoral. Nous avons fait venir deux représentants des partis politiques des candidats retenus pour le second tour. En fait, c’est l’assistance technique que le MATAP nous apporte. Et depuis le premier tour, nous avons travaillé ensemble, et c’est ce qui continue. Nous avons été installés par les partis politiques qui ont demandé l’indépendance totale de la CENI. Quand on parle d’assistance technique du MATAP, c’est pour corriger les erreurs. Vous savez que c’est la biométrie qui est en cours. Et nous en sommes à nos premiers pas. Nous avons organisé le premier tour en seulement cinq mois, et avec le MATAP. »

Il a été réitéré par les deux Chefs d’Etat à Cellou Dalein Diallo et à la représentante d’Alpha Condé ainsi qu'à l'ensemble des acteurs impliqués dans le processus, toute leur attente ainsi que celle de leurs populations respectives quant à l’issue du processus politique en cours en République de Guinée, issue qu’ils souhaitent heureuse. Mme Sirleaf et M. Koroma ont réaffirmé leur « attachement à la stabilité du pays » et leurs « ardents souhaits de voir les Guinéens sortis plus unis de ce processus électoral, afin que leurs gouvernements respectifs puissent engager rapidement des projets de coopération avec le nouvel élu. » Ils ont dit que « si la Guinée n’est pas en paix, la sous-région ne sera pas en paix. »
Autre sujets évoqués entre Sékouba Konaté et ses deux hôtes, la question de sécurité entre les trois pays. Le président de la transition a invité ses homologues « à redoubler de vigilance le long des frontières nationales respectives.»

C’est une conférence de presse qui a bouclé les activités des deux Chefs d’Etat. Dans le communiqué final lu par le ministre d’Etat aux Affaires étrangères, ils ont remercié leur hôte et homologue en charge de la conduite de la transition en Guinée « pour l'accueil et les efforts déployés dans l'amélioration des conditions de vie des soldats à travers la reconstruction des infrastructures militaires et paramilitaires dans le pays. » Les deux Chefs d’Etat se sont également « satisfaits des progrès réalisés durant cette période de transition caractérisée par un climat sociopolitique de quiétude. » - AfricaLog
 

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